C’est une journée bien particulière marquée par une émotion forte, comme celle vécue, à la fin de la semaine dernière, au niveau du Centre de prévention et de lutte contre la drogue de Bouchaoui, par les toxicomanes, leurs parents et même les responsables et encadreurs en place. Certains n’ont pas pu retenir leurs larmes …
Une conférence nationale placée sous le thème « Tous concernés dans la prévention et la lutte contre la drogue » ainsi qu’une cérémonie au profit de 100 jeunes filles et garçons, qui ont réussi à sortir de l’enfer de la drogue grâce au travail de prise en charge remarquable du Centre de prévention et de lutte contre la drogue de Bouchaoui, à l’ouest d’Alger, ont été organisées. Cette rencontre est intervenue dans le contexte de la Journée internationale de la lutte contre l’abus et le trafic de drogues qui coïncide avec le 26 juin de chaque année. Etaient présents à cet événement, outre les responsables en encadreurs du centre, les représentants d’institutions civiles et sécuritaires, des professeurs et des acteurs impliqués dans la lutte contre la drogue, des parents de toxicomanes ainsi que des membres de la presse nationale. Intervenant à l’ouverture de cette journée, le président de l’Organisation nationale pour la sauvegarde de la jeunesse (ONSJ), Abdelkrim Abidat, a appelé tout le monde à contribuer à la lutte contre la drogue. « Nous ne sommes pas ici pour fêter la Journée internationale de lutte contre la drogue, mais pour évaluer le travail que nous avons accompli au niveau du Centre de Bouchaoui », a-t-il indiqué, plaidant pour la généralisation de l’expérience réussie de Bouchaoui à d’autres régions pour permettre de « sauver » le maximum de jeunes en proie aux drogues et aux psychotropes. Car, a-t-on appris sur place, hormis un service spécialisé au CHU de Tizi Ouzou et le Centre de désintoxication de Blida, le Centre de Bouchaoui est unique à l’échelle nationale. « Responsables et journalistes, ne nous laissez pas seuls, aidez-nous à sauver notre jeunesse » ! Tel est un cri du cœur lancé par celui qui a consacré un pan entier de sa vie à servir la jeunesse. De fil en aiguille, Abidat a expliqué à l’assistance le processus de prise en charge au niveau de cette structure au sein de laquelle près d’un millier de jeunes filles et garçons étaient pris en charge depuis 2019. Autres statistiques qui plaident pour la notoriété de ce centre, le nombre des consultations effectuées en 2023 /2024 qui s’élèvent à 5158 personnes issues de 38 wilayas. Ces consultations concernent 1998 cas psychotropes, 1445 cannabis, 844 héroïne, 745 cocaïne et 126 subutex-injection. Lui emboitant le pas, l’ancien ministre Bachir Messaitfa, président de la société algérienne « Sinaat el Ghad » a, lui, parlé de l’évolution du fléau de la drogue dans le pays. Selon lui, le nombre de consommateurs s’élève à 3,6 millions alors que 6 tonnes de drogues étaient saisies dans le pays en 2024. Le conférencier plaide surtout pour la veille contre la drogue.
100 jeunes sortis de l’enfer
Pour sa part, le professeur Abbes Ziri, chef de service psychiatrie – addictologie du CHU Neddir Mohamed de Tizi Ouzou, a appelé les organes de l’Etat à axer le travail de la lutte sur l’aspect préventif. Comme, par exemple, couper le lien entre le vendeur de la drogue et le consommateur. Pour sa part, le PDG d’Alliance assurance, Hassen Khelifati, a assuré que son organisation reste « fidèle à ses engagements sociaux » envers la protection de la jeunesse algérienne. Cet acteur des assurances impliqué dans l’accompagnement du Centre de Bouchaoui, s’est dit œuvrer, dans ce sens, selon les orientations du président de la République. De son côté, le vice-président de l’ONSJ, l’ancien parlementaire, Dr Moussa Boudhane, a dénoncé fermement la politique belliqueuse du Makhzen à l’égard de l’Algérie. Comme il a évoqué le cadre de la loi tel qu’il a été adopté récemment et lequel durcit les peines contre les trafiquants de la drogue. Réagissant lors de débats, l’expert international et économiste, Mbarek Malek Serrai a expliqué que l’Etat a un rôle administratif à jouer, mais que la lutte, qui doit être axée sur la prévention, est une question de culture et de conscience.
Il convient de souligner que cette rencontre a été couronnée par une cérémonie au profit de 100 jeunes toxicomanes « sauvés » de l’enfer de la drogue. Des médailles leur ont été décernées par leurs propres parents dans une ambiance pleine d’émotions. Beaucoup parmi l’assistance, entre parents, enfants et mêmes les encadreurs du Centre, n’ont pas pu retenir leurs larmes. En signe de gratitude, l’ensemble les parents des victimes de la drogue ont remis une plaque où ils ont exprimé leurs vifs remerciements aux responsables et encadreurs du Centre de Bouchaoui pour les efforts déployés dans la prise en charge de leurs enfants.
Farid Guellil
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