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Les propos « creux » de Macron

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La grave crise entre l’Algérie et la France exige de nous d’avoir un sens aigu de l’observation pour comprendre les déclarations des uns et des autres acteurs qui animent l’actualité brûlante entre les deux pays. De surcroît, lorsque le propos émane du coupable en chef d’un climat déletère qui prévaut depuis plusieurs mois. On ne peut pas, en effet, tout prendre pour argent comptant. Tout mot prononcé est à saisir, à prendre avec des pincettes et à traduire en clair. Dans cet esprit, la récente sortie du président français, Emmanuel Macron, sur l’Algérie, nous parait essentielle. Premièrement, parce qu’il est le premier décideur de la politique étrangère française. C’est-à-dire, le premier responsable français à l’origine de la dégradation des relations entre les deux pays. Et lorsqu’on parle de la source du mal, rappelons-nous bien qu’elle réside dans la reconnaissance, par Macron, de la prétendue marocanité du Sahara occidental. Mais pas que ! Deuxième chose dans la déclaration faite vendredi dernier à partir du Portugal où il était en visite, le langage n’était ni mieux, ni pire que celui tenu l’avant-veille par son Premier ministre, François Bayrou. Autrement dit, Macron n’est pas sorti des sentiers battus. En revanche, on a senti une baisse de ton dans le propos du président français. Pour le changement de ton on le sait, c’est une question de timing. Bayrou a fait appel à l’Algérie pour le réexamen de l’accord sur l’immigration de 1968 mercredi dernier. Pour ce faire, il a usé du chantage en proférant des menaces et en fixant des ultimatums. Le lendemain, le ministère algérien des Affaires étrangères a rejeté de fond en comble les provocations du Locataire de Matignon. Donc, si Macron sort du bois deux jours après, c’est qu’il a réagi en conséquence à la position algérienne. Macron n’a pas, contrairement à ce qui a été compris et dit par-ci, par-là, désapprouvé Bayrou. Bien au contraire, il a confirmé la demande française de « réengager un travail de fond ». Sur quoi ? Sur « l’immigration » comme dossier dans lequel la partie française cherche à noyer le problème. Or, le problème avec l’Algérie est bien plus grave que ce que Macron fait mine d’ignorer. Pour revenir à son propos, hormis une sorte de recadrage de son Premier ministre dont il a lissé le propos sur une possible « dénonciation de l’accord de 1968 », Macron n’a rien dit de si particulier. Pour le reste, il a rebondi sur l’affaire de l’écrivain algérien naturalisé français, Boualem Sansal. Soit, le même narratif qui a cours depuis novembre dernier et dont a usé et abusé la nébuleuse de l’extrême droite et des racistes anti-algériens pour déstabiliser l’Algérie. On a l’impression que « nous sommes toujours en train de perdre du temps avec Macron ! »
Farid Guellil

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