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Au crépuscule de l’informel

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Dimanche dernier, au Conseil des ministres, le président de la République « a ordonné l’envoi immédiat d’une commission d’enquête auprès de l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE) ». Pourquoi ? Pour « suivre l’affaire concernant l’entrave à la délivrance des autorisations d’exploitation des équipements de numérisation au profit du Haut-commissariat à la numérisation ». Sans préjuger sur les raisons de cette « entrave », toute perturbation dans le processus de numérisation en cours dans le pays est inacceptable. Il s’agit d’un outil indispensable pour conduire « des réformes profondes qui requièrent des statistiques précises et actualisées, pour prendre la bonne décision, transparente et appropriée ». Prenons l’exemple du recouvrement fiscal qui est dans un état de « décomposition avancée ». La cause ? L’économie informelle qui use naturellement de la fraude fiscale et au pire de l’évasion fiscale. Toutes les tentatives d’éradiquer ce phénomène ont buté sur l’absence d’informations précises. Ce qui va de soi puisque l’informel, par définition agit dans la clandestinité la plus totale. Dès lors, le moyen qui reste est de l’obliger à sortir de l’anonymat. Ce moyen n’est autre que la numérisation. La loi de finances 2025, dans son article 207 stipule que « doivent être effectuées, par des moyens autres que l’espèce, à travers les circuits bancaires et financiers : les transactions immobilières des immeubles bâtis et non-bâtis ; les opérations de vente réalisées par les concessionnaires et distributeurs de véhicules et engins et équipements industriels ; les achats de yachts et de bateaux de plaisance ; les polices d’assurance obligatoires». Des transactions qui nécessitent de grands mouvements de capitaux et que la numérisation rend traçables tout en obligeant l’informel de bancariser la masse d’argent qu’il détient. C’est là que se situe le nœud gordien et la plus grande résistance à l’opération de numérisation. Tous les moyens sont bons. Jusqu’au plus petit détail. Nous avons constaté que la fonction de certains terminaux de paiement électronique était perturbée par l’inadaptation des rouleaux de papiers qui leur sont pourtant dédiés. Ce n’est qu’un exemple, sournois il est vrai, parmi d’autres. Comme la vieille rengaine de « pas de connexion » qui est passée des retraits aux paiements. S’agissant des transactions de véhicules, seuls les concessionnaires et distributeurs sont astreints au paiement « par des moyens autres que l’espèce ». Les achats et ventes des véhicules d’occasion de particulier à particulier manquent dans ce dispositif. Pourtant cette forme de transactions utilise une masse importante d’argent. Peut-être est-elle prévue dans une prochaine étape ? Il est clair que la réaction des barons de l’informel était prévisible. Surtout que la bureaucratie est son allié objectif. Les commerçants honnêtes et tous les patriotes du pays doivent s’unir pour barrer la route aux prédateurs économiques !
Zouhir Mebarki

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