Le président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé que l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne serait révisé à partir de 2025.
C’était début octobre 2024, lors de son entrevue périodique avec des représentants des médias. Ce mardi, le président Tebboune a présidé une réunion consacrée au suivi de l’état d’avancement des préparatifs en prévision de la révision de l’accord d’association avec l’UE. Le président Tebboune avait expliqué, en octobre dernier, que « l’accord avec l’Union européenne a été conclu à une époque où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui ». « À l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter. En d’autres termes, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation », avait-il précisé, soulignant que « la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres ». « Aujourd’hui, nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit », avait souligné le président Tebboune.
Pour rappel, l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE avait été signé en 2002 pour entrer en application en 2005. Il s’agissait alors de faciliter les échanges commerciaux et d’amener des investissements européens en Algérie. L’Algérie était censée être favorisée dans l’accès au marché européen. Le « gagnant-gagnant », trompeur mais que certains répètent encore aujourd’hui, comme si l’expérience ne leur avait rien enseigné. Car cette formule s’est avérée fausse dès que les responsables algériens ont soumis l’accord à un examen sérieux à la lumière des intérêts de leur pays et de leur peuple.
À la fin de l’année écoulée, en présentant, en conférence de presse, le bilan de l’activité diplomatique de l’Algérie, le ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a brillamment, et succinctement, démontré que l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE, était aux antipodes du « gagnant-gagnant » ou de la « prospérité partagée », autre formule destinée aux naïfs. Ahmed Attaf a qualifié l’accord de « boulet au pied de l’économie algérienne ». Il l’a dit aux Européens. Pourquoi ? Il donne les chiffres qui accablent : « cet accord a été signé en 2005, jusqu’en 2023, nous avons réalisé près de 1000 milliards de dollars de commerce, mais l’investissement n’a atteint que 13 milliards au cours de cette période. Parmi ces 13 milliards, 12 milliards ont été transférés sous forme de bénéfices, rapatriement des dividendes, laissant à l’Algérie seulement 1 milliard entre 2005 et 2023 ». Il cite également l’exemple des exportations d’acier : « l’Algérie est devenue un des principaux exportateurs d’acier. Ils (les Européens) nous avaient attribué un quota.
À cette époque, nous (l’Algérie) n’avions pas de quoi exporter en acier. Nous avons commencé à nous renforcer après 2016 jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes devenus un des principaux exportateurs d’acier, ils nous ont arrêtés. Cela signifie que le développement industriel de l’Algérie est désormais perçu comme une violation de l’accord. Ils nous ont dit que notre quota était fixé et tout ce qui venait après était quelque chose de nouveau. Actuellement, nous avons des quotas jusqu’en 2026, et nous sommes prêts à les exporter vers l’Europe, mais ils les refusent ». Ahmed Attaf a parlé d’autres matières, en particulier « du fait qu’ils ont introduit la taxe carbone. Le résultat sera que beaucoup, voire énormément des exportations vers l’Europe seront empêchées sur le marché européen pour cette raison climatique ». En résumé : « le principal problème reste que cet accord n’est pas favorable à l’Algérie ». « Il n’est ni dans l’intérêt de l’Algérie ni dans celui de son économie », insiste-t-il. C’est pourquoi, le président Tebboune a ordonné « une révision détaillée de cet accord, article par article», a conclu Ahmed Attaf. Ce sera fait en 2025.
M’hamed Rebah