Les autorités de la Guinée ont décrété, hier, trois jours de deuil, après une bousculade meurtrière survenue dimanche lors de la finale du trophée « Général Mamadi Doumbouya » à Nzérékoré. Au moins 56 personnes ont perdu la vie, et plusieurs autres blessées dans cet incident tragique, qui a mis en lumière les lacunes en matière de sécurité dans les infrastructures sportives du pays.
Tout a commencé par une décision controversée de l’arbitre : un penalty sifflé en faveur de l’équipe locale de Nzérékoré dans les dernières minutes du match contre Labé.
Cette décision a déclenché une vive contestation de la part des joueurs de Labé et une escalade de violence entre les supporters des deux camps. Des jets de pierres ont suivi, poussant les forces de l’ordre à intervenir avec des gaz lacrymogènes. Ce déploiement a amplifié la panique, provoquant une ruée désespérée vers la seule sortie du stade. Dans le chaos, des spectateurs ont été piétinés, asphyxiés ou ont chuté en tentant d’escalader les murs.
Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, s’est rendu sur place dès le lendemain pour exprimer ses condoléances et annoncer trois jours de deuil national. « Le drapeau national sera en berne pour marquer la solidarité de la nation avec les familles endeuillées », a-t-il déclaré. Selon les autorités locales, le bilan provisoire s’élève à 56 morts, dont plusieurs enfants, et à des dizaines de blessés, certains dans un état critique. Les hôpitaux de Nzérékoré, déjà sous-équipés, peinent à gérer cet afflux.
Une organisation sportive mise en cause
Cet événement tragique soulève de nombreuses interrogations sur les conditions d’organisation des événements sportifs en Guinée. Les infrastructures vétustes et le manque de protocoles de sécurité adéquats ont été pointés du doigt. La Fédération guinéenne de football (Feguifoot) est déjà sous pression après plusieurs incidents liés à l’organisation des matchs. Le tournoi, organisé en l’honneur du président Mamadi Doumbouya, avait pour objectif de promouvoir l’unité nationale. Cependant, pour les opposants politiques, cet événement n’était qu’une opération de communication. L’Alliance nationale pour le changement et la démocratie a dénoncé une « négligence coupable » des autorités.
Réactions nationales et internationales
La Confédération africaine de football (CAF) a exprimé sa profonde tristesse à travers un message de son président Patrice Motsepe. « Le football devrait être une célébration de la vie, pas une cause de tragédie », a-t-il déclaré. À l’international, des messages de soutien ont afflué, tandis que les réseaux sociaux guinéens se sont enflammés, réclamant des mesures drastiques pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.
le président Doumbouya a promis une enquête exhaustive pour situer les responsabilités et éviter que cette tragédie ne soit éclipsée par l’actualité. « Les coupables seront traduits en justice, qu’ils soient issus des supporters ou des organisateurs », a assuré le chef de l’État.
Mais ces promesses suffiront-elles ? Les critiques envers le gouvernement s’intensifient, notamment sur la gestion des infrastructures sportives et sur la formation des forces de sécurité dans des contextes de foule.
La nation pleure ses morts d’un drame survenu dans un stade, alors que le sport considéré, roi en Guinée, semble être une source de douleur après avoir été longtemps de joie ?
M. A. T.