Alors qu’Haïti est confronté à une escalade de la violence et un effondrement systémique, ses enfants subissent de plein fouet une crise à multiples facettes qui menace leur vie, leur sécurité et leur avenir, a alerté lundi, l’ONU.
Lors d’une session spéciale organisée par le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), des Ambassadeurs, des fonctionnaires de l’ONU, des responsables humanitaires et des Haïtiens, ont souligné les conditions désastreuses qui règnent en Haïti, appelant à une action immédiate pour soutenir les plus jeunes de ses citoyens. Avec 5,4 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, la moitié de la population, dont la moitié sont des enfants, et 700.000 personnes déplacées, une intervention internationale urgente est nécessaire pour faire face à une crise aggravée par la violence des groupes armés, l’instabilité économique et l’insuffisance des fonds humanitaires. En donnant le coup d’envoi de la réunion, l’Ambassadeur canadien et actuel Président de l’ECOSOC, Bob Rae, s’est interrogé entre autres, sur la manière de donner la priorité aux besoins des enfants, à ceux des jeunes, et « sur quoi devant nous travailler à moyen et à long terme pour nous attaquer aux causes profondes de la crise haïtienne ». La Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Maria Isabel Salvador, qui dirige également le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de la crise. Pour sa part, le Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, qui a pris ses fonctions il y a deux semaines, a également déploré l’impact dévastateur de la crise sur les enfants d’Haïti qui sont déplacés, souffrent de malnutrition, et vivent dans la peur, leurs quartiers étant contrôlés par des groupes armés. La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Catherine Russell, a révélé que les enfants représentaient 30 à 54 % des effectifs des gangs, alors que le nombre total d’enfants recrutés par ces groupes armés a augmenté de 70%, outre l’effondrement des services essentiels, avec 1,5 million de jeunes qui n’ont plus accès à l’éducation et des établissements de santé qui ont fermé en raison de la violence et de l’insécurité. A cet égard, l’UNICEF et d’autres responsables humanitaires ont demandé à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS), soutenue par le Conseil de sécurité des Nations Unies, et aux autorités haïtiennes de donner la priorité à la protection des enfants pendant les opérations, en assurant une réintégration en toute sécurité des enfants recrutés par les groupes armés.
R. I.