Les travaux de la 11e session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, se sont ouverts hier à Oran sous la présidence du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines et avec la participation des membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), des membres africains siégeant, des membres entrants et sortants au Conseil de sécurité, en sus de la République coopérative du Guyana, représentant l’Amérique latine et les Caraïbes au Conseil de sécurité au sein du mécanisme A3+1.
Cette rencontre intervient alors que le monde connait de profondes mutations et des menaces sur la paix et la sécurité. L’ordre du jour de cette 11 ème session porte sur plusieurs thèmes stratégiques d’une grande importance, notamment le renforcement de la coordination entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et les trois membres africains du conseil de sécurité (A3), afin de faire entendre la voix de l’Afrique au sein de cette instance et de défendre efficacement les positions communes du continent sur les questions liées à la paix et à la sécurité. Parmi les sujets qui seront abordés figurent également la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, par le renforcement des capacités intégrées des États africains pour relever ces défis, avec un accent particulier sur le rôle du Centre africain de lutte contre le terrorisme (AUCTC) à l’occasion de son 20ème anniversaire. Les participants examineront également les modalités de mise en œuvre du « Pacte pour l’avenir », adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre dernier, en particulier concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et l’application de la résolution 2719 sur le financement des opérations de soutien à la paix menées sous la direction de l’Union africaine.
Dans un message lu en son nom par Ahmed Attaf lors de la cérémonie d’ouverture de cet événement, le président de la République Abdelmadjid Tebboune, a indiqué que le monde traverse de profondes transformations et des tensions croissantes qui poussent le système international vers un carrefour décisif. Il a souligné dans son message que « les conséquences désastreuses de la politique de polarisation entre les grandes puissances constituent désormais une menace pour la stabilité et la paix dans le monde » , ajoutant que cette politique a dépassé la légitimité internationale et les valeurs sur lesquelles elle a été construite dans le système international. M. Tebboune a ajouté que la sélectivité dans la détermination des priorités internationales et la falsification des principes censés unir l’humanité renforcent la marginalisation du Continent africain, soulignant que la Palestine blessée représente le meilleur exemple de la marginalisation de la légitimité internationale et de l’approfondissement du fossé entre les principes et leur mise en œuvre effective. Le Président de la République a souligné que cette réalité menace non seulement le sort d’un pays particulier, mais a également des répercussions sur l’avenir du système international dans son ensemble.
Dans ce contexte, il a expliqué que l’Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a consacré la première année de son mandat en coordination avec ses frères le Mozambique et la Sierra Leone à représenter le Continent au sein de l’instance des Nations unies, affirmant dans ce contexte qu’elle n’a ménagé aucun effort pour renforcer l’influence du Continent africain sur le processus de prise de décision et qu’elle poursuivra ses efforts au cours de la deuxième année de son mandat, en coordination avec ses frères de Sierra Leone et de Somalie pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée comme priorités pour son mandat. Le président de la République a indiqué qu’il a grandement apprécié la sélection des sujets qui forment l’ordre du jour de cette 11eme session, soulignant qu’ils reflètent la profonde conscience de l’Organisation africaine de l’ampleur des défis actuels, notamment la menace terroriste et la question du financement des opérations de soutien à la paix, ainsi que les perspectives de la future Charte des Nations unies, qui ouvre des opportunités à l’Afrique pour parvenir à une représentation équitable au Conseil de sécurité. Il a ajouté dans ce contexte que l’Algérie, en abritant cette réunion, renouvelle son ferme engagement à soutenir tout effort qui exprime les intérêts unifiés de l’Afrique, soulignant « qu’elle sera un pont qui unit et ne divise pas, et une voix qui élève les enjeux du Continent et réalise ses ambitions sous la coupole de l’organisation continentale ». M. Tebboune a également souligné que la réunion porte la symbolique de l’engagement et de l’unité, et un message au monde entier : « L’Afrique est déterminée, l’Afrique est unie, l’Afrique est capable de faire entendre une voix forte, retentissante et influente au niveau des plus hautes instances dans le système international. « Aujourd’hui, cette organisation a cruellement besoin d’une voix de sagesse, de justice et d’engagement, car elle souffre d’une paralysie presque complète, qui reflète la réalité de la crise des relations internationales », a-t-il indiqué.
Intense activité diplomatique d’Ahmed Attaf
Il y a lieu de noter qu’à la veille de l’ouverture de cette réunion, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a reçu, à Oran, le Secrétaire général-adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de paix, Jean-Pierre Lacroix. Cette rencontre a permis d’aborder les axes de coopération entre l’Algérie et les Nations unies dans les domaines liés au maintien de la paix et de la sécurité. À cette occasion, Jean-Pierre Lacroix a salué le rôle constructif de l’Algérie au Conseil de sécurité, depuis le début de son mandat en tant que membre non permanent, ainsi que son soutien précieux aux diverses initiatives du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, notamment celles concernant le développement de la situation au Moyen Orient. Dans une déclaration à la presse à l’issue de la rencontre, il a souligné que « cette conférence est extrêmement importante », ajoutant que les Nations unies ont, plus que jamais, besoin de collaborer avec les membres africains du Conseil de sécurité et ceux du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Il a également indiqué dans ce cadre que « de nombreux dossiers essentiels nécessitent une coopération accrue, notamment la mise en œuvre des résolutions soutenant les opérations de paix africaines et les situations où les Nations unies collaborent avec l’Union africaine, que ce soit au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo ou ailleurs » Concernant les questions du Moyen-Orient, M. Lacroix a exprimé sa gratitude envers l’Algérie pour son soutien aux Nations unies, affirmant que « l’appui constant exprimé à plusieurs reprises par l’Algérie a été grandement apprécié », a-t-il rappelé. En marge des travaux de cette rencontre qui sera clôturée aujourd’hui à Oran, M. Ahmed Attaf, a eu des discussions bilatérales avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République de Djibouti, M. Mahmoud Ali Youssouf. Lors de cette rencontre, M. Ahmed Attaf et son homologue djiboutien, qui préside cette année les travaux du Processus d’Oran, en raison de la présidence tournante de Djibouti au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ont discuté des sujets inscrits à l’ordre du jour du Séminaire. Les deux parties ont également salué l’importance du Processus d’Oran, qui a permis de renforcer la coordination bilatérale face aux défis croissants auxquels sont confrontés les pays africains, et ont exploré les moyens de valoriser les acquis récents du Continent africain, tels que l’adhésion au G20 et la dynamique positive concernant les revendications africaines pour la réforme du Conseil de sécurité. Dans une déclaration à la presse, M. Mahmoud Ali Youssouf a souligné que l’Union africaine (UA) fait face à de nombreux défis liés à la paix et à la sécurité, ainsi qu’à la coordination entre les membres africains du Conseil de sécurité des Nations unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Il a ajouté que cette coordination est d’une importance capitale, car elle donne un élan fort pour parvenir à un consensus sur les positions africaines afin de défendre efficacement les causes du continent. À noter que cette session se tient en présence de Mme Selma Bakhta Mansouri, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, des membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi que les membres africains actuels, entrants et sortants du Conseil de sécurité des Nations unies, en plus de la République coopérative du Guyana en tant que représentante de l’Amérique latine et des Caraïbes au sein du mécanisme A3+1. La Commission de l’Union africaine, l’Organisation des Nations unies, ainsi que les amis et partenaires de la conférence y sont également représentés.
Slimane B.