Le 406e jour du siège israélien sur Ghaza est marqué par des violences incessantes.
En dépit des efforts humanitaires de l’UNRWA (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), la situation continue de se détériorer dans l’enclave palestinienne. Louise Woutredge, responsable des urgences de l’UNRWA à Ghaza, a déclaré que les hôpitaux dans les zones assiégées de la région ont été complètement détruits. Il ne reste qu’un seul chirurgien fonctionnel dans le nord de Ghaza, selon ses propos rapportés par le magazine New Yorker. La responsable a souligné que l’occupation israélienne a rejeté toutes les demandes de l’UNRWA pour l’introduction de l’aide humanitaire à Ghaza. Notamment, aucune aide alimentaire n’a été autorisée à pénétrer dans le nord de Ghaza pendant un mois entier, exacerbant ainsi la crise humanitaire. Woutredge a ajouté que même si l’acheminement de l’aide était autorisé à un moment donné, cela serait « trop tard », en soulignant que des milliers de personnes sont mortes, non seulement à cause des frappes aériennes, mais aussi du manque d’assistance et de l’impossibilité d’atteindre les blessés sous les décombres. Le bombardement israélien continue de semer la destruction à Ghaza. Ce vendredi, cinq citoyens ont été tués dans les villes de Ghaza et de Beit Lahiya, au nord du territoire, dans un nouvel assaut israélien. Un nombre indéterminé de morts et de blessés a également été rapporté à la suite de frappes israéliennes sur des zones résidentielles dans le centre et le sud de Ghaza, notamment à Deir el-Balah et à la localité de Al-Nassr. Les équipes de secours ont extrait des corps et des blessés sous les décombres, tandis que des dizaines de personnes continuent de souffrir dans des conditions précaires. Le bilan humain de l’offensive israélienne, qui a débuté le 7 octobre 2023, continue de monter de manière vertigineuse. Selon des organisations humanitaires, plus de 43 000 personnes ont perdu la vie à Ghaza, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Le nombre de blessés avoisine les 103 000. Ces chiffres sont susceptibles d’augmenter au fur et à mesure que la violence persiste. Dans un contexte où les infrastructures civiles, y compris les hôpitaux, sont systématiquement détruites, la situation à Ghaza devient de plus en plus intenable. L’ONU et plusieurs organisations humanitaires expriment leur inquiétude face à la lenteur de l’intervention internationale et à l’absence d’une pression significative sur Israël pour mettre fin aux attaques et permettre l’accès humanitaire à la population civile assiégée. La communauté internationale continue de débattre de l’éventuelle application de sanctions contre Israël et de la reconnaissance des actes commis en tant que crimes de guerre. Mais en attendant, les souffrances des civils de Ghaza, déjà subissant les horreurs du conflit, ne cessent d’empirer.
Deux prisonniers succombent à leurs blessures
La Commission des affaires des prisonniers et l’Association des prisonniers palestiniens ont annoncé, vendredi, le décès de deux prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes : Samih Suleiman Mohamed Aliwi (61 ans), originaire de Naplouse, et Anwar Shaâban Mohamed Aslim (44 ans) de Ghaza. Selon un communiqué commun des deux institutions, le prisonnier Aliwi est décédé le 6 novembre 2024, six jours après avoir été transféré de la clinique de la prison de Ramla à l’hôpital Asaf Harofe. Avant son transfert à Ramla, il était détenu à la prison de Negev. Malgré son décès, l’administration pénitentiaire israélienne n’a pas communiqué officiellement sur sa mort, bien qu’elle en ait l’obligation légale. Quant au prisonnier Aslim, il est décédé le 14 novembre 2024, lors de son transfert de la prison de Negev à l’hôpital Soroka, après une détérioration soudaine de son état de santé. Le communiqué précise que le prisonnier Aliwi était détenu administrativement depuis le 21 octobre 2023. Lors d’une visite de son avocat, en août 2024, Aliwi avait évoqué des problèmes de santé préexistants, notamment une tumeur bénigne dans les intestins qu’il avait subie plusieurs années avant son arrestation. Avant son incarcération, il avait subi plusieurs interventions chirurgicales et devait subir une nouvelle opération en décembre 2023, mais celle-ci a été empêchée par son arrestation. Cela a aggravé son état de santé. Il a rapporté à son avocat qu’il avait été victime de mauvais traitements, notamment pendant ses transferts, et qu’il avait perdu plus de 40 kg. De plus, il n’a reçu aucun traitement médical depuis son arrestation. Le prisonnier Anwar Aslim, originaire de Ghaza, avait été arrêté le 8 décembre 2023. Selon sa famille, il ne présentait aucun problème de santé avant son arrestation. Les deux prisonniers, Aliwi et Aslim, sont décrits comme ayant été victimes d’une politique israélienne systématique de « meurtre à petit feu » et de négligence médicale délibérée dans les prisons israéliennes, une pratique qui a causé la mort de nombreux prisonniers au fil des décennies. Le communiqué de la Commission des affaires des prisonniers et de l’Association des prisonniers a également rappelé que, avec ces deux nouveaux martyrs, le nombre total de prisonniers palestiniens morts en détention depuis 1967 atteint désormais 280. Depuis le 7 octobre 2023, date du début de l’escalade actuelle, ce nombre a augmenté de manière significative, atteignant 43 prisonniers décédés en raison des conditions de détention et du manque de soins médicaux. Les deux organisations ont vivement condamné la politique de détention israélienne, et ont demandé à la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette « meurtre lent » des prisonniers palestiniens. Elles ont exhorté les institutions juridiques internationales à assumer leur responsabilité face aux « crimes de guerre » et à la « politique d’extermination » pratiquée par Israël contre les prisonniers palestiniens. Les autorités israéliennes sont entièrement responsables de la mort de ces deux prisonniers, ont souligné les institutions, appelant à une pression internationale plus forte pour mettre fin à la politique de détention arbitraire et de négligence médicale systématique à l’égard des prisonniers palestiniens.
HRW : L’armée israélienne a forcé près de 1,9 million de Ghazaouis à fuir leurs maisons
Human Rights Watch a confirmé que l’armée israélienne a contraint environ 1,9 million de civils dans la bande de Ghaza à quitter leurs maisons à plusieurs reprises et dans des délais rapprochés, augmentant ainsi la pression sur la population déjà frappée par des mois de bombardements incessants et des déplacements forcés. Dans le même temps, l’armée israélienne a reconnu, ce jeudi, la mort d’un officier et la blessure grave d’un autre membre de la brigade Golani lors des combats qui se déroulent au sud du Liban. Ces pertes s’ajoutent à celles de cinq soldats et d’un commandant de section de la même brigade, tués lors d’une attaque le jour précédent. Les médias israéliens ont également rapporté que l’armée semble dissimuler des informations sur le nombre réel de soldats tués dans ces affrontements. La chaîne « 12 » israélienne a révélé, en se basant sur des enquêtes préliminaires, qu’une unité de la brigade Golani, la « 51 », a pénétré dans un bâtiment au sud du Liban dans le cadre d’une opération menée par la 36e division. Un guet-apens a été tendu à cette unité par des combattants, depuis un tunnel souterrain, et les combats qui ont suivi ont fait six morts et un blessé parmi les soldats israéliens. Le lendemain, dans une nouvelle escarmouche, un autre officier israélien a trouvé la mort, et un autre membre de la brigade a été grièvement blessé. Ces pertes sont qualifiées de « plus graves depuis la création du régiment en 1948 » par le colonel à la retraite Yoali Or, anciennement vice-commandant de la brigade Golani et actuellement président de son association. Or a souligné que la moitié des victimes étaient des officiers, avec 22 commandants et 37 sous-officiers et sergents, ce qui dénote l’importance stratégique des pertes pour l’armée israélienne. L’état des forces israéliennes en opération dans la bande de Ghaza et au Liban est désormais préoccupant. Le régiment Golani, qui a mené les incursions successives dans ces deux zones, souffre de pertes sévères. L’ampleur de ces pertes et la réduction de ses effectifs sont vues comme un indicateur de l’épuisement des capacités opérationnelles de cette unité, très impliquée dans les combats contre les résistances palestiniennes et libanaises. Les médias israéliens ont même suggéré que le « coût » de cette opération militaire, tant humain que matériel, pourrait être bien plus élevé qu’annoncé, menaçant de continuer à peser lourdement sur les capacités de l’armée israélienne. L’escalade des pertes militaires israéliennes intervient dans un contexte de tensions croissantes au Liban et dans la bande de Ghaza, où l’armée israélienne poursuit ses offensives contre les résistances palestinienne et libanaise. Ces pertes humaines soulignent la difficulté croissante d’une guerre qui semble s’intensifier sans issue visible.
Prévisions économiques d’Israël : une année 2024 difficile selon Standard & Poor’s
Un récent rapport de l’agence de notation mondiale Standard & Poor’s a révélé des prévisions économiques inquiétantes pour Israël, avec une croissance prévue de seulement 0% pour l’année 2024, ce qui signifie un recul du PIB par habitant. L’agence estime que l’économie israélienne ne commencera à se redresser qu’en 2025, avec une croissance modeste de 2,2%. Toutefois, cette reprise pourrait être retardée jusqu’en 2026 en raison de la poursuite des conflits militaires, notamment la guerre contre Ghaza et le Liban. En octobre, Standard & Poor’s avait déjà abaissé la note de crédit d’Israël en raison de perspectives négatives. Ce déclin économique serait accompagné d’un déficit budgétaire de 9% du PIB à la fin de l’année 2024, avec des prévisions indiquant que ce déficit restera élevé à 5-6% du PIB jusqu’en 2027. De plus, la dette publique devrait atteindre 70% du PIB d’ici 2027, soit une augmentation de 12 points de pourcentage par rapport à 2023. Les prévisions de Standard & Poor’s sont bien plus pessimistes que celles du ministère des Finances israélien, qui reposent sur des méthodes de calcul différentes. L’agence de notation a averti qu’un nouvel abaissement de la note pourrait être envisagé dans les 24 prochains mois si la guerre continue d’affecter de manière plus importante que prévu la croissance économique et la situation financière d’Israël. En dépit de cette situation, Standard & Poor’s prévoit que le solde du compte courant sera en excédent moyen de 3,3% du PIB entre 2024 et 2027, bien que les tensions économiques restent lourdes. Le mois dernier, l’agence avait également souligné l’augmentation des risques sécuritaires, notamment avec l’escalade militaire au sud du Liban, en plus des préoccupations humanitaires croissantes à Ghaza. Cette situation a exacerbée les tensions internes, notamment entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et ses alliés, dont Washington et Londres, en raison de l’impact humanitaire des conflits. En somme, les perspectives économiques d’Israël en 2024 sont marquées par une incertitude croissante et des risques sécuritaires élevés, qui risquent d’affecter durablement sa stabilité économique.
M. Seghilani