Accueil À LA UNE LUTTE POUR LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE : Football, cet autre terrain de résistance

LUTTE POUR LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE : Football, cet autre terrain de résistance

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Pendant la guerre de libération nationale, le football a joué un rôle crucial comme vecteur de la résistance, transformant les stades en lieux de contestation face à l’oppression coloniale française. Ce sport est aussi utilisé pour sensibiliser le monde à la cause algérienne et révéler l’identité nationale du peuple algérien face à la colonisation française de peuplement. Dès le début de la guerre de libération nationale, le Front de libération nationale a compris que le football pouvait être un des outils pour mobiliser les Algériens et éveiller les consciences. Les clubs de football, tels que le Mouloudia Club d’Alger, ont joué un rôle crucial en tant que tribunes d’expression pour le nationalisme et la contestation politique du peuple algérien, en vue d’une mobilisation générale vers un objectif commun, celui de la lutte de libération et de l’indépendance de l’Algérie. En 1958, la création de l’équipe du FLN a marqué le couronnement de cette pensée et un tournant décisif dans cette dynamique. Composée de joueurs professionnels, cette équipe a su transcender les frontières et devenir le porte-voix de la cause algérienne aux niveaux régional, continental et international. Des joueurs emblématiques, comme Rachid Mekhloufi, ont répondu à l’appel du FLN, mettant leur engagement et talent au service de la lutte pour l’indépendance et la liberté du peuple algérien. Malgré les menaces de sanctions de la FIFA, suite au rôle joué par les autorités coloniales françaises, l’équipe du FLN a réussi à disputer plus de 80 matchs avec de nombreuses équipes à l’étranger, pour ne citer que le Vietnam, la Chine, la Yougoslavie, la Roumanie…. Des rencontres footballistiques ayant illustré ainsi la détermination des joueurs et à travers eux le peuple algérien à faire entendre la voix d’une lutte sur tous les fronts pour en finir avec le joug colonial. Chaque match a été une occasion de galvaniser les supporters, d’affirmer la résistance des colonisés face à un système colonial et de renforcer le sentiment d’unité parmi les Algériens. Le football est ainsi devenu un puissant vecteur de mobilisation, unifiant les esprits et nourrissant davantage l’espoir d’enterrer, après plus d’un siècle la nuit coloniale, en Algérie pour un avenir libre et indépendant. Cette période illustre parfaitement comment le sport peut transcender les simples enjeux de compétition pour devenir lui aussi un véritable outil de lutte politique d’un peuple combattant pour sa dignité et sa liberté.

Retour sur les tragiques évènements du 11 mars 56 à Bologhine
Le 11 mars 1956 reste gravé dans la mémoire collective des Algériens comme une journée déterminante où le football a transcendé son rôle de simple divertissement pour devenir un symbole puissant de la lutte d’un peuple pour l’indépendance. Lors d’un match ayant opposé le Mouloudia Club d’Alger à l’équipe coloniale française AS Saint-Eugène, le stade qui a abrité cette rencontre a été le théâtre de la première expression d’une résistance collective face à l’oppression coloniale. Dans un contexte où la tension politique coloniale raciale était à son comble, le match s’est transformé en champ de bataille, illustrant l’expression de l’éveil de la conscience de l’algérien nationaliste. Avant même le coup d’envoi, l’atmosphère était électrique entre les supporteurs Algériens et ceux de la France coloniale. Les supporters du MCA, arborant fièrement les couleurs patriotiques « Vert et Rouge » se sont regroupés autour du stade de Saint-Eugène (actuel Omar Hammadi de Bologhine), et voyaient ce match comme une occasion d’affirmer leur propre identité et leur soutien et implication dans la lutte pour l’Indépendance par le sport. Mohamed Maouche, alors joueur de l’ASSE, a témoigné, dans un récit, «d’une pression directe exercée » sur lui et ses coéquipiers algériens pour qu’ils ne participent pas au match. Une invitation indirecte, dans cette atmosphère politico-sportive, pour étouffer toute expression nationaliste. Ce climat d’intimidation des autorités coloniales aidées par les colons dans les gradins a intensifié l’atmosphère déjà électrique du derby. Dès le coup d’envoi, les supporters du MCA ont créé une ambiance fervente, remplissant rapidement les gradins, après avoir réussi la traversée, de la Casbah, de Belouizdad … au stade de Bologhine.

Boycott de toutes les compétitions du système colonial
La mobilisation et l’intervention des CRS des autorités coloniales pour le contrôle de la foule ont été importantes et malgré l’ouverture du score par l’AS Saint-Eugène, la pensée coloniale a pris le dessus rapidement. Les espoirs du MCA, nourris par un esprit patriotique indéfectible, se matérialisant par un but égalisateur de Hamadi Lekhal, a déclenché les célébrations des supporteurs algériens qui ont vite fait de plonger l’autre camp dans une hystérie contre l’égalisation et la joie des Mouloudéens, entraînant des actes de violences contre les colonisés. Une banderole verte, en référence à la culture algérienne et la lutte pour l’Indépendance, a été déployée dans les tribunes musulmanes, provoquant une réaction violente des forces coloniales qui ont vite fait d’user de leurs matraques aidés par des colons. Aux violences se sont suivies les arrestations massives d’Algériens, jeunes, vieux et même des adolescents et des affrontements entre les forces de l’ordre de l’occupant français et les Algériens y faisant face avec courage.

Des dizaines de martyrs
Les témoignages évoquent un bilan tragique, avec des estimations de 30 à plus de 100 morts, illustrant la brutalité de la répression coloniale. Face à cette violence propre à tout système colonial et de surcroit de peuplement, le MC Alger a décidé, deux jours après ce jour noir, soit le 13 mars 1956, de boycotter toutes les compétitions sportives organisées par le système colonial. Cette décision a été le catalyseur d’une vague de mobilisation et réactions, suivie par  d’autres clubs algériens musulmans, à l’instar, d’USM Blida (USMB), USM Oran (USMO), le NA Husseïn Dey (NAHD), USM Alger (USMA), RC Kouba (RCK), l’USM Bel-Abbès (USMBA) et d’autres clubs inscrits sur la voix de la cause nationale. Le 2 avril 1956, le MC Alger, avec la plupart des clubs algériens musulmans, officialisait sa décision politique de la cessation de toutes les activités sportives, en écho à l’appel du FLN. Ce boycott a non seulement été l’expression d’un acte de résistance, mais également une démonstration de leur implication dans la lutte de libération. Aujourd’hui, le 11 mars 1956 et les événements qui ont suivi demeurent des sources d’inspiration pour l’actuelle génération et celles futures.
La commémoration de cette date et tant d’autres de l’histoire de la Révolution algérienne, rappellent l’importance de l’entretien de la mémoire collective du peuple algérien, le sentiment de solidarité qui se manifeste à ce jour, dans les moments difficiles comme dans les moments de gloire, ainsi que le rôle qu’a à jouer le sport pour le triomphe des causes justes à travers le monde, comme ce fut le cas, dans les années 50 de l’équipe du FLN.

L’Algérie hier, la Palestine aujourd’hui
Le football, qui a tant contribué à l’éveil national, continue d’incarner l’esprit de résistance et de détermination qui a caractérisé la lutte pour l’Indépendance algérienne, en faveur d’autres peuples pour leur liberté. Nos stades ne manquent pas de porter haut, le drapeau palestinien et des messages de soutien à son combat libérateur contre l’occupation sioniste, à travers les chants et les tifos. Nos héros qui ont marqué l’histoire du Football algérien, sous la domination coloniale, tels qu’Aouf, Tiar, et Djaout demeurent par leur engagements et leur talents dans nos mémoires et célébrés pour leurs legs. La lutte pour l’indépendance algérienne a trouvé dans le football un puissant vecteur d’expression et de résistance. Des stades au diapason des batailles que menaient l’Armée de libération nationale, dans sa Révolution sur le terrain de guerre et le football a su rassemblé et mobilisé, transformant les joueurs en militants sur les chemins de la liberté. Alors que l’Algérie célèbre, depuis hier, le 70e anniversaire de sa Guerre de libération, il est évident de se souvenir du rôle qu’a eu le sport dans ce combat historique dans le sillage de la grande marche contre le joug colonial français. Et c’est pourquoi, le football est et restera toujours, l’espace de l’expression libre et populaire.
Mohamed Amine Toumiat

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