Accueil À LA UNE QUESTIONS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES : Feuille de route pour le 2e mandat

QUESTIONS POLITIQUES, ÉCONOMIQUES ET SOCIALES : Feuille de route pour le 2e mandat

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a exposé, lors de l’entrevue médiatique de samedi soir, les grandes lignes de la feuille de route politique, économique et sociale qu’il s’engage à mettre en œuvre durant son second mandat.
Pour commencer, le Président a abordé des sujets nationaux d’importance, comme l’annonce controversée des résultats provisoires du scrutin présidentiel par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), la révision de la loi sur les partis, le rôle des syndicats et le dialogue national prévu entre 2025 et 2026. Le président de la République a également parlé également des volets social et économique et les objectifs tracés par l’État dans ce cadre.

« L’Algérie ne s’arrêtera pas en si bon chemin »
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l’Algérie était engagée sur la voie du changement positif, en poursuivant sa marche avec détermination vers des perspectives prometteuses, avec pour objectif de réaliser le rêve des chouhada, pour un État algérien démocratique en mesure de défendre sa souveraineté et de protéger ses citoyens. Dans ce cadre, le Président a exprimé sa volonté de remplir ses engagements envers le peuple algérien en «protégeant notre pays et notre indépendance et en défendant les personnes vulnérables », indiquant que le pays «est engagé sur la voie du changement positif et poursuivra sa marche ». «Notre objectif est de réaliser le rêve des chouhada pour un État algérien démocratique en mesure de défendre sa liberté et de protéger ses citoyens », a-t-il soutenu, soulignant que «l’Algérie est sur la bonne voie et que beaucoup d’efforts nous attendent pour permettre au citoyen algérien de vivre dans la dignité ».

« Guerre contre les lobbies hostiles »
À ce propos, il a mis en garde contre «les lobbies qui tentent de déstabiliser le pays et de semer le chaos ». Ajoutant «nous combattrons jusqu’au dernier souffle les lobbies de l’argent facile, les lobbies compradors qui, pour faire fortune à l’étranger, n’hésitent pas à sacrifier leur propre pays», a-t-il déclaré sans détour. Pour lui, ces groupes s’érigent en obstacle à la prospérité nationale et «obéissent à des ordres extérieurs pour détruire l’Algérie». Le Président a ainsi réaffirmé son engagement à lutter contre ces réseaux jusqu’à leur éradication totale. Ajoutant que «l’époque de la Issaba (bande) est révolue bien qu’il existe toujours ses résidus », mais que l’État «combattra ces lobbies sans relâche ». Bien que ce système ait été démantelé, certains de ses prolongements et mentalités subsistent encore. «La Issaba est terminée, mais ses prolongements sont là, et il reste encore des mentalités que nous combattrons», a-t-il précisé. Et de poursuivre que «les tentatives de déstabiliser l’Algérie existent encore mais nous sommes à l’affut pour y faire face grâce à la force de l’Armée nationale populaire (ANP) et aux mécanismes de contrôle et à la numérisation mis en place par l’État algérien ».

« Nous n’abandonnerons pas le citoyen »
Au volet social, le président de la République a réaffirmé que l’État «n’abandonnera pas le citoyen», et ce, dans le cadre de la préservation de son caractère social, rappelant son engagement à renforcer le pouvoir d’achat des citoyens en vue de préserver leur dignité, à travers la lutte contre l’inflation, le renforcement de la production nationale et la poursuite de l’augmentation des salaires et des allocations, en sus du traitement du dossier du logement. Le président de la République a précisé que «la préservation du pouvoir d’achat repose sur trois piliers : la lutte contre l’inflation, le renforcement de la production nationale et la poursuite de la révision des salaires et des allocations jusqu’à 100% d’augmentation d’ici 2027 au plus tard ». «Telles sont nos priorités pour parachever les projets de développement créateurs d’emplois », a-t-il dit. « Ces projets concernent les produits chimiques, la métallurgie ainsi que divers secteurs, avec pour objectif d’atteindre 20.000 projets, dont 9.000 ont déjà été concrétisés à ce jour, ce qui augmentera les capacités financières permettant d’équilibrer le marché », a-t-il poursuivi. Annonçant par ailleurs, que le processus de numérisation définitive de tous les secteurs doit être achevé avant fin 2024, et ce, dans le cadre des «efforts d’édification de l’Etat algérien moderne », malgré l’opposition de certaines parties habituées à agir dans l’ombre, relevant que «la bureaucratie demeure un phénomène de sous-développement qu’il faut éradiquer ».

L’autosuffisance alimentaire en chiffres
Après avoir rappelé les étapes parcourues par l’Algérie dans le domaine de la production des biens de consommation essentiels et stratégiques comme la semoule, le sucre dont la production dépasse de 150% les besoins du pays, et l’huile dont la production dépasse de près de 200% la demande intérieure, le président de la République a affirmé que l’année prochaine verra la mise en œuvre d’une politique visant à rendre le prix de la viande à la portée des citoyens. Le président de la République a estimé que «la construction d’une économie nationale solide et la protection de l’Algérie face aux fluctuations mondiales figurent parmi les priorités », mettant en avant l’importance de la production locale des produits de large consommation. Et de souligner que l’Algérie a réussi à «atteindre 80 % d’autosuffisance dans la production de blé dur », ce qui signifie qu’elle «est capable d’atteindre 100 % ». Sur ce front, Abdelmadjid Tebboune a abordé la question des pénuries volontaires de produits de base, utilisées comme armes par certaines factions pour déstabiliser le pays. Le Président a minimisé l’impact de ces manœuvres, expliquant que «l’État est devenu plus fort» grâce à la mise en place de solides mécanismes de contrôle, ce qui a considérablement réduit leur effet. «Le manque volontaire de produits avait un impact plus important auparavant, mais aujourd’hui, cet impact est très faible grâce aux bases solides que nous avons mises en place», a-t-il précisé. Le gouvernement a instauré des réformes structurelles destinées à renforcer l’économie nationale et à assurer un approvisionnement régulier en produits essentiels. Parmi ces réformes figure la numérisation de l’économie, que le Président considère comme un outil crucial pour instaurer la transparence dans les échanges commerciaux. «Nous nous dirigeons vers une numérisation complète des transactions afin de rendre tout échange plus transparent», a déclaré Tebboune, faisant allusion aux nouvelles technologies mises en place pour assurer une gestion plus efficace et plus contrôlée des échanges commerciaux. Dans un effort pour diversifier l’économie algérienne, le Président a encouragé la production locale tout en posant des conditions strictes pour les exportations. «Celui qui veut produire de l’huile, du sucre ou du blé et les exporter après avoir satisfait aux besoins de l’autosuffisance nationale, l’État est prêt à l’aider», a-t-il affirmé. Cependant, le Président a insisté sur le fait qu’il est interdit d’exporter des produits que l’Algérie doit elle-même importer. Cette politique vise à éviter toute fuite de ressources vitales hors du pays, contribuant ainsi à préserver les stocks nationaux. En ce qui concerne la lutte contre la contrebande des produits aux frontières, le Président a proposé une solution basée sur la coopération économique plutôt que la répression. «La fuite des produits à travers les frontières ne se combattra pas par la force, mais à travers la création de zones de libre-échange, avec un contrôle et une comptabilité clairs», a-t-il expliqué. Tebboune a également mentionné l’importance de réglementer les transactions commerciales avec les pays voisins. Par exemple, «le client mauritanien doit passer par une banque algérienne domiciliée dans son pays pour payer ses factures, garantissant ainsi une transparence totale et mettant fin aux échanges flous et à l’argent invisible», a-t-il précisé.

Enquête sur les résultats de la présidentielle  
Le premier sujet brûlant abordé par le chef de l’État concerne les résultats de l’élection présidentielle du 7 septembre 2024. À ce propos, le président Tebboune a annoncé qu’une enquête approfondie est en cours, initiée à la demande des candidats à l’élection présidentielle, afin de clarifier les circonstances entourant l’annonce des résultats préliminaires par l’ANIE : «Les enquêtes sont en cours, et leurs conclusions seront rendues publiques», a-t-il déclaré, insistant sur le fait qu’il serait prématuré de tirer toute conclusion avant la clôture complète des investigations. « S’il s’avère que cette instance n’a pas été à la hauteur des attentes, elle fera l’objet d’une réévaluation, d’autant que l’Algérie s’apprête à organiser des élections communales et de wilaya. Si, en revanche, le problème s’avère être lié à des personnes qui n’ont pas été à la hauteur de cette instance constitutionnelle, qui constitue l’un des fondements de la démocratie et de l’intégrité des élections, ces personnes seront remplacées», a affirmé le président de la République.

Un dialogue politique entre fin 2025 et début 2026
Sur le plan politique, le Président s’est penché sur son projet de dialogue politique national, exprimant son souhait de voir celui-ci inclure toutes les sensibilités. Ce dialogue, qui devrait se concrétiser selon lui entre la fin de 2025 et le début de 2026, est destiné à être inclusif, impliquant les partis politiques les syndicats et la société civile. Ce dialogue sera «précédé par nombre de priorités en lien avec l’économie nationale en vue de mettre l’Algérie à l’abri des soubresauts économiques et politiques que connaît le monde, avant de passer à l’étape de l’édification de la démocratie véritable ». Le président de la République a rappelé, à ce propos, la rencontre qu’il a eue avec tous les partis ayant une représentation populaire aux niveaux local et national, un dialogue qui sera étendu, a-t-il dit, vers fin 2025. Il a, par ailleurs, déploré «certains malentendus à l’origine de frictions », d’où la nécessité, a-t-il dit, de «lever les incompréhensions». « À partir de là, nous terminerons avec un dialogue franc et sérieux, sans oublier que le dialogue est déjà entamé avec les partis politiques et la société civile pour recueillir toutes les propositions sérieuses concernant ces révisions de lois et de codes », a aussi précisé le président de la République. En ce qui concerne la question des supposés « prisonniers d’opinion», il a précisé avoir sollicité des partis pour qu’ils lui communiquent des noms, mais « aucun nom ne lui a été donné ». Il a ensuite ajouté que les personnes mentionnées avaient toutes été condamnées pour avoir enfreint les lois de la République.

« La révision de la loi sur les partis se fera avec les partis »
Revenant sur la législation régissant les partis politiques, Tebboune a insisté sur l’urgence d’une réforme en profondeur. Cette initiative a pour objectif de redéfinir le rôle des partis au sein d’un cadre législatif modernisé, plus en phase avec les réalités politiques et sociales du pays. Le Président a déclaré que «cette nouvelle législation devrait également empêcher que certaines associations ne servent de couverture pour des activités partisanes déguisées». Il a affirmé que « terminer la révision des lois concernant les institutions de l’État est une priorité que nous devons atteindre avant d’entamer d’autres actions et, de là, nous pourrons nous engager dans la construction d’un État moderne ». En parallèle de la réforme de la loi sur les partis, Tebboune a évoqué la nécessité de réviser les lois régissant les municipalités et les wilayas, considérant cette réforme comme prioritaire avant toute nouvelle élection locale ou législative. Il n’a cependant pas exclu la possibilité d’organiser «des élections anticipées si la situation l’exigeait». À cet égard, le Président a laissé entendre que des amendements à la loi électorale, et même à la Constitution, pourraient être envisagés si des demandes urgentes et raisonnables étaient formulées. Ces révisions seraient destinées à corriger des dispositions jugées «injustes ou inadaptées», garantissant ainsi que le cadre juridique soit en phase avec les aspirations démocratiques de la société algérienne. En effet, déjà pour les élections locales, le président de la République affirme qu’elles ne pourraient être tenues avant la révision des Codes de la wilaya et de la commune, la loi sur les partis qui, a-t-il souligné, doit être faite avec la participation des partis « il ne faut qu’elle soit concoctée dans un bureau puis être imposée à ces partis ».

Un nouveau gouvernement avant fin 2024
Simultanément à ces réformes institutionnelles, le président Tebboune a également abordé la question de la composition du futur gouvernement. Un remaniement ministériel est prévu avant la fin de l’année 2024, avec l’ambition d’intégrer les meilleures compétences nationales. Le Président a réaffirmé sa volonté de constituer une équipe gouvernementale solide, capable de relever les défis actuels, en particulier sur le plan économique. Ce remaniement devrait intervenir après l’adoption de la loi de finances pour 2025. Tebboune a précisé que cela ne signifiait pas nécessairement le renvoi intégral du gouvernement actuel. Il a également souligné que le soutien reçu de certains partis politiques durant la campagne électorale ne l’engageait pas forcément à désigner des ministres en s’appuyant exclusivement sur les cadres de ces formations. Sur les nombreux messages de félicitations qu’il a reçus suite à sa réélection pour un second mandat, le président de la République a affirmé que «cela témoigne de la réputation internationale de l’Algérie et de la place qu’elle occupe parmi les nations ».
Sarah O.

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