La problématique des incendies de forêts a été abordée hier matin par le président du Club algérien des risques majeurs, Abdelkrim Chelghoum qui était l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale.
Il estime que « les feux de forêt sont un sous risque par rapport aux risques majeurs comme les inondations, les séismes, la sécheresse et la désertification qui secouent pleinement l’Algérie ». Toutefois, il rappelle que ces incendies font depuis 1998, perdre à l’Algérie, chaque été, une moyenne de 30 000 à 40 000 hectares d’espaces verts », et qu’en certaines circonstances, des feux de forêt ont occasionné des pertes humaines, de cheptels et touché pleinement à l’agriculture. Le spécialiste revendique avec insistance « une cartographie multirisque » des zones à risque, échelonnée par degrés de dangerosité, qui est un outil indispensable et efficace pour la lutte contre les incendies, regrettant jusqu’alors la négligence sur cet aspect. « Il faut une réflexion sur la réorganisation de toutes les institutions concernées par la gestion et la prévention des risques majeurs », insiste-t-il, expliquant que « la segmentation de cette organisation est limpide et est très détaillée, mais tardant à venir ». Abdelkrim Chelghoum insiste sur la nécessité de s’intéresser de près à la gestion et la prévention des risques majeurs et sur la mise en place d’un Organisme national de gestion des crises. En matière de formation, il rappelle qu’il a déjà proposé des masters ou des magisters en sciences des catastrophes avec un programme bien ficelé, en collaboration avec des universités étrangères spécialisées, mais malheureusement, regrette-t-il, cela est resté lettres mortes. Ce dispositif permettra d’avoir les ressources humaines comme les secouristes de catastrophes, le médecin de catastrophe, les sapeurs-pompiers qu’il faut, les ingénieurs de catastrophes et le journaliste de catastrophes qui doit gérer l’information sans provoquer la panique générale. Il y a quelques jours, dans la même émission de la chaîne 3, l’agro-écologiste Fattoum Lakhdari avait signalé que « le changement climatique impacte tous les domaines, tant les aspects biophysiques du milieu naturel que socioéconomiques ». Elle avait appelé à la mise en place d’un comité scientifique chargé de suivre la mise en œuvre de la stratégie nationale relative à ce phénomène. Mme Lakhdari plaide en faveur de la création d’un comité scientifique multidisciplinaire « rattaché directement à la présidence ».
Note d’optimisme sur le terrain ?
Sur le front des incendies de forêts, la situation est maîtrisée par les services concernés, principalement l’Administration des forêts et la Protection civile. Ainsi, la totalité des incendies qui s’étaient déclarés dans la wilaya de Tizi-Ouzou ont été éteints lundi grâce à la mobilisation, dès le signalement des incendies, d’importants moyens humains et matériels au sol appuyés par des moyens aériens. Le dispositif de surveillance des sites brûlés est maintenu sur place en raison des conditions climatiques défavorables caractérisées par de fortes chaleurs et du vent. Le sous-directeur de l’information et des statistiques à la direction générale de la Protection civile, le commandant Nassim Bernaoui, qui a donné ces informations rassurantes, a remercié l’ensemble des intervenants qui se sont mobilisés aux côtés de la Protection civile (différentes institutions, organisations de la société civile et simples citoyens). Il s’est réjoui qu’ »aucune perte de vie humaine n’est à déplorer et que même les habitations ont été préservées ». Il a rappelé, à l’occasion, les instructions du directeur général de la protection civile, le colonel Boualem Boughlaf, pour donner la priorité à la protection des personnes et des habitations. Enfin, un Bulletin météo spécial (BMS) publié hier, mardi, par l’Office national de météorologie (ONM) a annoncé des pluies orageuses, dès 15 heures et jusqu’à minuit, dans les wilayas de Guelma, Oum El Bouaghi, Tébessa, Khenchela, Batna, Sétif, Béjaïa, M’sila, Djelfa, Tiaret, Sidi Bel-Abbès, Naâma, El Bayadh, Tamanrasset, Adrar, Bordj Badji Mokhtar et In Guezzam.
M’hamed Rebah