La table ronde sur la gouvernance des migrations, organisée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Algérie avec le soutien du Réseau des Nations unies sur les migrations, a donné, ce lundi, l’occasion au directeur général des affaires consulaires et de la Communauté nationale à l’étranger au ministère des Affaires étrangères, Rachid Meddah, de présenter, dans son allocution d’ouverture, l’approche algérienne en la matière.
Elle est basée, a-t-il dit, sur un certain nombre de « principes fondamentaux » parmi lesquels « la prise en considération des spécificités de chaque pays d’origine ». La migration est un phénomène humanitaire « complexe » et « multidimensionnel », et affecte essentiellement les catégories vulnérables (enfants, femmes et personnes âgées) qui sont victimes de plusieurs formes d’exploitation, a expliqué Rachid Meddah. Il a rappelé que « l’Algérie a ratifié la plupart des accords internationaux sur les droits de l’homme et est attachée à l’esprit de solidarité et de coopération dans ce cadre ». Autre élément fondamental dans l’approche algérienne, mentionnée par Rachid Meddah : la lutte contre les causes profondes et véritables de l’immigration clandestine liées notamment à l’absence de stabilité politique et aux conflits armés. Il a cité le plan d’action à même de faciliter le retour des migrants vers leur pays d’origine dans les meilleures conditions possibles, résultat des efforts importants consentis par l’OIM en coordination avec les autorités algériennes. Le travail sérieux effectué avec l’OIM a permis d’élaborer un programme pour un retour volontaire de 10.000 migrants clandestins vers leur pays d’origine. « On a pu tenir une commission tripartite avec l’OIM, l’Union européenne (UE) et le gouvernement algérien pour trouver les formules interactives et complémentaires pour financer cette opération et permettre aux migrants clandestins désireux de retourner dans leur pays et les accompagner », a-t-il fait observer. Rachid Meddah a rappelé la création de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. On sait que le président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé le financement de l’Agence à hauteur d’un milliard de dollars pour initier des projets de développement dans les pays d’origine. Cette agence a réalisé plusieurs projets au Niger, au Mali et au Burkina Faso, et elle est prête à étudier tous les projets émanant de pays africains qui en ont besoin, a précisé Rachid Meddah. L’Algérie est directement concernée par la problématique des migrations illégales, car, de par sa position stratégique, le développement économique qu’elle a connu dernièrement et sa stabilité, elle est passée d’un pays de transit à un pays d’accueil pour les migrants. En outre, l’Algérie « essaye de lutter avec ses propres moyens et n’a bénéficié d’aucune aide extérieure », a tenu à souligner Rachid Meddah. Mieux: dans son approche envers le phénomène de la migration, l’Algérie s’interdit de l’utiliser comme un moyen de « pression » et de « chantage » dans sa politique, contrairement à d’autres pays, notant qu’elle s’appuie plutôt sur une « position humanitaire, basée sur l’aide et la coopération ». Cette approche adoptée par l’Algérie pour résoudre ce problème à travers notamment l’identification de ses causes profondes, a été saluée par les participants à la table ronde qui a réuni des acteurs clés dans le domaine de la migration, parmi lesquels des représentants des Nations unies, des partenaires internationaux et des représentants d’ambassades des pays d’origine des communautés de migrants présentes en Algérie. En fait, la solution au problème de l’immigration illégale est aux mains des puissances occidentales pour peu qu’elles abandonnent les démarches néocoloniales, laissent les pays «pauvres» en paix et n’entravent pas leurs efforts de développement. Le Coordinateur résident des Nations unies en Algérie, Alejandro Alvarez, s’est félicité du « partenariat qui se développe et s’améliore avec l’Algérie qui n’utilise pas la question de la migration comme monnaie d’échange politique ». Il a notamment constaté « l’absence de discours de haine » à l’égard des migrants qui bénéficient d’un accueil dans de bonnes conditions contrairement à d’autres pays de la région.
M’hamed Rebah