La France nous avait laissé à l’indépendance, en 1962, un nombre incalculable de bidonvilles à la périphérie des villes. Le Robert définit le bidonville comme étant une « Agglomération de baraques sans hygiène, faites de tôles et de matériaux de récupération, où vit la population la plus misérable ». La France dans son « action civilisatrice » avait créé ces espaces pour disposer d’une main d’œuvre à bon marché nécessaire à l’entretien des villes et au développement de son économie. À Alger ces baraques s’ajoutaient aux habitations précaires qui se trouvaient à El-Harrach, Belouizdad, et El Madania, etc. Des sites qui étaient occupés exclusivement par des Algériens. Même lorsque la France a eu recours à l’immigration algérienne dans l’hexagone, elle lui créa le bidonville de Nanterre. En Algérie cet héritage de la colonisation ne pouvait pas disparaitre rapidement vu l’état dans lequel se trouvait le pays et ses habitants à l’indépendance. Sans moyens financiers, avec une population totalement analphabète et démunie, le logement était loin de s’inscrire en tête des priorités absolues. Ceci même si « l’éradication des bidonvilles » était inscrite dans la charte de Tripoli en 1962. C’est une décennie plus tard que les premiers logements décents ont vu le jour grâce à l’entreprise DNC-ANP qui comme son nom l’indique relevait de notre armée. Elle était dirigée par le moudjahid colonel Aouchiche. Avec toute son efficacité, cette entreprise ne pouvait pas rattraper le retard abyssal et résorber les bidonvilles qui avaient atteint une ampleur considérable avec le temps et la démographie.
Les OPGI qui géraient les biens vacants ont réalisé quelques programmes de logements sans incidence majeure sur le déficit. Il a fallu attendre le troisième millénaire pour voir l’État inscrire des programmes de construction de logements d’envergure pour l’ensemble du territoire national. Y compris la formule AADL qui fut pilotée en 2001 par notre président de la République qui était ministre de l’Habitat à l’époque. Après une absence de dix années, il réintègrera son poste durant cinq années. C’est dire qu’il connait parfaitement le dossier. D’ailleurs dès son investiture à la tête de l’État, il ordonna en février 2020, le lancement d’un recensement des habitants des bidonvilles. Parallèlement il institua le fichier national du logement pour faire barrage à la fraude et permettre une distribution des logements en toute équité. Dernière précaution, dès le relogement des habitants d’un bidonville celui-ci était aussitôt rasé et son espace versé illico-presto à la réalisation d’infrastructures publiques. Dans le même temps la cadence des réalisations des programmes de logements reste soutenue. Hier, ce sont près de 252.000 logements qui ont été distribués à travers le pays. Le président Tebboune a raison de dire qu’« aucun autre pays au monde ne peut rivaliser avec les chiffres de l’Algérie en matière de logement ». Grâce à quoi, les bidonvilles ne sont plus qu’un épisode de notre histoire.
Zouhir Mebarki