Les résultats des élections européennes- poussée de l’extrême droite- ont confirmé la règle générale selon laquelle les élections en Europe et aux États-Unis sont dominées par la question des réfugiés et par extension des émigrés, qui est brandie comme une menace sur le pays concerné.
Les élections européennes n’ont pas fait exception à la règle consistant à politiser à l’extrême et instrumentaliser la question migratoire, amplifiée par les médias et les réseaux sociaux, et exploiter la sensibilité des électeurs à cette question, pour gagner des voix. C’est ce que déplore l’Italien Filippo Grandi, Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, qui est allé jusqu’à accuser certains politiciens d’avoir « manipulé » le sujet. Pour Filippo Grandi, la « seule grande préoccupation est que le thème de la migration et des réfugiés soit devenu si politisé (…), en partie parce que certains politiciens ont manipulé » le sujet. Il a appelé les États à travailler ensemble pour trouver des solutions. « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il s’agit d’un défi », a-t-il déclaré. Mais, a-t-il ajouté, « affirmer qu’il s’agit d’une invasion, de personnes mal intentionnées qui viennent pour voler vos emplois, menacer vos valeurs, votre sécurité, et qu’elles doivent donc partir, que nous devons construire des barrières, ne résout pas le problème ». Il estime qu’au contraire, les mesures prises contre les migrants ne font qu’aggraver la situation car elle favorise l’immigration irrégulière, plus « difficile à gérer ». Filippo Grandi espère que la rhétorique anti-migration et anti-réfugiés entendue pendant la campagne allait s’atténuer maintenant que le scrutin a pris fin. « Nous allons travailler avec tous ceux qui feront partie des institutions européennes. Nous travaillerons avec tout le monde, comme d’habitude ». Il a souligné que la question de l’immigration est « très stratégique et nécessite beaucoup de travail » sur plusieurs fronts. À l’extrême droite de l’échiquier politique européen, il y a comme une indifférence pour la détresse des migrants africains qui tentent de rejoindre l’Europe et pour les drames quotidiens qui les accablent. C’est pour fuir la guerre ou la misère que ces populations prennent tous les risques pour rejoindre l’Europe où elles pensent trouver la solution à leurs problèmes. Il est possible de les maintenir dans leur pays. C’est le but de la démarche algérienne en matière de lutte contre la migration clandestine, consistant à prôner le soutien à la paix et à la sécurité dans les pays qui connaissent un exode de migrants, tout en appelant à mobiliser davantage de financements pour la mise en œuvre des projets de développement et une réintégration, suivant un calendrier bien défini.
L’initiative du président Abdelmadjid Tebboune d’affecter 1 milliard de dollars au profit de l’Agence algérienne de coopération internationale en vue de financer des projets de développement dans les Etats africains concernés par la migration clandestine de leurs populations, s’inscrit dans ce cadre. Il s’agit de tarir l’une des sources de ce phénomène. Pour rappel, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi (Italie), a été élu à ce poste par l’Assemblée générale de l’ONU, une première fois pour un mandat de cinq ans prenant effet le 1 er janvier 2016 et expirant le 31 décembre 2020. Il succédait à António Guterres (Portugal). L’Assemblée générale a réélu Filippo Grandi à ce poste pour un mandat de deux ans et demi prenant effet le 1er janvier 2021 et expirant le 30 juin 2023, puis l’a reconduit pour une période de deux ans et demi, commençant le 1 er janvier 2023 et expirant le 31 décembre 2025. De 2010 à 2014, Filippo Grandi a été Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), après en avoir été le Commissaire général adjoint de 2005 à 2010. Il a travaillé dans la coopération internationale depuis 30 ans et possède une large expérience sur la question des réfugiés.
M’hamed Rebah