Le président de l’Ordre des médecins praticiens, Mohamed Bekkat Berkani, a commenté, hier, la décision prise par le président Abdelmadjid Tebboune en réunion de Conseil des ministres qu’il a présidée, dimanche, de procéder à un examen approfondi des statuts des corps médical et paramédical et, impérativement, de valoriser la place de cette catégorie, de par son rôle dans la préservation de la sécurité sanitaire nationale. Sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l’invité de la rédaction, Mohamed Bekkat Berkani a rappelé que la décision du Conseil des ministres répond positivement à une revendication syndicale de longue date. Elle permettra de donner un nouveau départ à la qualité de la santé et à sa pérennité est une revendication de longue date. Il s’agit d’assurer la continuité des soins de qualité qui donnent une qualité de vie. Le président de l’Ordre des médecins praticiens rappelle, également, au passage, que la gratuité des soins est un acquis consacré depuis l’Indépendance en Algérie, qui est un État social qui a donné les soins qu’il fallait de façon gratuite ou par l’intermédiaire de la sécurité sociale à tous les citoyens. C’est un acquis que les autorités tiennent absolument à préserver, souligne-t-il. Toutefois, pour le Dr Mohamed Bekkat Berkani, il faudra non seulement assurer la continuité des soins de qualité pour les multiples pathologies émergentes, mais faire guérir de ces maladies, comme le cancer, et s’en sortir avec cette qualité de soins apte à donner aux patients une qualité de vie qui soit appréciable. Il fait remarquer que si la guérison n’est pas complète, il dit y avoir un accompagnement confortable dans la vie pour que le patient se sente suivi ou soulagé de sa maladie chronique. Le Dr Berkani a abordé la question de la lutte contre ces maladies, dites d’«usure» et qui ont tendance à inverser fatalement la courbe de l’espérance de vie en Algérie, à l’instar du diabète, de l’arthrose et de la fatigue cardiovasculaire. Il juge impératif d’investir dans la prévention, suivie par des schémas thérapeutiques appliqués pour lutter contre ces pathologies. Il fait observer que ces maladies complexes n’ont pas de solutions radicales. Dans ce contexte, le président de l’Ordre des médecins algériens estime que la responsabilité n’incombe pas au seul secteur de la Santé , et il explique que la prise en charge de ces pathologies devra relever d’un plan multisectoriel en raison notamment du régime alimentaire, de l’hygiène de vie, de l’exercice physique et de certaines dispositions individuelles ou collectives pour se préserver de certaines affections sur le tard. Par ailleurs, le Dr Mohamed Bekkat Berkani n’a pas manqué d’évoquer la saignée des praticiens- pour des raisons multiples qu’ils estiment professionnelles ou socioprofessionnels, note-t-il- dont souffre l’Algérie , un pays qui forme des médecins de qualité, attirés, déplore-t-il, par des pays européens, en particulier la France. Il estime nécessaire de conforter la situation socioprofessionnelle de ces professionnels de la santé par l’amélioration du régime indemnitaire dans les statuts particuliers. Il fait remarquer que cet exode de masse coûte chèrement à l’Algérie sur le plan économique et impacte la situation médicale du pays. Certes, l’Algérie a réussi le challenge de la formation médicale et paramédicale, souligne le Dr Mohamed Bekkat Berkani. Mais il ne s’agit pas de former pour les autres, cela commence à devenir pesant, fait-il constater, surtout, ajoute-t-il, quand nos médecins deviennent corvéables, manœuvrables à souhait, notamment au Canada, au lieu de rester dans leur pays pour rendre service à leurs concitoyens. Il est temps de mettre fin à ce hold-up de notre élite, lance le Dr Mohamed Bekkat Berkani qui estime que les autorités politiques doivent s’atteler sérieusement à juguler cet exode.
M’hamed Rebah
