En guise de justification appuyée de l’utilisation du veto au Conseil de sécurité contre l’admission de la Palestine à l’ONU, les Etats-Unis ont fait état d’un argument inattendu. Un argument qui est passé totalement inaperçu…
Bien que les États-Unis d’Amérique n’aient jamais fait mystère de leur opposition à l’admission de la Palestine comme membre permanent de l’ONU, ils se sont crus obligés d’ajouter un argument que personne n’attendait. Un argument supplémentaire qui semble avoir été avancé un peu comme pour se donner bonne conscience en bloquant l’entrée de l’État palestinien dans l’organisation onusienne. Ceci pour la bonne raison que leur droit de veto n’a nul besoin d’être justifié. Pour inattendu et surprenant qu’il soit, cet argument est passé sous silence et n’a suscité aucun commentaire ni des médias, ni même des observateurs pourtant nombreux à suivre l’événement. De quoi s’agit-il ? Après avoir souligné que le veto américain « ne reflète pas une opposition à un État palestinien, mais est une reconnaissance qu’il ne peut naître que de négociations directes entre les parties », l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood a ajouté que « la législation américaine leur imposerait de couper leur financement à l’ONU en cas d’une adhésion palestinienne en dehors d’un tel accord bilatéral entre Israël et les Palestiniens ». Le message contenu dans ce dernier argument voudrait qu’en utilisant leur droit de veto les Etats-Unis ont, par la même occasion, voulu épargner une épreuve à l’institution internationale qu’est l’ONU. Comme pour se donner bonne conscience. Sachant que depuis fort longtemps, les Américains ont toujours agité, comme un épouvantail, leur menace de supprimer ou à tout le moins de réduire leur contribution financière aux Nations unies. Surtout lorsque Donald Trump était au pouvoir. Pour un oui, pour un non. Aujourd’hui c’est le financement américain de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) qui est bloqué depuis janvier dernier. Ceci à cause d’Israël qui a accusé 12 employés parmi les 13 000 employés de l’agence à Ghaza d’avoir participé à l’opération « Déluge Al-Aqsa » du Hamas le 7 octobre dernier.
La Maison Blanche dit attendre les résultats de l’enquête en cours avant de décider la reprise ou non du financement. On voit bien que l’arme financière est très souvent brandie par les USA dans leurs relations internationales. D’où la récente décision de l’Algérie d’apporter une contribution additionnelle au budget de l’UNRWA, de l’ordre de 15 millions de dollars. Ceci dit, la déclaration de robert Wood sur le financement de l’ONU n’est pas improvisée. Elle est même bien réfléchie. Elle vient d’ajouter une justification supplémentaire au blocage de l’entrée de la Palestine à l’ONU. Elle demande implicitement à la communauté internationale de ne pas focaliser sur le parti pris américain contre les Palestiniens. Elle met en avant son souci de « préserver » les intérêts de l’ONU. Elle comporte néanmoins un autre message qui est encore plus important.
Celui de n’être pas contre l’État palestinien. Simplement que ce n’est pas encore le moment de voter son entrée à l’assemblée générale. Ce qui laisse supposer que c’est une question de temps et bien évidemment de conjonctures aussi. Nos diplomates connaissent bien ces paramètres. Notamment lorsqu’ils déclarent « Nous reviendrons plus forts avec le soutien de l’Assemblée générale et des membres des Nations unies. Ce n’était aujourd’hui qu’une autre étape dans le cheminement vers l’adhésion à part entière de la Palestine ». Ils savent que le moment opportun n’est plus très loin. Et que la prochaine démarche onusienne de l’Algérie sera la bonne !
Zouhir Mebarki