Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI UN REPORTER DANS LA FOULE : Gaspillage et pouvoir d’achat, le paradoxe

UN REPORTER DANS LA FOULE : Gaspillage et pouvoir d’achat, le paradoxe

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Contradiction ? Difficile de comprendre effectivement cette tendance de l’algérien à gaspiller alors que dans le même temps il ne cesse de rouspéter contre la hausse des prix. Comme chaque année en pareille période du mois sacré de Ramadhan, ces deux comportements s’entrechoquent. La meilleure illustration nous vient de notre ministre du Commerce, Tayeb Zitouni. Il a lancé à partir d’Alger, lundi dernier, une campagne nationale de sensibilisation contre le gaspillage, à travers un spot publicitaire intitulé : « Mobilisons-nous tous pour lutter contre le gaspillage et rationaliser la consommation ». Dans le même temps, il sillonne le pays pour inspecter les marchés et éviter les hausses des prix injustifiés surtout à l’approche du Ramadhan. Il doit faire, tout à la fois, grise mine en sermonnant les gaspilleurs tout en les assurant de sa protection contre les hausses des prix. Une gymnastique pas facile à exécuter. Pourtant le paradoxe est réel.
Depuis toujours, le gaspillage fait partie de notre quotidien. Les agents chargés de la collecte des déchets ménagers, que l’on salue au passage, confirment le comportement incivique de certains de nos concitoyens dans le respect des décharges dédiées ainsi que les déchets non ménagers déposés dans ces décharges. Des progrès sont, cependant, observés au fil du temps. Le pain est déposé dans des sachets à part des autres déchets. Il n’y a plus ou presque de jets de sachets par les fenêtres. Le regroupement dans un seul endroit des déchets de plusieurs immeubles, notamment dans les cités, a aidé ce progrès. D’autre part, le recyclage des déchets attire de plus en plus de candidats. C’est ainsi que ceux des matières plastiques passent avant le camion des éboueurs, pour trier et prendre ce qui les intéressent. Il en va de même pour le pain. Ce qui permet à des collecteurs privés de les ramasser plus aisément. Lors du lancement de la campagne, Zitouni a précisé le coût en devises de ce gaspillage du pain. Ce sont 320 millions de dollars par an qui partent à la poubelle. Pour près de 900 millions de baguettes jetées dont 100 millions de baguettes pour le seul mois de Ramadhan.
À ce tarif, il y a de quoi financer des moyens culturels conséquents (films, affichages chez les boulangers, dans les émissions télé de cuisine, etc..) pour lutter en profondeur contre le phénomène au lieu de toutes ces institutions qui vont seules dans tous les sens, à improviser dans des campagnes dites de sensibilisation. Aucune coordination, aucune mutualisation des moyens. Et cela dure depuis des décennies.
Ce ne sont pas les quelques progrès dus aux recyclages qui pourront affirmer le contraire. Les intervenants sont nombreux. Si le ministère de l’Environnement pouvait trouver un lien entre la nature et le gaspillage, quoique difficilement tout de même, il sera plus difficile au ministère de l’Énergie de lutter seul contre le gaspillage de l’électricité comme il avait tenté de le faire en 2021.Il avait estimé, à l’époque que « sur les 10,6 millions clients de Sonelgaz en électricité et les 6,8 millions de clients en gaz, seuls 2 millions de foyers consomment modérément l’énergie, représentant des familles au revenu moyen, alors que 5 à 6 millions de clients consomment l’énergie de manière irrationnelle ». Si l’on admet que la lutte contre le gaspillage relève des mentalités à changer, le ministère à même de centraliser les moyens de lutte n’est autre que celui de la Culture. Pour ne plus avoir cette « cohabitation » paradoxale du gaspillage avec la vie chère !
Zouhir Mebarki
Zoume600@gmail.com

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