Contrairement au Maroc qui tente de rallier les pays du Sahel-comme il vient de le faire avec le Niger- à sa cause perdue au Sahara occidental, en les entrainant dans le piège de l’Atlantique comme objet de convoitise, l’Algérie s’interdit tout sale jeu avec ses voisins. Gare à ceux qui se trompent d’allié !
Le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, s’est rendu à Rabat le 12 février dernier en compagnie du ministre de la Défense, le général de corps d’armée Salifou Mody et du ministre des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré. Respect de la souveraineté du voisin oblige, et partant de ce principe sacrosaint, le premier responsable du gouvernement nigérien est, dans son droit absolu de se déplacer où il veut, y compris au Maroc avec lequel l’Algérie a coupé ses relations. Ce n’est donc pas cette visite elle-même qui nous intéresse ici. Par contre, il y a lieu de plancher sur le jeu trouble et dangereux du Makhzen. Guidé par ses ambitions expansionnistes qui dépassent, désormais, le territoire occupé du Sahara occidental, il tente de s’introduire par effraction dans l’espace sahélien qui lui est pourtant étranger. C’est ainsi qu’en recevant, mercredi dernier à Rabat, le PM nigérien, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a promis monts et merveilles au pays du sud un accès à l’Atlantique en foulant jusqu’au pied les territoires sahraouis qu’il occupe par ailleurs illégalement contre la légalité et le droit internationaux. Faut le lui reconnaitre, le Makhzen passe pour maitre dans ce genre de stratagèmes qui inspire sa diplomatie de caniveaux. On le sait, fin décembre 2023, la ville de Marrakech avait abrité une rencontre des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina et du Niger. À l’ordre du jour, le Makhzen fait son offre de service : « l’ouverture vers l’océan Atlantique » dans le but de « désenclaver » ces pays du Sahel. Mais, cette alliance économique sur fond d’une ambition géopolitique aura du mal à cacher les caprices du Maroc de Mohammed VI qui, par ailleurs, continue à observer un silence complice lui qui est le président du comité El-Qods sur le génocide de ses alliés sionistes à Ghaza, en Cisjordanie et à Rafah depuis quelques jours maintenant.
Depuis quand le Makhzen se montre si généreux envers ses voisins en leur ouvrant grand la porte vers l’Atlantique ? Si tel est le cas, que les spécialistes de la géopolitique, de l’histoire et même de la géographie viennent nous le prouver, nous autres « méconnaisseurs ».
Contrairement au « voisin » l’Algérie n’a jamais joué un quelconque sale jeu avec ses voisins. Et encore moins profiter d’une situation de crise, comme celle qui mine le Niger, le Mali et même le Burkina-Faso, pour les conquêtes géopolitiques. À commencer par le Niger, aux côtés duquel l’Algérie a toujours été. Faut-il rafraîchir les mémoires et rappeler qu’en été 2023, lorsque le coup d’Etat militaire contre le président Mohamed Bazoum a été opéré, l’Algérie a été l’un des premiers pays qui a pris les devants pour barrer la route à toute intervention étrangère y compris militaire, sachant qu’elle avait fermé son espace aérien à l’aviation. C’était l’Algérie qui a mené un branlebas de combat contre les velléités d’ingérence, contre les va-t-en-guerre qui allaient « instrumentaliser » les forces de la Cédéao à l’effet d’assouvir leur soif de néo-colonisés. Fin août dernier, le président Abdelmadjid Tebboune, par le biais du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, avait proposé sa médiation pour résoudre la crise entre les frères nigériens. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, l’Algérie ne se départit pas du principe de bon voisinage, qu’elle a toujours tendu sa main envers son frère du sud à l’effet de l’aider s’il le désire ou le sollicite. Ne pas se tromper d’allié et surtout éviter les alliances douteuses et malveillantes. C’est tout le mal que l’on souhaite au voisin !
Farid Guellil
