Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a poursuivi, hier, sa visité d’Etat entamée lundi en République populaire de Chine à l’invitation de son homologue chinois, Xi Jinping.
Mardi, soit au lendemain de son arrivée à Pékin, le chef de l’Etat algérien s’est entretenu en tête à tête avec le président chinois-qui l’a accueilli en grande pompe- sur la coopération bilatérale et les questions internationales et d’intérêts communs avant de tenir une séance élargie aux délégations des deux parties. À l’occasion, les deux dirigeants ont passé en revue les relations historiques entre les deux pays, et ont salué le niveau de coopération et de coordination bilatérale à tous les niveaux. Les deux chefs de l’Etat ont examiné, par la même, les voies et moyens permettant de renforcer et de hisser les relations entre les deux parties dans tous les domaines avec un échange de vues sur les questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun.
19 accords et mémorandums d’entente signés
La rencontre entre les deux dirigeants s’est soldée, par la signature de plusieurs documents comprenant 19 accords et mémorandums d’entente. La cérémonie de signature a été présidée par le chef de l’État algérien et son homologue chinois. Ces accords et mémorandums d’entente portent sur le Transport notamment la voie ferrée-Gara Djebilet-, sur les technologies- création d’un centre de transfert de technologie-, sur le domaine agricole, celui des communications, création d’un groupe de travail pour l’investissement et la coopération économique, sur la coopération commerciale, sur la coopération technique dans le domaine animal et végétal, la recherche scientifique, la coopération dans le domaine judiciaire, le développement social , les énergies renouvelables et de l’hydrogène énergie. Un mémorandum d’entente a été également signé entre l’Académie chinoise de la gouvernance et le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Urbanisme, en plus de deux autres signés entre l’Institut des affaires étrangères des deux pays et le Conseil national chinois pour la promotion du commerce international et le Conseil algérien pour la relance économique.
Alger et Pékin vont poursuivre la concertation politique
La rencontre a été sanctionnée par la diffusion d’un communiqué commun, ou les deux pays ont réaffirmé leur engagement à poursuivre l’intensification de la concertation politique, consolider la coopération sécuritaire, approfondir le partenariat économique et renforcer la coopération dans tous les domaines. Dans la même déclaration, les deux parties ont « exprimé leur considération pour la coopération fructueuse au niveau bilatéral et dans les fora internationaux. »
« À la lumière de l’évolution des relations entre les deux pays et de la volonté de les consolider à l’avenir, les deux Présidents ont décidé de poursuivre l’intensification de la concertation politique à tous les niveaux et de développer la coopération dans les domaines politique, économique, culturel, artistique, sécuritaire et de défense, ainsi que d’approfondir les relations de partenariat stratégique global », précise le Communiqué commun.
Sur le volet économique, les deux pays ont affirmé leur détermination à « approfondir le partenariat économique et consolider la coopération pratique dans tous les domaines, œuvrer à l’augmentation du volume des échanges commerciaux et à faciliter les exportations hors-hydrocarbures algériennes vers la Chine, mais aussi augmenter le volume des investissements qualitatifs chinois, à la faveur des multiples avantages qu’offre la nouvelle loi de l’investissement en Algérie ». Il est également question de consolider le travail en vue de bénéficier des opportunités commerciales et d’investissement offertes, d’intensifier le contact et les visites entre les secteurs publics et privés des deux pays, de conjuguer les efforts en vue de créer un environnement d’investissement favorable, de consolider l’économie, le commerce et l’investissement, de raffermir les partenariats et d’ouvrir des horizons plus larges de coopération économique entre les deux pays dans différents domaines ». Les deux États se sont également engagés à approfondir la coopération dans l’industrie automobile, les sciences de l’espace, l’agriculture, la culture, le tourisme, la construction des ports, les services de logistique, le dessalement de l’eau, les infrastructures, les industries manufacturières, la métallurgie, le secteur financier, l’économie numérique, l’énergie, les mines, l’enseignement, la recherche scientifique, l’enseignement de la langue chinoise, les médias, l’administration fiscale, les douanes, ainsi que la lutte contre la corruption ».
BRICS : la Chine réaffirme son soutien à l’adhésion de l’Algérie
Concernant la demande algérienne souhaitant intégrer le groupe économique des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le chef de l’État algérien a rappelé, à la partie chinoise, les motivations de l’Algérie à travers sa demande d’adhésion notamment les « mutations profondes que connait l’économie algérienne et les aspirations de l’Algérie à s’adapter aux développements survenus sur la scène économique mondiale ». La Chine a réitéré, à l’occasion, son soutien à la demande algérienne, affirmant appuyer l’Algérie dans ses efforts pour atteindre cet objectif. Il convient de souligner, à ce sujet, que la demande formulée par Alger bénéficie également du soutien de la Russie et de l’Afrique de Sud. S’agissant du Brésil, le départ du président de l’extrême droite brésilien, Jair Bolsonaro, et le retour aux commandes du pays du socialiste, Luiz Inacio Lula da Silva,pourrait faciliter la tâche à la demande algérienne. Quant à l’Inde, il reste le seul pays des BRICS qui ne s’est jamais exprimé sur cette question qui sera tranchée en août prochain sous la règle du consensus. Lors de son entretien avec le chef de l’état chinois, le président Tebboune a remercié la Chine pour son soutien dans cette démarche et pour son intégration de l’organisation de Shanghaï.
Convergences de vues sur les questions internationales et régionales
Sur les questions internationales, Alger et Pékin, réaffirment leur attachement à « intensifier la concertation et la coordination autour des questions internationales et multilatérales, poursuivre le soutien constant de leurs intérêts fondamentaux, se soutenir mutuellement lorsqu’il s’agit de la préservation de leur souveraineté et intégrité territoriales, consentir des efforts communs pour défendre le principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays, entre autres règles de la légalité internationale et principes fondamentaux des relations internationales », soulignant l’impératif de « respecter le principe de bon voisinage et veiller au renforcement continu de la démocratie dans les relations internationales, en plus du règlement des conflits par le dialogue et les voies pacifiques », et la « nécessité de préserver le système des Nations unies dont le centre est l’ONU et l’ordre mondial basé sur le Droit international et les règles fondamentales régissant les relations internationales, fondées sur les principes et les objectifs de la Charte de l’ONU ».
Dans ce cadre, la partie algérienne a réaffirmé son « respect du principe d’une Chine une et unie, Taïwan étant partie intégrante des territoires chinois », et exprimé son « opposition à l’indépendance de Taïwan, quelle qu’en soit la forme, soutenant aussi la position de la Chine dans les questions relatives aux droits de l’homme, au Xinjiang, à Hong Kong, au Tibet et autres, et rejetant toute tentative de politiser la question des droits de l’homme ou de l’utiliser comme moyen de pression dans les relations internationales ».
La chine a, pour sa part, exprimé son « soutien aux efforts de l’Algérie visant à préserver sa sécurité nationale et sa stabilité, saluant le processus de développement qu’elle a enclenché pour réaliser un décollage économique global ».
S’agissant de la question palestinienne et celle du Sahara occidental, les deux parties ont souligné la nécessité de les résoudre dans le cadre du droit international et conformément aux résolutions de la légalité internationale, outre la nécessité de trouver des solutions politiques et pacifiques aux questions urgentes et aux autres crises dans la région arabe, notamment en Syrie, en Libye, au Yémen et au Soudan, et ce, à travers le dialogue et la concertation et dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des pays de la région, soulignant le rejet des ingérences étrangères ».
Entretien avec le PM Li Qiang
Hier, le chef de l’Etat s’est entretenu à Pékin avec le Premier ministre chinois Li Qiang à qui il a exprimé sa satisfaction quant aux projets stratégiques que la Chine veut investir en Algérie, comme la voie ferrée Gara -Jjebilet-Béchar et l’usine de production de batteries au lithium. Il a également échangé avec le président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale chinoise, Zhao Lijie. Au cours de son entretien, le président Tebboune affirme travailler pour établir un comité mixte afin de développer le partenariat entre les deux pays et bénéficier de l’expérience économique, politique et militaire de la Chine.
Il a également insisté sur la nécessité « d’intensifier la coordination et l’échange de visites », notamment dans le contexte du rapprochement entre les deux pays, appelant à la mise en place d’une « instance de concertation » entre les élus des deux peuples.
Pour rappel, le président Tebboune s’est rendu en Chine accompagné d’une forte délégation composée des ministres des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, des Finances, de l’Energie et des Mines, des Postes et des Télécommunications, de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, du Commerce et de la Promotion des exportations, de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, des Travaux publics et des Infrastructures de base, de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, respectivement MM. Ahmed Attaf, Laaziz Faid, Mohamed Arkab, Karim Bibi Triki, Ali Aoun, Tayeb Zitouni, Tarek Belaribi, Lakhdar Rekhroukh, et Yacine El-Mahdi Oualid.
Brahim O.
