Supervisant hier le lancement du programme de renforcement des capacités de stockage dans le domaine des céréales, depuis le Complexe céréalier d’El-Attaf, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a indiqué que « le programme national de renforcement des capacités de stockage des céréales est le plus important du genre depuis l’indépendance ».
À la faveur des « 350 centres de proximité », comme annoncé par le ministre, la capacité de stockage de l’Algérie « varie entre 50 000 et 70 000 quintaux ». S’exprimant sur les objectifs tracés et les prochains défis du secteur dans ce domaine, Henni a souligné que l’Algérie « vise à atteindre 1 million d’hectares de champs céréaliers dans le Sud d’ici 2025, et à porter la capacité nationale de stockage à 9 millions de tonnes ». Une stratégie qui, pour rappel, intervient en application des directives du président Tebboune, initialement élaborée en vue d’atteindre une production moyenne comprise entre 30 et 35 quintaux par hectare. Mais malgré ces perspectives très prometteuses, force est de constater que les capacités de production et de stockage ne suffisent pas encore à répondre à la demande locale, l’Algérie étant notamment un importateur de blé. Par ailleurs, Abdelhafid Henni a assisté à l’occasion de cette visite de travail, à une présentation du nouveau système de modernisation de la distribution et de la numérisation de la filière lait, au niveau de la laiterie publique « Arib ».
2 millions de quintaux rien qu’à Batna …
Dans le même sillage, la wilaya de Batna illustre fort bien l’état d’avancement des projets de renforcement des capacités de stockage visées par la tutelle. À cet égard, le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya, Mohamed Ali Mouada, a annoncé la réalisation prochaine de docks-silos stratégiques dans la commune d’El Madher, d’une capacité de stockage d’un million de quintaux, aux côtés de 5 entrepôts pouvant emmagasiner un total de 250 000 quintaux de céréales. Selon le responsable, cela portera la capacité de stockage de la wilaya de Batna à 2,199 millions de quintaux, étant actuellement de 949.000 quintaux répartis sur 14 points relevant de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS), répartis dans plusieurs communes de la wilaya.
Une préférence pour le blé russe
Selon le président de l’Union céréalière russe, Arkadi Zlotchevski, a déclaré que « l’Algérie est devenue le troisième plus grand acheteur de blé russe la saison dernière, après l’Égypte et la Turquie ». À ce titre, soulignons que la Russie prévoit une forte augmentation de ses exportations de blé vers l’Algérie en 2023, couvrant déjà 40% des importations algériennes de blé, ce qui pourrait en faire un sérieux concurrent à la France. En effet, l’Algérie a acheté, entre 2022 et 2023, pour 1,497 million de tonnes de blé français, soit une hausse de 30% d’une année à une autre. Et compte tenu du rapport qualité-prix et de la qualité supérieure de ses céréales, la Russie est de ce fait en position de force comparativement aux concurrents européens, dont la France. Zlotchevski a d’ailleurs confié à cet effet, que lorsque le grain russe coûte 230-235 dollars et le blé français 250-255 dollars la tonne, l’avantage de 20 dollars influe fortement sur la politique de l’acheteur. Et conformément aux déclarations du ministre russe de l’agriculture, Dmitri Patrouchev, les exportations russes de céréales ont atteint un record de 60 millions de tonnes, dont presque 47 millions de tonnes de blé, au cours de l’année agricole 2022-2023. Patrouchev a indiqué dans ce sens qu’il s’agissait là d’un record pour son pays, tout en précisant que la plupart des céréales avaient été exportées vers des pays amis.
Hamid Si Ahmed
