Axé sur deux thématiques essentielles, à savoir le dessalement de l’eau de mer et le traitement des eaux usées, le 18e Salon international des équipements, des technologies et des services de l’eau « SIEE-POLLUTEC », a ouvert hier ses portes à la SAFEX, en présence du ministre de l’Hydraulique, du ministre de l’industrie et de la production pharmaceutique, de la ministre de l’Environnement et des Énergies renouvelables, et du ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Un événement qui s’étalera jusqu’au 18 du mois en cours. L’occasion de mobiliser tous les acteurs publics et privés clés du secteur de l’hydraulique en Algérie, et de les mettre en relation avec les partenaires étrangers, venant de 14 pays différents. Avec une offre locale très dynamique (60 % des exposants), et un programme d’exposition et de conférence complet, nul doute que cet événement économique apportera les solutions nécessaires aux visiteurs professionnels, sur tout ce qui a trait au marché de l’eau. Des concertations et mises à niveau sur les technologies et innovations récentes, les services de l’eau, l’environnement, l’assainissement, la numérisation, les études et planifications, la sensibilisation et prise de conscience sur l’importance de l’eau pour notre avenir et pour la planète, autant de domaines que les organisateurs et participants au salon tenteront de présenter au profit de l’ensemble des présents. La gestion de l’eau en Algérie s’est caractérisée par de nombreuses actions et mesures qui lui ont permis d’atteindre une gestion efficace des ressources en eau, permettant d’atteindre les objectifs de développement social et économique, et de protection des écosystèmes. Des mécanismes qui nécessiteront d’adopter une politique de modernisation, ainsi que la réhabilitation des réseaux de distribution, l’ajustement des prix de l’eau et du système de redevances, ainsi que la généralisation de mesure de consommation d’eau, et le développement des systèmes d’irrigation. Un ensemble d’actions à adopter, afin d’améliorer et de rationaliser la gestion et l’utilisation de l’eau sur l’ensemble du territoire. Pour remédier au stress hydrique, l’Algérie fonde beaucoup d’espoirs sur les stations de dessalement d’eau de mer et le recyclage des eaux usées. Pour ce qui est du dessalement, le pays compte actuellement 12 stations et 13 monoblocs, dans l’attente de leur renforcement par d’autres, à l’avenir, dont la station de Corso, à Boumerdès, dont la mise en service est attendue à la fin juin 2023, en vue de la couverture des besoins de la population en eau potable à l’horizon 2030. En outre, l’Algérie a lancé en même temps 5 projets de dessalement, dont la réception est prévue d’ici les 25 prochains mois. A ce jour, l’Algérie compte près de 600 ouvrages de stockage, dont des barrages et des petites retenues d’eau, 13 systèmes de transfert des eaux, 25 stations de dessalement, des systèmes d’épuration d’une capacité de traitement d’1 milliard m3 par an, et près de 280 000 forages. L’Algérie exploite annuellement près de 11.3 milliards de m3 d’eau de différentes sources (eaux souterraines, barrages, forages, stations de dessalement, STEP), l’objectif étant d’atteindre, à l’horizon 2030, une capacité de stockage nationale des barrages de 12 mds m3. Dans ce même contexte, notons qu’en Algérie, 70 % des eaux mobilisées dans le pays sont destinées à l’agriculture.
MOHAMED BAAZIZ – REPRÉSENTANT COMMERCIAL « G WATER SOLUTIONS »
« En Algérie, le taux de gaspillage d’eau est trop élevé »
Spécialisé dans le traitement des eaux usées et le dessalement de l’eau de mer, « G Water solutions » propose à ses clients une large gamme de procédés d’engineering, fournit le produit nécessaire au traitement des eaux usées, ainsi que le matériel pour les stations, comme les membranes, par exemple, et des services avec de formations et d’accompagnement. Une équipe 100 % algérienne, cependant, l’essentiel de ce savoir-faire provient de l’étranger. « Les meilleures solutions, elles viennent de l’étranger. En Algérie, on n’est pas vraiment à jour dans ce domaine. Pour renouveler une solution, il faut beaucoup d’argent, et il faut acheter de nouveaux logiciels. C’est simple, le prix du traitement de l’eau destinée à l’homme est plus cher que le traitement de l’eau que tu vas utiliser pour l’industrie ou l’irrigation », nous explique le responsable. Acquérir le savoir-faire étant primordial afin que l’Algérie progresse dans ce secteur sensible, certes, mais cela ne servirait à rien, en raison de l’énorme gaspillage d’eau que connaît le pays. Et d’ajouter : « Ailleurs, ce secteur est développé et il y a moins de gaspillage, comme c’est le cas chez nous. L’Algérien gaspille énormément d’eau. Il faut absolument que les usines soient équipées de stations de recyclage d’eau, comme les usines de textile, où il y a beaucoup de pertes d’eau. En Asie, toutes les usines sont dotées de ce genre de station. Quand tu recycles une eau, au pire des cas, tu peux l’utiliser dans le génie-civil ». Dans son témoignage, Baaziz cite en exemple les stations de lavage automobile. « Comme les stations de lavage, c’est vraiment un gâchis de ne pas récupérer toute cette eau utilisée pour le lavage des voitures. Le propriétaire aurait tout à gagner, en réutilisant la même eau pour d’autres véhicules, même ses factures seront moins chères. C’est un gain à 100 % », souligne-t-il.
« Le Japon, un partenaire et un leader mondial dans le traitement des eaux »
Tout en admettant qu’« En Algérie, nous n’avons pas cette culture de recyclage », notre interlocuteur reconnaît néanmoins que « c’est en cours ». « On sent bien que l’Algérie veut se développer dans ce domaine, en attendant bien-sûr l’apparition de vrais leaderships, de vrais responsables. Chaque directeur doit instruire ses équipes et les orienter vers ces processus de recyclage. Tout cela exige évidemment d’avoir des machines et du savoir-faire », dit-il d’autre part. Concernant les pays avec lesquels l’entreprise traite, le commercial dira sans hésiter qu’il s’agit du Japon. Et de poursuivre : « Nous, notre produit est japonais. C’est un partenaire développé dans ce secteur. Car contrairement à nous, qui avons une nappe phréatique immense, dans le Sud notamment, le Japon n’a pas d’eau potable, c’est de l’eau de mer dessalée. C’est peut-être ce qui explique qu’ils sont avancés par rapport à nous et beaucoup d’autres pays ». Un partenaire avec lequel l’Algérie fait affaire, mais pas uniquement dans le secteur de l’eau. En effet, selon le responsable commercial, « le Japon est aussi un partenaire important de l’Algérie dans le domaine du traitement du gaz et la construction des sites gaziers. D’une manière générale, les plus grandes affaires que nous faisons avec le Japon, c’est dans le domaine de la technologie et des énergies. La Corée aussi, c’est une puissance mondiale ». Pour ce qui est de la dynamique qui caractérise l’Algérie dans ce secteur vital, Baaziz a déclaré que « L’Algérie a diversifié ses partenaires, actuellement, le marché est ouvert. Il reste juste à négocier les prix, car il s’agit de méga-contrats. Si on développait le dessalement, on n’aurait pas besoin de toucher aux réserves souterraines, du moins, on les laisserait pour l’irrigation », note l’intervenant. Et de conclure, en exprimant l’importance pour un pays de progresser et d’accroître ses connaissances et ses infrastructures : « On a un trésor qui s’appelle l’eau, mais malheureusement on le néglige. Dans certaines régions du monde, l’eau se vend cher. Il y a des pays qui exportent et d’autres qui importent de l’eau. En Arabie saoudite, des quantités immenses d’eau transitent à travers tout le pays, via des camions. A Djeddah, il y a une station de dessalement géante, c’est des millions de mètres cubes d’eau traitées. Même eux, ce sont les Japonais qui leur ont construit leurs stations ».
Hamid Si Ahmed