Des chefs d’État et de gouvernements, des ministres, des responsables d’organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales ainsi que des acteurs du secteur privé s’étaient retrouvés, deux jours durant, dans la capitale française pour participer au 5e Forum de Paris sur la paix, dont les travaux ont débuté vendredi et se sont achevés hier.
L’objectif de cette importante rencontre c’est d’examiner les principales problématiques dans le monde, proposer des solutions pour atténuer les chocs multiples et les conséquences socio-économiques des crises et éviter une aggravation de la polarisation mondiale qui hypothèque la coopération internationale. Placé sous le thème « Surmonter la multicrise », cet évènement intervient dans un contexte complexe marqué par une pandémie qui a aggravé les inégalités mondiales et un clivage géopolitique aigu né de la guerre entre la Russie et l’Ukraine avec des retombées politiques et économiques internationales.
Du côté algérien, c’est le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, qui a pris part à cette rencontre, en sa qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
À l’occasion, Lamamra s’est entretenu avec ses homologues des Pays-Bas, du Sénégal, du Rwanda, de la Norvège, de la Croatie et de la Palestine, ainsi qu’avec le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. Les discussions ont porté sur les questions d’intérêts communs, les questions régionales et internationales.
Dans une déclaration à l’agence russe Sputnik, prononcée en marge des travaux de cette nouvelle édition, Lamamra a plaidé à ce que les exportations de produits agricoles, alimentaires notamment le blé, et les engrais russes, soient épargnées par des restrictions, interdictions ou autres sanctions qui touchent la majorité des secteurs russes en raison de la guerre avec l’Ukraine. « Les exportations de produits alimentaire et engrais russes ne devraient pas être soumises à des restrictions ou sanctions. Nous devons tout faire pour prolonger l’accord sur les exportations des céréales qui devrait arriver à terme le 19 novembre en cours», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, tout en appelant toutes les parties à agir avec de bonnes intentions pour arriver à cet objectif. « Il est important de faciliter les exportations des produits alimentaires, notamment le blé », a encore souligné Lamamra.
Vendredi, soit le jour de l’ouverture de la rencontre de Paris, une rencontre a eu lieu au Palais des Nations, à Genève, regroupant la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rebeca Grynspan, et le chef de l’agence humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, et le vice-ministre des Affaires étrangères Sergey Vershinin. Au menu : discuter des obstacles aux exportations d’engrais et de céréales russes alors que l’accord sur les céréales signé en juillet dernier arrive à terme le 19 du mois en cours. Selon des médias, citant de hauts responsables russes à Genève, les deux parties ne sont pas encore parvenues à un accord sur la question. Du coup l’accord sur les céréales pourrait ne pas être renouvelé d’où peut-être les propos de la Turquie qui avait affirmé que l’accord signé auparavant ne devait pas être fixé par un calendrier.
Le continent africain pénalisé par les sanctions
Pour rappel, le président russe Vladimir Poutine, avait déjà déploré les blocages d’engrais dans les ports européens, qui nuisent notamment aux pays africains. Le Président russe avait précisé que 300.000 tonnes de fertilisants étaient ainsi coincés dans les ports européens, alors que la Russie était prête à en faire cadeau aux pays dans le besoin.
Moscou, a par ailleurs, déclaré que les exportations d’engrais russes vers les pays amis avaient augmenté. Le 2 novembre dernier, le Mali à titre d’exemple a annoncé qu’il allait recevoir 55 000 tonnes d’engrais et de blé et 60 000 tonnes d’hydrocarbures en provenance de Russie. Alors que le Malaoui, recevra, pour sa part, la semaine prochaine des engrais venant de la Russie, a annoncé le bureau de l’Organisation des Nations unies. L’Ukraine et la Russie avaient signé cet accord pour les exportations des céréales ukrainiennes en mer Noire, lors d’une cérémonie inédite entre pays en guerre, le 22 juillet dernier.
Cet accord, négocié avec Kiev et Moscou avait permis de soulager les marchés mondiaux, les deux belligérants pesant à eux seuls 30 % du commerce mondial de blé. Le principe des exportations russes d’engrais et de produits alimentaires avait été adopté le 22 juillet en Turquie en même temps que l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui arrive à expiration le 19 novembre. L’accord est signé pour quatre mois. Vingt (20) à 25 millions de tonnes de céréales étaient en souffrance dans les silos des ports ukrainiens avant cet accord. Le mécanisme de contrôle pluripartite mis en place a permis depuis d’exporter 10,2 millions de tonnes de céréales et produits alimentaires d’Ukraine, de faire baisser les prix sur le marché mondial et de fournir certains pays, qui ont un besoin urgent de nourrir des populations affamées.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 47 millions de personnes supplémentaires sont exposées à « une faim aiguë » depuis le début de la guerre.
Brahim Oubellil