Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a signé le décret portant le nouveau point indiciaire qui sert de base de calcul du salaire des travailleurs de la Fonction publique. Une démarche qui contribuera à une augmentation mensuelle des salaires allant de 1500 à 4000 Da. En effet, le décret précisant le nouveau point indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires vient d’être publié dans le dernier numéro du Journal officiel. Il s’agit du décret présidentiel n° 22-138 du 28 Chaâbane 1443 correspondant au 31 mars 2022 qui modifie le décret présidentiel n° 07-304 du 17 Ramadan 1428, correspondant au 29 septembre. Il faut savoir que le nombre indicatif minimum prévu par ce décret remplace le nombre indicatif minimum correspondant aux grades stipulés dans les lois fondamentales particulières. Le salarié sera rémunéré, selon la catégorie à laquelle il appartient, dès l’entrée en vigueur de ce nouveau décret. Cette procédure de revalorisation salariale devant prendre effet à compter du 1er mars 2022. Cette nouvelle hausse des salaires concernera, faut-il le souligner, pas moins de 2.2 millions de travailleurs de la Fonction publique.
Boudjemaa Chihoub : « ces hausses sont en deçà des attentes »
Pour le président de l’organisation algérienne des travailleurs de l’éducation, Boujemaa Chihoub, les augmentations de salaire impliquées par la révision du point indiciaire sont décevantes et en déca des attentes. Selon lui, les travailleurs s’attendaient à des augmentations allant jusqu’à 10 000 Da, « surtout que des responsables s’étaient exprimés à ce sujet et avaient donné beaucoup d’espoir aux travailleurs », a-t-il dit. Toujours selon le syndicaliste, ces hausses de salaire sont loin de permettre notamment aux travailleurs de l’éducation de faire face à la flambée des prix, et à la cherté de la vie, d’autant que la réduction de l’IRG n’avait pas eu également l’effet escompté sur le niveau de vie, rappelle-t-il.
« Des hausses limitées »
De son côté, l’ancien directeur des ressources humaines au ministère de l’Éducation nationale, Mohamed Boukhetta, considère que bien que ces hausses de salaire permettront aux fonctionnaires de souffler un peu, notamment dans ce contexte de flambée des prix de produits de première nécessité, mais elles restent, toutefois « limitées ». Boukhetta a appelé, dans ce contexte, à la publication du texte réglementaire qui clarifie et qui cadre l’article 8 du décret 07-304. D’après le même responsable, la révision des salaires en vue de l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs devait se faire sans le recours à la modification du numéro indiciaire mais plutôt à travers la révision de la valeur du point indiciaire. Ce qui devait permettre, a-t-il expliqué, d’avoir des augmentations de salaires plus appréciables, soulignant dans ce sens que la méthode adoptée aujourd’hui par le gouvernement pour augmenter les salaires reste, difficile à expliquer, à clarifier et à justifier techniquement et juridiquement.
Boualem Amoura : « l’impact de cette mesure est insignifiant »
Pour Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), l’impact de cette mesure sera insignifiant sur les salaires. Dans sa déclaration à la presse, Amoura a expliqué que «cette augmentation se situera entre 2 000 et
6 000 DA et elle sera soumise à toutes les retenues (taxe, IRG)». «Ces augmentations n’auront aucun effet bénéfique sur le salaire des travailleurs et n’arrangeront en rien leur pouvoir d’achat». Selon lui, ces augmentations seront tout de suite absorbées par l’inflation et l’augmentation vertigineuse des prix des produits alimentaires, principalement durant ce mois de Ramadhan. Amoura a tenu à rappeler la demande du Syndicat qui est la révision de la valeur du point d’indice qui, faut-il le signaler, est fixé par l’Etat et évolue théoriquement selon l’inflation afin que les salaires suivent la hausse des prix. À noter que le point indiciaire stagne depuis 2007 à 45 Da.
Cla : « Ces augmentations ne préservent pas la dignité des travailleurs »
Le Conseil national des lycées d’Algérie, en réaction à la parution de la nouvelle grille indiciaire des salaires, s’est dit déçu de constater que les augmentations impliquées pas cette démarche soient insignifiantes et ne répondent pas aux aspirations des fonctionnaires notamment ceux du secteur de l’Éducation. Selon le syndicat, ces hausses de salaire ne préservent pas la dignité des fonctionnaires et ne pourront pas contribuer à l’amélioration de leur pouvoir d’achat tel que voulu. Pour exprimer son mécontentement, le CLA a appelé l’ensemble des syndicats de la Fonction publique à s’unir et d’aller vers une démarche de contestation commune.
Ania Nch