Les prix record, atteints par la volaille, ont constitué avec celui de la pomme de terre, les principaux indicateurs de la dégringolade du pouvoir d’achat de la grande masse des Algériens pour lesquels ces produits font partie de l’alimentation de base.
L’observatoire des filières avicoles algériennes (OFAA) a relevé pour le mois de septembre dernier une flambée exagérée des prix pour le poulet au détail. Depuis, le prix de la pomme de terre a amorcé une tendance à la baisse, certes lente mais perceptible. Le prix du poulet est resté au- dessus de la moyenne- autour de 300 DA/kg- qu’on lui connaissait et l’œuf est vendu à 16 DA s’éloignant des 12 DA qui a été longtemps son prix à l’unité. La spéculation est inévitablement citée comme un des facteurs majeurs dans les hausses des prix injustifiées. Le Conseil des ministres réuni le 17 octobre avait examiné cette question et pris des mesures, notamment la «révision du Code pénal pour l’adapter à la nouvelle conception de l’échelle des peines renforcées, notamment celles décidées pour lutter contre la spéculation, lesquelles peuvent aller jusqu’à 30 ans de prison et la perpétuité dans certains cas». Le Président Abdelmadjid Tebboune avait insisté sur l’importance du rôle responsable de la société civile et des médias dans la lutte contre les pratiques commerciales déloyales. Il avait imputé ces pratiques à des «parties qui tentent d’augmenter les prix pour susciter le chaos et semer le désespoir». De ce fait, la «spéculation illicite» sort de son cadre «affairiste» pour s’inscrire dans celui du «plan de déstabilisation». Les ménages aux revenus moyens et modestes sont les premières victimes de ces pratiques déloyales contre lesquelles les promesses faites par le ministère du Commerce de contrôler la situation ne peuvent rien, tout le monde l’a constaté. Les barons de l’informel et de la spéculation ont montré qu’ils sont en mesure d’intervenir sur n’importe quel produit de large consommation et le mettre hors de portée du pouvoir d’achat de la grande masse des Algériens, déjà durement éprouvés par les impacts de la pandémie de coronavirus sur leurs emplois et leurs revenus. Le marché de la volaille est dominé par l’informel et les intermédiaires, et au moindre signe de déséquilibre de la chaîne dans cette filière, les spéculateurs sont là pour tirer profit au maximum de la situation. Au début de ce mois, les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté le projet de loi portant lutte contre la spéculation illicite. Elle permet aux associations de wilayas, tout comme les associations nationales, de se constituer partie civile devant les juridictions pour les affaires de spéculation. Ce fléau n’est pas le seul facteur à l’origine de la flambée sans précédent des prix du poulet. Les spécialistes citent également la hausse des cours sur le marché mondial, des intrants importés (maïs, soja, poussins reproducteurs, vaccins…). En octobre dernier, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural avait annoncé être parvenu à un accord avec les opérateurs économiques spécialisés dans la production de poussins, un des principaux intrants dans la filière avicole. Les producteurs de poussins ont accepté de réduire leurs prix, avec un impact sur les prix de la volaille, une fois la période de production achevée. Après une première opération de ce genre en septembre dernier, saluée par les éleveurs, l’Office national des aliments du bétail (ONAB) a agi sur le prix des poussins en procédant, en octobre, à une nouvelle réduction pour les vendre au niveau de ses unités avicoles régionales à 100 DA l’unité. Le but était de stabiliser le prix de la volaille à un coût acceptable et d’encourager les éleveurs à relancer leur activité à travers des mécanismes visant à éviter la spéculation et le monopole sur le prix des poussins. Des programmes d’investissement pour la production des matières premières, notamment le maïs, actuellement importées, ont été lancés pour réduire la dépendance de cette filière vis-à-vis du marché extérieur.
M’hamed Rebah