La présidente de l’américaine Western Sahara Foundation, Suzanne Scholte, a, dans une lettre envoyée hier à la Maison Blanche, demandé au président Joe Biden de « réexaminer » la position des États-Unis vis-à-vis du Sahara occidental et de « revenir » sur la décision de son prédécesseur Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur une partie occupée du Sahara occidental.
«Nous vous écrivons pour vous demander de revenir sur la décision » de l’ex-président Donald Trump relative à la prétendue reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et de « réexaminer la position des États-Unis en ce qui concerne le conflit dans ce territoire » occupé par le Maroc depuis 1975, écrit Mme Scholte dans sa lettre envoyée au nom de la Campagne pour mettre fin à l’occupation marocaine du Sahara occidental.
Pour la présidente de la Fondation américaine pour le Sahara occidental, la décision unilatérale de Trump, en échange de la « normalisation » entre le régime marocain et l’entité sioniste « ignore tous les principes du droit international qui ont formé la pierre angulaire de la politique américaine depuis la création du pays ». Cette démarche, ajoute la lauréate du prix de la paix de Séoul, est « désastreuse » d’un point de vue politique et intervient « à un moment où nous devons réparer, et non affaiblir davantage, les relations entre les États-Unis et leurs alliés ». Elle a réaffirmé que la position du Maroc à l’égard du Sahara occidental « viole clairement le droit international ». Mme Scholte, également présidente de Defense Forum Foundation, rappelle en outre que « tout au long de l’occupation du territoire par le Maroc, il y a eu des violations généralisées des droits de l’homme des Sahraouis », citant entre autres la « torture, les disparitions, les arrestations arbitraires, les traitements inhumains dans les prisons, les procès inéquitables et les meurtres », tous « rapportés par des organisations telles que Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, l’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (RFKCenter) et le HCR ». « Pourquoi les États-Unis ont-ils continué à soutenir un pays qui a ouvertement transgressé les normes du droit international, commis de nombreuses violations des droits de l’Homme, n’a pas tenu ses promesses vis-à-vis des Nations unies et des Sahraouis d’organiser un référendum d’autodétermination…? », s’interroge la présidente de US Western Sahara Foundation.
La décision de Trump ou « une approbation silencieuse des colonies de peuplement israéliennes en Palestine »
Les États-Unis ont « peu à gagner et beaucoup à perdre en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Cela ne sert pas non plus l’intérêt politique des États-Unis de continuer à soutenir la position du Maroc à l’ONU », souligne également Mme Scholte. Dans sa lettre, la présidente de l’ONG américaine estime, par ailleurs, que la décision de Trump « peut être considérée comme une approbation silencieuse des colonies de peuplement israéliennes sur des terres qui devraient être accordées aux Palestiniens ». À cet effet, elle appelle le nouveau président Biden à « réfléchir à l’impact du rôle des États-Unis dans le conflit du Sahara occidental sur la crédibilité et l’image des États-Unis dans les pays du tiers monde, sans parler de nos alliés en Europe ». « Vous avez signalé votre intention de réparer les dommages causés à la crédibilité des États-Unis par l’ancienne administration. Cependant, essayer simplement de réparer l’image des États-Unis avec de nobles discours n’éliminera pas le manque de respect que les peuples du monde ont pour les décideurs politiques des États-Unis », écrit encore Mme Scholte à l’adresse de Biden. Enfin, elle demande au nouveau locataire de la Maison Blanche de « planifier dès que possible » une réunion entre les représentants de la Campagne pour mettre fin à l’occupation marocaine du Sahara occidental et l’administration américaine pour, dit-elle « discuter de cette question ».
M. Bendib