Tenue dans des conditions sanitaire difficiles, du fait de la propagation de la pandémie de Coronavirus, « ce qui témoigne d’une véritable volonté d’aller de l’avant dans la concrétisation des nobles objectifs tracés par les pères fondateurs et affirmée par les sommets successifs de l’UA », selon le Premier ministre Abdelaziz Djerad, qui a déclaré que la Zone de libre-échange africaine (ZLECAF), dont le lancement effectif est prévu début 2021, constituait pour l’Algérie « un choix stratégique », appelant à « davantage d’efforts pour aplanir les difficultés qui persistent et régler les questions en suspens».
En effet, dans son allocution aux travaux de la 13e Session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) tenus en visioconférence, Djerad a déclaré que « pour l’Algérie, la ZLECAF est un choix stratégique, exigeant une conjugaison des efforts pour aller de l’avant dans la concrétisation des objectifs de développement de notre continent et de nos pays, et la consolidation de la paix et de la sécurité, étroitement liée aux progrès du développement économique ». Le Premier ministre a estimé que « l’avancement » réalisé, aujourd’hui, dans l’activation de cette zone, dont le lancement sera effectif à partir de janvier 2021 avec le début des échanges de marchandises et de services, sans restriction entre les pays membres, nous incite à consentir davantage d’efforts pour aplanir les difficultés qui persistent et régler les questions en suspens ». Estimant que les difficultés et question « peuvent impacter l’activation totale de la Zlecaf », Djerad a cité, notamment, celles ayant trait aux règles d’origine, aux tarifs douaniers et aux listes d’engagements relatifs au commerce de services. Il a souligné, dans ce sens, « l’adhésion de l’Algérie au consensus enregistré au niveau des instances de négociation, concernant les questions en suspens en lien avec les règles d’origine », assurant que « l’élaboration des offres tarifaires du commerce des biens et des services et des offres préliminaires des secteurs prioritaires pour le commerce de services algérien, est en voie de finalisation ».
Commerce inter-africain : une hausse de 16 % à 52 %
La création de la Zlecaf, a estimé le Premier ministre, «est une opportunité cruciale pour intensifier et développer le commerce inter-africain », qui devrait connaître, a-t-il ajouté, « une hausse significative, en sus de la consolidation des objectifs de complémentarité et d’intégration continentales à travers le commerce et l’investissement, deux éléments clé pour le soutien de la croissance et du développement économique durable ». « Avec un marché de 1,2 milliard de personnes, d’une valeur de 3 000 milliards USD et un Produit intérieur de 2,5 milliards USD, les potentialités et les capacités économiques de l’Afrique connaîtront une exploitation optimale grâce aux flux commerciaux intracontinentaux qui devront avoisiner les 52% au lieu du taux actuel, qui ne dépasse pas 16% », a-t-il fait remarquer. Djerad a relevé, également, que «le développement du commerce interafricain contribuera au développement des chaînes de valeurs régionales, de l’industrialisation et de la création des opportunités d’emploi », ajoutant que « le démantèlement tarifaire progressif entre les États africains, à hauteur de 90% de positions tarifaires sur 5 ans, donnera la priorité aux entreprises africaines afin de répondre aux besoins croissants du marché africain et de profiter de ses avantages».
L’Algérie, l’un des premiers pays à ratifier l’accord
« Convaincue de l’importance de la complémentarité économique africaine, l’Algérie a été parmi les premiers pays à ratifier l’accord de création de la Zlecaf, lors de la 10e session extraordinaire du Sommet des chefs d’État et de gouvernement en mars 2018, et a pris part, régulièrement et efficacement, depuis le lancement des négociations en 2016 à toutes les réunions des instances de négociation et à tous les niveaux », a rappelé le Premier ministre. Ajoutant qu’« elle a également donné une dimension importante à ce projet en œuvrant à la mise en place d’une haute entité chargée de la gestion et du suivi de ce dossier stratégique ». Djerad a rappelé, dans ce sens, l’entérinement récemment par le Parlement algérien de l’Accord de création de la Zlecaf, le dépôt des instruments de ratification devant se faire dès le parachèvement des procédures internes. Mettant en en exergue « la vision de l’Algérie tendant à conférer aux infrastructures nationales et projets structurants régionaux, un caractère complémentaire et intégré », il a souligné que cette vision s’inscrit en droite ligne de sa fidélité constante à sa dimension africaine, à ses engagements continentaux et à sa politique de solidarité envers les pays africains. « Des projets qui profiteront, inéluctablement, à la Zlecaf, en ce sens qu’ils garantiront le soutien logistique indispensable, notamment à travers la Transsaharienne Alger – Lagos (Nigéria), le Gazoduc entre l’Algérie et le Nigéria, la liaison fibre optique Alger-Abuja et le port de Cherchell, en tant que hub de fret maritime ». Pour rappel, le lancement officiel de la Zlecaf prévu initialement en juillet 2020, avait été reporté au 1er janvier 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, marque une étape importante dans l’avancement de l’intégration économique africaine. Cette dernière représente, selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA-ONU), un marché potentiel de 1,2 milliard de consommateurs actuellement et près de 2,5 milliards en 2050, constituant un espace commercial des plus importants dans le monde; elle devrait cependant jouer un rôle décisif dans l’intensification du commerce intra-africain, grâce à la seule suppression des droits de douane sur les marchandises, la part du commerce interafricain devrait augmenter d’environ 40 % à plus de 50 %, en fonction du niveau d’ambition de la libéralisation en 2040 , selon la même source. À lui seul, le commerce intra-africain des produits industriels devrait augmenter d’environ 25 à 30 % ; pour les produits agricoles et alimentaires, l’augmentation se situerait entre 20 et 30 % ; elle serait comprise entre 5 % et 11 % dans les secteurs de l’énergie et des produits miniers ; les secteurs industriels qui bénéficieraient le plus de la réforme de la Zlecaf, en termes d’expansion du commerce, sont le textile, l’habillement, le cuir, le bois et le papier, les véhicules et le matériel de transport, l’électronique et les métaux. Pour ce qui est des secteurs agricoles, il s’agit du sucre, des légumes, des fruits, des noix, des boissons, du tabac, de la viande et des produits laitiers.
S. Oubraham