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LA CLASSE POLITIQUE NATIONALE ET LA RÉSOLUTION DU PARLEMENT DE L’UE : Entre silence et «à-plat-ventrisme»

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Même si elle n’est pas contraignante, la dernière résolution du Parlement européen sur l’Algérie aurait dû pousser la classe politique nationale à réagir. Malheureusement, ces partis versent actuellement dans une position de réaction sélective qui dénote non seulement de leur cécité politique, mais aussi de leur nature attentiste à l’origine de leur faible ancrage populaire.

Ces partis qui ont réagi quand le président français Emanuel Macron a, dans un entretien, affirmé qu’il saluait le courage du président de la République Abdelmadjid Tebboune et qu’il était prêt à l’aider à gérer une transition démocratique, ont été frappés de mutisme après la résolution du Parlement européen. Pour eux, Macron a fait preuve d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie. Si on suit leur raisonnement, toute déclaration sur l’Algérie émanant d’un responsable étranger est une forme d’ingérence qui devrait être dénoncée. Comment alors tolérer la résolution du Parlement européen, et sur quel principe politique se sont appuyés ces formations pour laisser passer une ingérence manifeste dans les affaires de l’Algérie ? Au lieu de réagir pour condamner, au moins pour la forme, cette résolution, Mohcine Belabbas, le président du RCD, l’adopte, sur sa page Facebook, tout en se transformant en donneur de leçons. « Outrance dites-vous. Comment peut-on alors qualifier la condamnation du journaliste Khaled Drareni à deux années de prison ferme ? Comment peut-on qualifier le maintien sous mandat de dépôt de plusieurs détenus d’opinions, à l’instar de Rachid Nekkaz, depuis plus d’une année et le refus de programmer leur procès ? Comment qualifier la fermeture hermétique des medias au débat pluriel et le refus de donner des autorisations, y compris, pour les réunions des organes de direction des partis politiques ? », se permet-il de déclarer.
Il se veut également moralisateur en citant un chapelet de griefs contre le Parlement algérien. « Le problème est plutôt dans le silence du parlement algérien depuis près de deux ans sur les violations des lois et les atteintes répétées aux droits et aux libertés. Plus grave, il vote des lois liberticides qui viennent au secours de la répression judiciaire. Il est aussi dans l’absence, ne serait-ce que d’un débat parlementaire tout au long d’une révolution qui marquera à jamais l’Histoire et la mémoire ».
Et le premier responsable du RCD s’était permis, il y’a quelques jours, sur sa page Facebook d’adresser une réponse au président français en affirmant que sa dernière déclaration sur l’Algérie et la gouvernance en Afrique est plus qu’une simple ingérence mais la révélation que la France est aux manettes d’une feuille de route pour notre pays ». Dans sa sortie, il a emboité le pas à Karim tabou, porte-parole du parti non-agréé l’UDS, qui avait, lui aussi, franchi toutes les barrières de la bienséance diplomatique en adressant de véritables remontrances au président français Emanuel Macron.
Mis à part ces réactions, tous les autres partis, se sont terrés, gâchant une véritable occasion de faire de la politique productive qui pourrait leur attirer la sympathie d’une bonne partie des citoyens. L’électorat se gagne par la présence sur la scène politique. On ne peut pas se prévaloir du titre de formation politique si on ne se sent pas interpellés par des déclarations et des positions, hautement politiques, qui concernent le pays. Ils ont raté l’occasion de faire barrage commun devant l’ingérence du Parlement européen, tout comme ils ont prouvé qu’ils sont loin des us et des mœurs politiques. Quand un État étranger, ou une institution régionale ou mondiale cite l’Algérie, cela nécessite, forcément, une réaction politique à la mesure du tort causé au pays. Un front interne se construit par la conjugaison des efforts de tous pour être en mesure de contrer des attaques venues d’ailleurs. Mais le silence complaisant affiché par certains partis politiques nous pousse à émettre de grands doutes sur leur capacité à être dans le front large qui doit baliser le chemin vers l’Algérie nouvelle. Soixante formations politiques qui auraient pu faire un grand boucan et rabattre le caquet au Parlement européen ont été frappées d’aphonie. Ce qui renseigne sur leur ancrage populaire et sur leur capacité à être partie prenante dans la dynamique de l’Algérie nouvelle, dommage… !
Slimane Ben

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