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OLIVIER LE COUR GRANDMAISON SUR LE MASSACRE D’ALGÉRIENS DU 17 OCTOBRE 1961 : « Un crime d’État et un crime contre l’humanité »

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Déclarant que Paris organisait des monuments commémoratifs chaque année pour le massacre d’algériens, du 17 octobre 1961, au plein cœur de la capitale parisienne, le politologue et chercheur Olivier Le Cour Grandmaison a affirmé, hier, que ces moments commémoratifs « ne sont pas suffisants ».

Il a relevé que «certaines déclarations ont été faites par des responsables mais les plus hauts gradés de l’État français n’ont pas reconnu le crime qui a été commis délibérément » a-t-il,, soutenu, hier, à l’Agence turque, Anadolu. Alors que la France a tenté de cacher l’ampleur et la répression féroce dont ont été victimes les algériens, hommes,  femmes et enfants, tout âge confondu, sortis manifester pacifiquement à Paris, le 17 octobre 1961, contre le couvre-feu qu’il leur a été imposé, ce n’est qu’en 1998 que la France officielle avait annoncé que « seules 40 personnes avaient été tuées », persistant, non seulement à nier, « un crime contre l’humanité » comme souligne Olivier Le Cour Grandmaison, hier, à l’APS, mais cacher le nombre des victimes de la barbarie policière du préfet de Paris, Maurice Papon. À l’occasion du 59ème anniversaire de cette page de l’Histoire du système colonial français, en Algérie et contre les algériens établis en France, des demandes d’accès aux archives à Paris, sur ce massacre ont été refusées, dont celle de l’agence turque. Celle-ci a fait savoir, hier, que sa demande a été refusée, par «le département de la mémoire et des affaires culturelles » qui a invoqué, indique la même source en raison « des restrictions du COVID-19 » est-il précisé. Hier, l’auteur du livre « coloniser, exterminer : sur la guerre et l’État colonial » le politologue, Grandmaison a relevé, hier, dans ses réponse à l’APS, sur le massacre du 17 octobre 1961  la « pusillanimité » des présidents français successifs et leurs gouvernements de reconnaître les massacres commis à Paris, contre les algériens, en cette nuit glaciale d’octobre. Indiquant que depuis 1991 et plus encore en 2001, date de la mise en place d’un collectif unitaire réunissant de nombreuses associations, organisations syndicales et partis politiques en France, à l’occasion du quarantième anniversaire de commémoration de ces massacres, en plein Paris, ce collectif,  affirme Grandmaison continue de « demander aux plus hautes autorités françaises de reconnaître qu’un crime d’État particulièrement terrible a été commis alors », a rappelé Grandmaison. Enseignant des sciences politiques et la philosophie politique en France, Il a notamment publié, faut-il le rappeler, « 17 octobre 1961, un crime d’État à Paris »  (collectif La Dispute 2001) ».

Les victimes algériennes assassinées à Paris « l’ont été pour des motifs politiques et raciaux en exécution d’un plan concerté »
Qualifiant de » crime contre l’humanité » les massacres commis par la police française contre des Algériens sortis manifester pacifiquement le 17 octobre 1961 à Paris contre un couvre-feu discriminatoire des autorités françaises, l’interviewé de l’APS, a affirmé que les victimes algériennes assassinés en cette nuit à Paris « l’ont été pour des motifs politiques et raciaux en exécution d’un plan concerté ». Le système politique colonial étant qualifié dans les documents internationaux, et notamment par ce que l’histoire des peuples colonisés enseigne, étant un système politique érigé contre les droits de l’homme des peuples colonisés, celui-ci s’est appuyé sur une politique répressive, usant, d’exterminations, de torture, d’enfumades, de déportation de population, de bombardements de civils, de camps de concentration, de la politique de terre brulée, et à Paris de répression policière féroce d’algériens, jusqu’à les jeter dans la Seine « un crime d’État particulièrement terrible commis » lors des massacres du 17 octobre 1961, à Paris, sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Dans son livre « coloniser exterminer : sur la guerre et l’État colonial», Olivier Le Cour Grandmaison cite, faut-il le noter, des écrits et des documents qui préconisaient « l’anéantissement des populations autochtones », en l’occurrence le peuple algérien, qui a été confronté, à une colonisation de peuplement, faut-il le rappeler. Pour l’un des spécialistes reconnus des questions liées à l’histoire coloniale française, notamment en Algérie, Grandmaison, a fait observer, hier, dans ses déclarations à l’APS, que , jusqu’à présent, « il n’y a que l’ex-président français, François Hollande qui « s’est contenté de qualifier ce qui s’est passé de -‘sanglante répression’ -» qui est, selon lui « très en-deçà de la réalité et des revendications du collectif (précité NDLR) ». Relevant que de nombreuses initiatives, dont citoyennes, ont été prises pour que nul n’oublie, citant, érection de stèles à la mémoire des victimes, plaque commémorative au Pont Saint-Michel à Paris, Boulevard du 17 octobre 1961 à Nanterre, square du 17 octobre 1961 à Givors et d’ajouter que «  les rassemblements se sont désormais étendus à de très nombreuses villes françaises ». Pour le politologue « la pusillanimité des gouvernements et présidents de la République, qu’ils soient de droite ou de gauche., tous refusent de s’engager plus » et de relever que l’actuel locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron « se comporte comme ses prédécesseurs, sans doute pour ne pas heurter un électorat de droite qu’il courtise de façon régulière désormais en vue des élections présidentielles qui approchent », a-t-il opiné.
Karima Bennour

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