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Cinéma chinois : « The Eight Hundred », de Guan Hu, évoque la guerre sinojaponaise

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Pour inciter les Chinois à retourner au cinéma après six mois d’abstinence, les distributeurs ont misé sur une superproduction : The Eight Hundred (« Les Huit cents »). Ce film patriotique dont le coût – 80 millions de dollars (67 millions d’euros) – a d’ores et déjà été plus qu’amorti est sorti le 21 août. Réalisé par Guan Hu, il a, en moins d’une semaine, engrangé plus de 188 millions de dollars de recettes. Un succès d’autant plus remarquable qu’actuellement, seul un fauteuil sur deux peut être occupé dans les salles obscures du pays. La Chine a imposé une utilisation de seulement 50% de la contenance des salles de cinéma pour maintenir la distanciation sociale. Pour les professionnels du cinéma, ce film restera dans les annales pour être la première œuvre asiatique entièrement tourné avec des caméras IMAX. Mais c’est surtout son scénario, a priori politiquement incorrect, qui le rend intéressant. Ce film de 2 h 27 revient sur un épisode réel de la guerre sinojaponaise. En octobre 1937, alors que les Japonais ont bombardé Shanghaï à l’exception du quartier des concessions occidentales, quelques centaines de soldats chinois défendent coûte que coûte un vaste entrepôt. Ils savent qu’ils n’ont aucune chance. L’armée impériale japonaise est convaincue qu’elle en viendra à bout en trois heures. Pourtant, quatre jours seront nécessaires pour qu’elle puisse prendre possession de ce bâtiment de plusieurs étages, propriété d’un consortium bancaire, qui n’est plus qu’une ruine. L’entrepôt n’étant séparé des concessions que par une petite rivière, la Suzhou, cette résistance acharnée est menée sous les yeux des civils chinois réfugiés au sein de celles-ci, tout comme les journalistes occidentaux qui couvrent la guerre.
Au troisième jour, pour sensibiliser l’opinion publique à la veille d’une conférence internationale qui doit se tenir à Bruxelles, les Chinois vont même provoquer les Japonais en hissant, au péril de leur vie, le drapeau national : celui de la République de Chine, rouge à l’exception du coin supérieur gauche orné d’un soleil blanc sur fond bleu. Car ces soldats ne sont pas communistes. Ces héros sont des soldats de l’armée du Kuomintang, les nationalistes qui, en 1949, se réfugieront à Taïwan. Cet épisode du drapeau apporté du quartier des concessions par une jeune Chinoise qui a traversé la rivière à la nage, au péril de sa vie, est d’ailleurs au cœur d’un film, Eight Hundred Heroes (« huit cents héros »), réalisé, à Taïwan, par les nationalistes en 1976. Depuis l’arrivée de Mao au pouvoir à Pékin en 1949, les écoliers chinois apprennent que ce sont les communistes qui se sont opposés aux Japonais et non les nationalistes, souvent présentés comme des collaborateurs. Le film réhabilite donc ces derniers. L’audace de Guan Hu n’a pas plu à tout le monde. Son film est en fait achevé depuis plus d’un an. Il aurait même dû être présenté en ouverture du Festival de Shanghaï en juin 2019. Mais au dernier moment, il a été déprogrammé « pour des raisons techniques ».Un faux départ qui n’a pu que ravir les membres de l’association de recherche China Red Culture. Créée par des universitaires et des experts communistes, cette association, qui avait vu le film en avant première, jugeait qu’il faisait la part trop belle au Kuomintang et qu’il était mal venu de diffuser le film l’année même où l’on célébrait les 70 ans de la République populaire.

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