L’ambassadeur de la république arabe sahraouie à Alger, Abdelkader Taleb Omar a affirmé, hier à Alger, que la situation de statu quo, qui se traduit, par la non organisation par les Nations unies du referendum d’autodétermination du peuple sahraoui et la non nomination, depuis 16 mois, de l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental « est inacceptable », appelant le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités à faire respecter et appliquer le droit international au Sahara occidental, question de décolonisation, inscrite dans l’agenda de l’ONU.
Rappelant dans son intervention la teneur de la lettre du président sahraoui, Secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, envoyée à Antonio Guterres, SG de l’Onu, dans laquelle, il a souligné que « le cessez-le-feu, (conclu sous l’égide de l’ONU en 1991 entre le Maroc et le Front Polisario : NDLR), un moyen pour créer les conditions de la tenue du référendum», le diplomate sahraoui Abdelakader Taleb Omar a réaffirmé « la force de la légitimité de la cause du peuple sahraoui et sa lutte pour l’indépendance ». Intervenant à la Conférence tenue à l’occasion de la célébration, hier, de la Journée internationale pour la Paix, le diplomate sahraoui a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilité en matière de respect et de promotion de la paix et de la sécurité dans le Monde, par « l’application du droit international au Sahara occidental » affirmant que la colonisation marocaine des terres sahraouies « est un crime, une violation des droits de l’Homme du peuple sahraouis et une menace permanente sur la paix ». Étaient présents à cette conférence, l’ambassadeur de l’Afrique du Sud à Alger, le Chargé d’affaires de l’ambassade du Vietnam à Alger, Mai Pham Cao Thang, le général- major à la retraite, Abdelaziz Medjahed, directeur général de l’Institut national des études et de stratégie globale(INESG), le président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Bouzid Lazhari, des représentants d’associations de soutien aux causes palestinienne et sahraouie, des universitaires et des professionnels des médias nationaux. La rencontre initiée par l’ambassade de la RASD en Algérie, l’association Machaâl Echahid, le Réseau des Journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui, et le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS),a vu les interventions, par vidéo-conférence, du président du Comité européen solidaire avec le peuple sahraoui, Pierre Galand, président de la Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) et de Carmelo Ramirez, président de la Fédération des institutions espagnoles de solidarité avec le peuple sahraoui. Si pour Pierre Galand, la célébration, hier, de la Journée internationale de la paix est un rappel à l’ordre aux acteurs de la scène internationale, notamment les membres permanents du Conseil de sécurité, pour œuvrer de manière effective à promouvoir la paix dans un monde, qui s’est vu plongé dans de nouvelle guerres et conflits, citant la Syrie, la Libye et le Yémen, « il est urgent de mettre fin aux souffrances qui n’ont que trop duré, des peuples sahraoui et palestinien ». Soulignant dans son intervention, que « l’occupation marocaine du Sahara occidental est une violation des Droits fondamentaux du peuple sahraoui et du droit international» , Pierre Galand affirme que « le refus de Rabat à se conformer à la Légalité internationale, laquelle consacre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est une menace sur la Paix » a-t-il averti. Poursuivant, il dira que le Conseil de sécurité « est particulièrement responsable à faire respecter le Droit international et à exiger l’application du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui ». Quant à son camarade espagnol, dans leur combat de soutien à la lutte du peuple sahraoui pour l’indépendance, qui n’a pas manqué de souligner que la Paix dans le monde a été bousculée, par les guerres que mènent des puissances, en Syrie, Libye, Yémen, pour ne citer que ces pays, il a mis en avant les liens indissociables entre « la Paix et le respect des droits de l’Homme dont ceux des peuples ». Poursuivant après avoir pointé du doigt l’entêtement des autorités marocaines et de pays occidentaux dans leur soutien à la colonisation du Sahara occidental, Il dira que « la Paix rime avec le respect des Droits de l’Homme et de la légalité internationale », invitant les membres du Conseil de sécurité « à tenir le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui ».
AHMED KATEB, SPÉCIALISTE EN RELATIONS INTERNATIONALES : « Le Maroc s’appuie sur Israël pour faire passer ses thèses à Washington, Paris et l’ONU »
Animant la conférence de presse autour de la thématique «Le Parallèle entre la colonisation israélienne de la Palestine et la colonisation marocaine du Sahara occidental », Ahmed Kateb rappelle le rôle joué , par le « Club Safari », suite à sa mise en place en 1976, notamment lors de sa rencontre réunissant, le marchand d’armes saoudien Adnan Khashoggi, du secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, du président kenyan Jomo Kenyatta et du chef du Mossad israélien Yitzhak Hofi qui aurait informellement participé, aux côtés du chef du renseignement marocain Ahmed Dlimi, son homologue saoudien Kamel Adham, le comte Alexandre de Marenches du SDECE et du général Nematollah Nassiri chef de l’agence de renseignement iranien du temps du règne du Chah. S’appuyant dans son intervention par une projection de photos, images et textes, le chercheur universitaire, note que le conseiller du défunt roi HassanII, Andrey Azoulay a également le titre de président du Centre Shimon Perez pour la Paix et que «ses réseaux sionistes en France comme aux États Unis sont mis au profit de la politique coloniale du Maroc». Ce qui s’est traduit, faut-il le noter, dans les années 80, période qui a vu Rabat ériger le mur de la honte séparant en deux le territoire du Sahara occidental, laquelle violation d’un territoire et du droit d’un peuple à vivre indépendant et libre, a été reproduite, par l’entité sioniste sur les terres palestiniennes, en plus de la politique de l’expansion des colonies en Palestine, et le Maroc opère une colonisation de peuplement dans les territoires sahraouis encore sous son occupation.
Et c’est ces similitudes et soutiens mutuels, de leur politique coloniale, en Palestine, pour israël et le Sahara Occidental pour le Maroc qui se manifeste, souligne le spécialiste des relations internationales Ahmed Kateb par l’usage par Rabat de la carte israëlienne, notamment via le lobbying sioniste pour peser, affirme le conférencier « sur les décideurs à Washington, Paris et à l’ONU pour les amener à adopter les thèses marocaines sur l’autonomie du Sahara occidental », thèse en violation du Droit international, s’agissant du Sahara occidental, question de décolonisation inscrite à l’ONU et à l’Union africaine (UA). La normalisation des relations entre des monarchies du Golfe avec l’entité sioniste, célébrée en grande pompe à Washington, a été l’occasion d’annoncer d’autres qui vont suivre, dont le Maroc, selon la presse israélienne. Concluant le conférencier dira que « Rabat adopte la même stratégie de fuite en avant que pratique Israël pour faire capoter tout plan international, (onusien –africain) susceptible » conclut-il « d’aboutir à l’autodétermination du peuple sahraoui ».
AMARI TAHER EDDINE, PROFESSEUR UNIVERSITAIRE : « Les tensions dans la Méditerranée orientale ne sont pas sans lien avec l’occupation marocaine des eaux du Sahara occidental »
Abordant la primauté du Droit international sur le droit de la force et des intérêts des puissants dans leurs soutiens à la colonisation marocaine au Sahara occidental, en vue d’asseoir une réelle paix, dans la région nord-africaine, par le respect et l’application du droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination, le professeur Amari a mis en exergue la portée des décisions de justice de la Cour européenne, rendant caduc les accords UE-Maroc, car incluant le Sahara occidental.
Il souligne que lors de ces deux décisions, en décembre 2015 et 2016, la Cour de justice européenne a mis en lumière, « l’absence d’aucun droit du Maroc sur le Sahara occidental » lequel territoire est soumis à un processus de décolonisation, selon les résolutions de l’ONU pour une dernière question de décolonisation en Afrique. Pour le conférencier, « on ne peut parler de paix, aujourd’hui, alors que les droits de l’Homme ne sont pas respectés au Sahara occidental et que son peuple souffre du joug colonial marocain » à ce jour, « en raison de la non tenue du référendum d’autodétermination, selon le Droit international ». Poursuivant, le professeur à l’université de Tizi-Ouzou affirme que « l’ONU n’assume pas à ce jour ses responsabilités pour faire respecter par Rabat la Légalité internationale » ce qui constitue, souligne-t-il « une menace pour la paix ». Dans leur traitement de la question de décolonisation du Sahara occidental, les membres du Conseil de sécurité « traitent et gèrent cette question stratégiquement » d’où le statu quo qui perdure sans mettre fin à la dernière question de décolonisation en Afrique. Poursuivant, il n’a pas manqué, lors de son intervention de mettre en avant, l’importance de prendre en compte « ce qui se déroule comme tension dans la Méditerranée orientale et l’occupation marocaine du Sahara occidental, lequel pays colonisé, donne sur l’atlantique », a-t-il conclu.
Karima Bennour