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«Ladjdar» : Premier numéro de la revue sur le patrimoine matériel et immatériel

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«Ledjdar» est le titre de la nouvelle publication entièrement dédiée au patrimoine culturel matériel et immatériel algérien.

Éditée récemment par le ministère de la Culture, cette revue spécialisée trimestrielle inaugure son premier numéro par une édition de 120 pages qui s’ouvre sur un dossier dédié aux « Palais et fortifications de l’Emir Abdelkader » en plus d’autres contributions de spécialistes et universitaires sur les tombeaux funéraires des Djeddars de la région de Frenda (Tiaret), le parc du Tassili N’Ajjer, le tapis du M’zab ou encore les bijoux traditionnels d’Ath Yenni. Le contenu a donc a recherché la profondeur et l’exience en matière d’étude et d’analyse, d’autant que les textes sont signés par des plumes connues, du moins de la part des spécialistes en la matière.
L’universitaire Abdelkader Dahdouh siGNE un article étoffé qui est plus qu’une visite guidée à travers les vestiges des palais et fortifications de l’Emir Abdelkader.
On sait que l’émir a adopté une véritable stratéie en matière de lutte contre le colonialisme et a essayé d’endiguer son implantation sur le territoire national.
Ainsi, il a érigé ses forteresses dans certaines villes, en y créant des ateliers de fabrication de fusils et même de poudre. Par la suite, son territoire s’est étendu jusqu’au Sud, aux environs de Biskra, avant de créer son gouvernement nomade, la célèbre Smala, une véritable cité ambulante dotée d’une bibliothèque de plu sieurs milliers de livres. Dahdoud évoque les kalâa de Tagdemt au sud de Mostaganem, Boughar au sud de Médéa, Taza dans la localité de Miliana et Saïda à Mascara qui constituaient une ligne de défense de l’Émir. Évidemment, l’armée coloniale était toujours à la recherche de l’Émir, et a réussi à démanteler ses réalisations, en dépit des accords signés avec lui et qui lui ont néanmoins permis de préserver des acquis en ralentissant l’avancée de la colonisation. Cette dernière a d’ailleurs vite compris sa ruse, d’autant que dans les accords il n’a jamais reconnu la souveraineté française sur l’Algérie.
Pour avoir travaillé sur les anciens sites, l’archéologue fait un descriptif détaillé de chacune des fortifications et revient sur la destruction de ces citadelles par les colonialistes.
Abdelkader Dahdouh nous donne aussi un aperçu des pièces de monnaie de l’Émir Abdelkader, preuve qu’il avait une vision globale de l’État.
Abdelkader Dahdouh, qui a été récemment nommé à la tête de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels, signe aussi un texte sur les treize tombeaux funéraires des Djeddars dans la région de Frenda dont la construction remonte à la fin du IVe siècle pour les plus anciens.
Les fameux tombeaux de Frenda se trouvent dans la même région où Ibn Khaldoun a écrit sa célèbre Mouqadima. En effet, sise dans les Hauts Plateaux, aux portes du désert, à 50 km de Tiaret, Frenda tire son nom d’un mot berbère voulant dire « se cacher ici ». L’auteur des Prolégomènes s’y réfugia pendant quatre années avec sa famille, auprès de la tribu d’Ouled Arif, à Kalaat de Béni Salama.
Ce texte nous montre que l’histoire la plus lointaine de notre pays se mêle à un passé plus récent pour rester vivace. Âgés pour certains de plus de 16 siècles, les djeddars de Frenda, ces pyramides uniques en leur genre au nombre de treize ont été érigées sur deux collines voisines dans le nord du pays. Elles gardent de nombreux secrets pour les chercheurs.
La revue comporte également des articles sur la stratégie de préservation et de restauration de la mosaïque, les danses accompagnant l’Ahellil classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco en 2008, sur le parc du Tassili N’Ajjer, classé par l’Unesco en 1972, et la problématique des vestiges non classés du nord Tassili menacés par la main de l’homme.
Dans un article, l’archéologue Mohamed Sahouni revient, quant à lui sur les fouilles du bassin archéologique de Aïn Lahneche dans la wilaya de Sétif et qui ont permis la découverte de traces de présence humaines datant de 2.4 millions d’années.
Pour clore, la revue offre un supplément photographique et un dossier sur la calligraphie arabe, ainsi qu’une contribution sur la nécessité d’exploiter le patrimoine culturel dans les arts et la littérature. »Ledjdar » sera distribuée gratuitement dans les différents musées nationaux ainsi que dans les aéroports.
C’est le premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui a signé l’éditorial de ce numéro où il considère le patrimoine comme étant « la véritable définition de l’identité ».
Il estime que le patrimoine algérien nécessite « une bonne mise en valeur et une bonne promotion » afin d’attirer les investissements et une « coordination entre les secteurs de la Culture et du Tourisme pour devenir un vecteur de développement (…) et une alternative économique durable ».
Ali El Hadj Tahar

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