Alors que les manifestations contre le racisme ont gagné tous les États-unis, suite à la mort tragique, lundi dernier, d’un citoyen afro-américain, Georges Floyd, étouffé par l’intervention musclée d’un policier, l’immobilisant avec son genou sur le coup, sans réagir à sa voix étouffée, « je n’arrive pas à respirer », l’effroyable scène a suscité l’indignation des Américains et faisant le tour du monde, des manifestations contre les actes racistes ont gagné le voisin immédiat, le Canada.
L’expression des manifestations populaires à travers les États-Unis, pour que cesse les actes racistes contre les Américains non blancs a remis au grand jour les pratiques fortement enracinées dans le système américain, des années depuis le combat pacifique du défunt Martin Luther King et d’autres Américains à ce jour. Les États-Unis et le monde également viennent par l’expression de millions de citoyens américains marchant dans les rues de Minneapolis, New-York, Washington, Chicago, Las Vegas, Detroit, Portland, Atlanta, Houston, Oakland et autres villes américaines, viennent de rappeler à l’actuel locataire de la Maison Blanche comme à la classe politico-médiatique américaine que la pensée des Klu Kux Klan perdure aux États-Unis, même si le pays a fait élire, en 2009, pour la première fois dans son histoire, un Afro-américain à la tête de la Maison blanche. Le Ras-le-bol de la majorité des Américains des actes de violence raciste qui souvent cause le décès d’un afro-américain ou d’un latino-américain, les manifestants, dont la majorité est composée de jeunes, afro-américains, blancs, latinos ou d’origine asiatique et autres poursuivent leur contestation à travers le pays, même après l’arrestation et la mise en accusation du policier pour meurtre au troisième degré et homicide involontaire, des chefs d’inculpation n’ayant pas suffi à calmer la révolte des Américains après la mort de George Floyd, une victime de trop. Si du côté de la famille du défunt Floyd , l’arrestation du policier a été considérée comme un premier pas sur «la voie de la justice», ses proches l’ont jugée « tardive et insuffisante », les manifestants aspirent à souffler un réel changement à travers leurs mobilisation et slogans «pas une autre vie noire», «Les vies noires comptent» ou encore «Je ne peux pas respirer» en référence aux derniers mots prononcés par le défunt George Floyd alors qu’il était plaqué au sol par un policier. Le président Donald Trump a promis, dans la nuit de samedi à dimanche, de stopper les manifestations violentes contre les brutalités policières, alors que des milliers de personnes se rassemblaient dans de nombreuses villes américaines pour une cinquième nuit de protestations. Avertissant que « mon administration va stopper la violence collective » Trump affirme que « nous allons la stopper net » a-t-il averti avant d’ajouter que « la violence et le vandalisme sont menés par Antifa et d’autres groupes de l’extrême gauche radicale » a lancé le locataire de la Maison Blanche. De son côté, Tim Walz, gouverneur du Minnesota, l’État abritant Minneapolis, a averti que les manifestants qui seraient toujours dans les rues après l’entrée en vigueur du couvre-feu, rentré en vigueur samedi à 20H00 (01H00 GMT) « se trouveraient dans une situation dangereuse » annonçant la mobilisation générale des
13 000 soldats de la Garde nationale de l’État, une première, avant d’indiquer avoir demandé l’aide du ministère de la Défense. Des unités de la police militaire mises en alerte pouvaient intervenir à Minneapolis dans un délai de quatre heures, a fait savoir le Pentagone dans un communiqué. La présidentielle et la candidature de Trump bousculées par les manifestants antiracisme, la pandémie du Covid-19 et ses impacts socioéconomiques avec plus de 40 millions de chômeurs, les difficultés économiques, le déficit commercial, et les tensions commerciales avec la Chine etc.
Les manifestations se sont multipliées depuis lundi dernier, et semblent s’inscrire dans la durée, à travers le pays, enregistrant des affrontements violents avec les forces de l’ordre, usant de bombes lacrymogènes et des Balles en caoutchouc, sans distinction, n’épargnant pas des journalistes présents sur les lieux pour couvrir ces évènements.
La mobilisation des Américains dans les rues de la majorité des villes étatsuniennes s’est accentuée en réaction notamment aux propos du président Donald Trump affirmant que « nous pouvons leur envoyer nos soldats très rapidement » samedi soir, à partir de la pelouse de la Maison Blanche, estimant que les responsables locaux « avaient jusqu’à présent manqué de fermeté » selon lui. Dans un pays, où le Covid-19 continue de faire des ravages en pertes de vies humaines et causé des millions de chômeurs, en rasion de l’arrêt des activités. Selon le département du travail américain publié, le 8 mai dernier, « tous les secteurs sont touchés » et l’hécatombe est gravissime, notamment dans le secteur des loisirs, l’hôtellerie et la restauration, enregistrant une perte de plus de 7,7 millions d’emplois. Selon la réserve fédérale des États-unis (Fed), le chômage devrait atteindre un pic d’ici à un mois, pour atteindre plus de 25 % de la population américaine, après avoir était à 14,7% à la fin avril dernier.
Une étude du Becker Friedman Institute de l’université de Chicago a fait savoir que « 42 % des emplois détruits ces dernières semaines ne reviendront jamais » est-il précisé. Il faut rappeler qu’ils sont plus de 35 millions d’américains au chômage, un record historique, pour une puissance économique mondiale, depuis la crise de 1930. L’actualité brûlante en provenance de la scène américaine se manifeste dans un contexte local et mondial particuliers, marqué, par les retombées complexes sur l’économie américaine en raison de la pandémie du Covid-19, et les prémices d’une crise sociale aigüe sur fond des conditions sociales durs auquel sont confrontés les américains, en raison d’absence de perspectives d’embauche pour les dizaines de millions de chômeurs et de millions d’autres dans des emplois en sursis. Une réalité qui risque d’imposer un autre visage à la campagne présidentielle en vue, outre que celle qu’ont l’habitude de donner les lobbies, notamment les propriétaires des grandes industries et les détenteurs du business et des finances dans ce pays. À cela s’ajoute les impacts récurrents des choix et annonces de l’actuel président des Etats Unis et la guerre commerciale entre ce pays et son rival, la Chine. Les Etats-Unis ont enregistré, en effet, la plus forte baisse de ses exportations de biens depuis la crise financière de 2008, selon les statistiques publiées début mai passé. Le déficit pour les seuls biens a continué, en effet de diminuer avec la Chine, enregistrant -21,2%mars dernier un net recul des échanges commerciaux avec la Chine, qui pour les trois derniers mois, le recul des seuls biens s’élève à près de 35%. Des donnes qui s’invitent sur la scène américaine et d’autres sur celle des relations agitées des États-Unis avec des acteurs de la scène mondiale, dont la Chine, la Russie, l’Iran et le Venezuela, pour ne citer que ceux-là, à la vielle de l’échéance de la présidentielle américaine, laquelle est disputée par, le président candidat Trump et Joe Biden, l’ex-vice-président, de l’ancien locataire de la Maison Blanche, Barack Obama. Et c’est en perspective de ce rendez-vous que le candidat démocrate à la Maison Blanche, Joe Biden, condamnant les violences qui ont éclaté à travers les Etats-Unis pour protester contre la mort de George Floyd ; il n’a pas manqué de lancer « manifester contre une telle brutalité est un droit et une nécessité » mais mettre le feu, ajoute avec insistance Biden « à des villes et la destruction gratuite ne l’est pas. La violence qui met en danger des vies ne l’est pas », a-t-il affirmé. Démocrates et Républicains n’ont pas réussi à apporter les réponses adéquates aux questions relatives à la persistance du racisme dans le pays des décennies après l’assassinat du prix Nobel de la Paix Martin Luther King. À la question de savoir les raisons à l’origine de l’incapacité des États-Unis à répondre à la question raciale, demeurant à l’ordre du jour, depuis le combat pacifique de Martin Luther King à ce jour, ne semble pas être une des préoccupations majeures des Démocrates comme des Républicains, qui successivement à la tête de la Maison Blanche, ont été confronté à la révolte et aux manifestations des Américains contre le racisme, la ségrégation et la marginalisation des Afro-américains. Durant la présidence de Barak Obama, à titre d’exemple, la mort d’un jeune afro-américain , non armé, Michael Brown, âgé à peine de 18 ans, , tué par balle par un policier blanc à Ferguson, Missouri, a provoqué, du 9 au 19 août 2015, 10 jours de violentes émeutes et d’affrontements entre les Américains noirs et des forces de l’ordre, usant de fusils d’assaut et de véhicules blindés. Fin novembre, l’annonce de l’abandon des poursuites contre le policier a ravivé la colère et le sentiment d’injustice chez les Afro-Américains, déclenchant une nouvelle mobilisation populaire pour dénoncer une justice au service d’un système policier se livrant à des pratiques en violation des droits des Américains noirs. Son successeur à la Maison Blanche, Donald Trump avait été la cible, l’automne dernier, de critiques lancées par Cliff Albright, cofondateur de l’organisation Black Voters Matter (BVM) : les votes des Noirs comptent : Ndlr », s’indignant, de l’initiative présidentielle de Trump, vis-à vis des électeurs noirs. Selon A. Cliff, le président américain «n’essaye pas véritablement d’obtenir des voix des Afro-américains », Donald Trump, cherche avant tout, poursuit le co-fondateur de BVM « à minimiser leur participation». Rappelons que les Afro-américains représentent un peu plus de 13 % de la population des États-Unis. Pour le révérend Timothy McDonald, lors d’un rassemblement, novembre dernier, le fait que le président Trump vienne à Atlanta «terre de Martin Luther King et berceau du mouvement des droits civiques, est une gifle pour tous les Noirs de Géorgie et une insulte pour tous les gens de couleur à travers les États-Unis» avait-il affirmé. Le président américain, avait indiqué lors, de son passage à Atlanta, que « durant des décennies les démocrates ont considéré le vote afro-américain comme acquis» avant d’ajouter «honnêtement, les démocrates vous ont abandonnés», a-t-il martelé devant quelques centaines de personnes rassemblées dans une petite salle de l’immense Georgia World Congress Center.
Karima Bennour