Le verdict prononcé dernièrement par la Fédération internationale de football (Fifa) à l’encontre du MC Oran dans l’affaire de l’entraîneur Jean-Michel Cavalli a ravivé les tensions au sein de ce club de Ligue 1 de football.
Sommée de payer près de 7 millions DA au technicien français pour limogeage «abusif» par l’ex-président du club, Ahmed Belhadj dit «Baba», l’actuelle direction que dirige depuis l’été dernier le directeur général Si Tahar Cherif El Ouezzani, s’en lave les mains et impute la responsabilité de cette énième sanction dont fait l’objet le MCO à l’ex-premier responsable du club. En fait, il s’agit du même scénario, marqué par le rejet de la balle d’une partie à une autre, auquel la formation phare de la capitale de l’Ouest du pays est désormais habituée depuis plusieurs années, déplore-t-on dans les milieux du club. Les guerres de tranchées sont même devenues monnaie courante au Mouloudia, un club qui garde une «tâche noire» dans son histoire quand il s’était présenté par le passé avec deux équipes pour affronter le voisin l’USM Bel-Abbès dans un match de championnat. A l’époque, le bras de fer entre feu Kacem Belimam et Youcef Djebbari, deux figures de proue du club qui se disputaient tout le temps la présidence, avait atteint son paroxysme, conduisant à un «scandale» ayant terni l’image des «Hamraoua» qui courent après un titre depuis 1996. Et comme l’histoire est un éternel recommencement, la bataille autour des commandes du MCO a été relancée de plus belle depuis quelques années. Même l’avènement du professionnalisme en 2010 n’a rien changé dans les mentalités, puisqu’un nouveau litige oppose depuis quelque temps Ahmed Belhadj et Youcef Djebbari qui disent chacun de son côté avoir la majorité des actions de la Société sportive par actions (SSPA) du club. Ce litige, parmi tant d’autres, a carrément paralysé le fonctionnement de la SSPA/MCO au point où le club se retrouve sans président depuis juin dernier, soit depuis que Belhadj a été contraint par les autorités locales de rendre le tablier et se soumettre ainsi à la pression des supporters, sortis dans la rue pour réclamer du «sang neuf». Désigné au poste de directeur général, l’ancien joueur international Cherif El Ouezzani est réputé pour être un entraîneur plutôt qu’un administrateur. Cela ne l’a pas empêché de tenter l’expérience, tout en ayant en même temps plein pouvoir sur le plan technique.
La crise financière achève le club
Mais au fil des mois, le champion d’Afrique avec la sélection algérienne en 1990 a commencé à se rendre compte de la difficulté de la mission, et du cadeau «empoisonné» qu’il a hérité. D’ailleurs, dans toutes ses déclarations à la presse, il ne cesse d’appeler «au secours», réclamant notamment l’affiliation du club à une entreprise publique, seule solution, selon lui, pour éviter au MCO un avenir incertain. Tablant au départ sur le rachat par l’entreprise «Hyproc» (filiale de Sonatrach) de la majorité des actions de la SSPA/MCO, Cherif El Ouezzani a dû déchanter. L’entreprise en question n’est pas du tout prête à conclure une quelconque transaction dans ce sens avant que les présidents qui se sont succédé à la tête du club n’assainissent les différentes situations financières relatives à la période de leur règne. Dans la foulée, le MCO s’enfonce dans la crise financière et ses dirigeants, au lieu d’honorer leurs engagements envers leurs joueurs actuels qui ne sont pas payés depuis six mois, se retrouvent dans l’obligation d’apurer les dettes d’anciens joueurs.
Ces derniers, en plus de la plainte de Cavalli auprès de la FIFA, ont relancé de plus belle la guerre par médias interposés entre Cherif El Ouezzani et les anciens présidents, en particulier Ahmed Belhadj. Celui-ci est même sorti récemment de son silence pour promettre de réclamer «en temps voulu des comptes à l’actuelle direction qui a bénéficié de grosses sommes d’argent cette saison émanant des sponsors du club», a-t-il prévenu. Les propos de l’ex-patron des «Rouge et Blanc» sont perçus par l’actuelle direction comme étant des «accusations gratuites» qui portent préjudice à l’»honnêteté» des dirigeants en place et nécessitent une riposte. Mais en fin de compte, il semblerait que Cherif El Ouezzani a préféré prôner la sagesse en annulant la conférence de presse qu’il comptait animer ces dernières heures pour répliquer à Belhadj. Un geste qui pourrait tempérer les ardeurs des uns et des autres mais pas pour longtemps, prédisent les observateurs, puisque la crise financière qui secoue le club, conjuguée à la situation économique difficile que traverse le pays, plongent tout le monde à «El Hamri» et dans les autres fiefs du MCO, dans l’inquiétude.