Les premières conséquences des mesures de confinement prises par les hautes Autorités du pays se font déjà sentir parmi les professions libérales. L’injonction faite aux transporteurs publics et privés, urbains, suburbains et inter-wilayas, de ne plus se déplacer jusqu’à nouvel ordre, autrement dit ne plus travailler, est appréciée différemment. Explication : les salariés des transports publics s’en sortent plutôt sans casse, puisque c’est un chômage technique « forcé » pris en charge par l’État, puisqu’il n’y a pas d’amputation directe sur les salaires de ces derniers.
Les administrations et autres entreprises qui ont réduit leurs personnels pour cause de l’épidémie, leurs fonctionnaires, eux aussi ne se font pas de souci, ils percevront leurs dus à la fin du mois. Jusqu’ici, la mesure est accueillie favorablement par la population. Seulement, pour ce taxieur que nous avons approché, même si la mesure est salutaire pour la santé des citoyens et que tout un chacun doit se soumettre pour l’intérêt suprême du pays nous a-t-il déclaré. Mais, ajouta-t-il, « nous avons besoin de vivre, nous avons des familles à charge, et nous devrons subvenir à leurs besoins de tous les jours ». Et de poursuivre que « si le confinement va durer encore beaucoup de temps, des semaines ou des mois selon l’évolution de la maladie, notre situation financière sera mise à rude épreuve », conclut-il. Toutefois, il n’y a pas que les transporteurs privés et les taxieurs, les dispositions touchent aussi les restaurants, les gargotiers, les pizzerias , même les hommes de loi, en l’occurrence , les avocats, les huissiers de justice qui ont vu leurs activités paralysées avec la suspension des audiences au niveau des tribunaux et les cours de justice sont aussi touchées . Un avocat, par dépit, s’est confié : « Toutes les affaires sont suspendues, cela veut dire, pour nous, que nous sommes carrément en chômage. Et d’ajouter, si le confinement persiste, cela va déborder jusqu’à l’été, période de congé des tribunaux et les cours de justice, donc il faut compter jusqu’au mois de septembre ou octobre avec l’ouverture de l’année judiciaire ».
D’autres métiers, dont les propriétaires sont au tourment, tels que les gérants de café, les coiffeurs, les cybers -café, les régisseurs des salles de fêtes. Autrement dit, les mesures de confinement décidées par leur gouvernement infligent un manque à gagner « insupportable » sur les budgets de cette frange de la population, qui fait de ses activités respectives leur seul gagne-pain. À l’heure où l’appel et à la solidarité nationale est de mise, il serait peut-être souhaitable que l’État prenne en compte ce nouveau paramètre, généré par le coronavirus. A priori, faut-il ou non venir en « aide » à ces pères de famille qui sont en arrêt de travail malgré eux ? Alors que le Premier ministre vient d’instruire les walis pour apporter une assistance aux familles démunies. Comment va être appliqué ce « soutien » sur le terrain ? La question attend des réponses.
Mâalem Abdelyakine