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Le pétrole à l’aune du développement inégal et de la bonne gouvernance

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Par Ali El Hadj Tahar

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est une organisation intergouvernementale de pays visant à négocier, avec les sociétés pétrolières, pour tout ce qui touche à la production de pétrole, son prix et les futurs droits de concession.

La création de l’OPEP est une réaction à la sujétion du cours du pétrole aux compagnies pétrolières étrangères qui imposaient leurs prix aux pays producteurs. La situation a changé depuis les  années 1970, mais ce ne sont pas toujours les  producteurs qui ont les pleins pouvoirs sur les prix, et ce point fait encore problème. Le regroupement des principaux pays producteurs, conjugué à la prise de contrôle de la production par une politique de nationalisation, n’a pas et ne peut pas imposer les prix voulus par les producteurs, qui obéissent à des continences de toutes sortes, y compris à cause d’un virus qui impose le recul de la consommation pétrolière et celui de toute l’économie mondiale.

L’idée originelle du créateur de l’OPEP, Juan Pablo Pérez Alfonso, est loin d’aboutir à la concrétisation de son vœu, qui était de faire en sorte que les bénéfices liés au commerce juste du pétrole permettent le développement des pays producteurs. D’ailleurs,  Juan Pablo Pérez Alfonso s’éloigna de l’organisation qu’il avait créée, voyant qu’elle ne traitait qu’avec les pays industrialisés qui étaient prêts à payer le prix fixé, au détriment des pays sous-développés. Plus grave, les bénéfices n’ont pas encore permis aux pays producteurs de sortir du sous-développement. Leur économie reste dominée par l’exportation de matières premières, selon la logique théorisée par Samir Amin. Comme tous les pays du Sud, exportateurs de produits bruts, les pays de l’OPEP restent, eux aussi, dans ce système de reproduction du sous-développement que l’économiste égyptien appelle l’ »échange inégal ». Ce système de domination capitaliste au profit des anciens colonisateurs rend impossible toute possibilité de développement des pays périphériques, auxquels il impose de continuer à rester de simples exportateurs de produits bruts et de dépendre des produits manufacturés importés, donc de ne pas pouvoir sortir du sous-développement.

Le refus des Occidentaux de transférer les technologies vers le Sud, couplé à la mauvaise gouvernance au Sud, fait que les membres de l’OPEP sont encore aujourd’hui des pays mono exportateurs, alors que des pays comme l’Algérie, le Nigéria, le Venezuela, l’Irak, l’Iran, l’Équateur, l’Angola ont des ressources naturelles énormes et diversifiées qui auraient pu au moins en faire des pays émergents. Cependant, le développement est d’abord et avant tout un état d’esprit, une culture, qui érigent un mode de gouvernance impliquant à la fois une responsabilité citoyenne et l’honnêteté de l’élu et des décideurs. La bonne gouvernance ne va pas sans la responsabilisation des gouvernés, contrairement à ce que disent certains. D’ailleurs de nombreux politologues ont insisté sur le fait qu’un bon pouvoir est toujours conditionné par l’existence d’un bon contrepouvoir.

Au lieu d’être une bénédiction, les richesses naturelles de certains pays sont devenues une sorte de malédiction. Le cas de l’Algérie est l’un des plus graves puisque ses exportations, hors-hydrocarbures, sont à peine d’un pour cent. Proche, est le jour où la rente pétro-gazière ne pourra plus équilibrer la balance commerciale. La sonnette d’alarme a maintes fois été tirée à cause du déficit de la balance des paiements. Le gouvernement a donc très peu de temps pour y remédier, et les Algériens, pour s’y préparer. La transition vers une économie diversifiée s’impose et, avec elle, une politique énergétique qui ne néglige aucune source ; solaire, éolienne, marine, ou même nucléaire. La durée de vie de la rente semble bien plus courte que le temps requis pour cette transition. Il ne faut donc pas attendre demain pour se retrousser les manches.

A. E. T.

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