La machine économique tourne au ralenti. C’est le constat dressé, hier, par le nouveau président du Forum des chefs d’entreprise, Mohamed Sami Agli, qui a qualifié la situation d’«une année blanche» pour le patronat. Le mouvement populaire pacifique déclenché depuis le 22 février dernier n’a pas été sans conséquences sur l’économie, de l’avis du nouveau président du FCE.
«Il y a lieu de s’inquiéter. Aujourd’hui, la communauté d’affaires et les gens qui interviennent dans les métiers qui constituent le tissu économique sont complètement inquiets de la situation économique, a déclaré Mohamed Agli, lors de son passage dans l’émission l’invité de la rédaction, sur les ondes de la Radio algérienne. D’un ton alarmant, il dira que « la situation a freiné la relance de l’économie nationale. Il y a le feu à la maison et c’est une conséquence directe de ce qu’on est en train de vivre». Preuve à l’appui, il citera l’exemple du secteur du BTPH qui est selon lui «sinistré». «Il y a lieu de bouger de manière spécifique pour le secteur du BTPH, mais d’une manière générale sur l’ensemble de l’économie. Il y a lieu de s’inquiéter et d’aller vite», a-t-il encore déclaré.
Pour y remédier à la situation, le président de cette organisation patronale s’est dit en faveur d’une nouvelle refonte du système économique algérien. Selon lui, il faut accorder à l’entreprise son autonomie et libérer l’acte d’investir de toute contrainte bureaucratique et politique. Il a recommandé, dans le même sillage, la suppression de la règle 51/49, la révision du régime de subvention et l’élargissement des consultations avec les entreprises avant l’élaboration des politiques économiques.
Outre la nécessité de réinstaurer un «climat de confiance», l’hôte de la Radio algérienne a plaidé, en faveur d’un plan de sauvetage des entreprises privées. «Pourquoi le Trésor intervient pour éponger les déficits des entreprises publiques et ne le fait pas pour le privé, or que ce dernier en a aussi besoin», s’est-il interrogé. Pour lui, il est impératif de «mettre de l’équité dans la décision économique».
Interrogé sur les privilèges accordés à certains patrons dans le passé et qui sont actuellement incarcérés, le nouveau patron des patrons a jugé que «c’est dû principalement aux décideurs, qui ont créé, du jour au lendemain, des monopoles». «On était très mal gouvernés. Il y avait des décisions qui n’étaient pas réfléchies», a-t-il reconnu, avant de déplorer, de surcroît «l’absence d’une réflexion économique globale».
Révision des subventions et suppression de la règle 49/51
Questionné, d’autre part, sur la nécessité d’ouvrir des dossiers «tabous», tel que celui des subventions, Mohamed Agli a appelé les décideurs à «réfléchir économiquement et à ne pas rester dans le populisme». «Il faut revoir d’une manière globale et réfléchie, mais surtout courageuse la question des subventions». S’étalant d’avantage sur la règle 49/51, l’intervenant a considéré que «celle-ci devrait être supprimée, puisqu’en établissant le bilan, celle-ci n’a pas été un levier de croissance».
«Peut-être il faut garder cette règle pour des secteurs stratégiques mais il faut d’abord définir qui sont ces secteurs», a-t-il plaidé. Plus loin, l’intervenant n’a pas hésité à appeler à ouvrir des banques privées. «Le secteur des services et bancaire est complètement à l’arrêt. Il est sclérosé», a-t-il analysé en s’interrogeant «pourquoi ne pas ouvrir des banques privées de capital algérien. Est-ce que parce que quelqu’un a failli qu’on doit aujourd’hui subir les conséquences ?». Toutefois, il a souligné de respecter les «lois de la République en ce sens».
Lamia Boufassa