C’est après une réunion entre le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita avec notre ambassadeur à Rabat, que le Maroc a pondu un communiqué, dans lequel il a réitéré la demande formulée, par son roi, Mohamed VI, à un timing inadéquat et inapproprié, appelant à la création d’un mécanisme bilatérale entre Alger et Rabat, dans un discours célébrant l’envahissement militaire du Sahara occidental, en novembre 1975, par le Maroc.
Faisant fi du choix du timing par le monarque pour lancer son initiative en question, Mohamed VI montre, encore une fois et amplement, le manque de volonté politique marocaine, pour entretenir des relations bilatérales avec son voisin de l’Est et de régler le conflit l’opposant à son voisin du Sud, le représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario là où ce conflit est inscrit, aux Nations unies. Connaissant la position de principe de notre pays, de soutien à tout peuple aspirant à recouvrir sa liberté, son indépendance en brisant les chaînes de tout système colonial, le locataire du Palais royal a sciemment mis sur la table son souci de renouer le dialogue avec les autorités algériennes, à l’occasion d’un discours célébrant l’ envahissement militaire d’occupation par l’armée marocaine, en 1975, d’un territoire, le Sahara occidental, en l’occurrence, alors que celui-ci était, aux Nations unies, soumis à un processus de décolonisation, pour en finir avec le joug colonial espagnol. Mohamed VI, qui n’ignore pas les données fondamentales, historique, politique et juridique, relatives au Sahara occidental, territoire que l’ensemble des pays, à travers le monde et membres de l’ONU, ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur lui, Mohamed VI a enveloppé la propagande et la terminologie de son système makhzenien, pour lancer ce qu’il a appelé «une initiative royale», alors qu’en fait, ce n’est qu’un coup politico-médiatique, dans un contexte particulier. Et comme la diplomatie a horreur de coup de hasard et gestes et us innocents, le roi a encore une fois raté l’occasion de faire preuve de maturité et marquer son passage sur le trône marocain. Au moment où les pays maghrébins se sont empressés à répondre favorablement à la relance de l’UMA, notamment par la disposition annoncée de Nouakchott d’abriter toute réunion des chefs de la diplomaties des pays membres de l’Union, Rabat sort de son mutisme, pour reprendre le refrain du discours en question de Mohamed VI qui, dans le fond comme dans la forme, a été un non-évènement, en dehors de l’espace géographique marocain, reconnu par la communauté internationale, l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne via sa Cour de justice. Et comme la parole du roi est sacrée, dans tout système politique monarchique et que le baise- main subsiste, entre le roi et ses sujets, pour donner un souffle au discours c’est, sans surprise, que le Parti el Istiqlal et le parti islamiste de Benkirane sont rentrés en scène, appelant à l’ouverture d’un dialogue «franc et direct» avec l’Algérie. Et ce demander, dans cette passion retrouvée des responsables de Rabat, du roi au makhzen marocains, de reprendre langue avec Alger, pourquoi celle-ci ne s’était pas manifestée, à l’occasion d’une date hautement chère et symbolique pour l’Algérie, le 1er novembre dernier, dans son message à l’adresse d’Alger, à l’occasion de la célébration du 64eme anniversaire de la Révolution algérienne pour son indépendance. Là est la grande question qui apporte amplement un éclairage, sur l’absence de volonté politique réelle du roi marocain à promouvoir des relations normales avec Alger, et gérer son conflit avec le Front Polisario, sur le Sahara occidental, au niveau de l’ONU. Le roi a tenté, encore une fois, à faire croire, en vain, à une certaine opinion marocaine et le monde extérieur, qu’il est animé de bonne volonté, pour le dégel des relations entre Alger et Rabat, alors qu’il n’en est rien. Alors que la semaine prochaine, sa délégation se rendra à Genève, pour mener des négociations avec le Front Polisario, sous les auspices de l’ONU, en la personne de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara occidental, l’ex-président allemand, Horst Köhler, pour le règlement de la question sahraouie, selon les principes et les textes de la Charte de l’ONU, Rabat dévoile, au grand jour, son manque de volonté politique à se lancer sur cette voie, à travers la teneur du discours du locataire du palais royal marocain. Pis encore, il oublie même que son père, Hassan II a négocié sous les auspices de l’Onu avec le Front Polisario, au terme duquel processus, un accord sur un cessez-le-feu a été adopté, en vue de l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, par la création et l’envoi, par le Conseil de sécurité, de la Minurso. Après quoi, la nature du système politique expansionniste marocain a repris le dessus, en renonçant à ses engagements pris. Une vision expansionniste qui n’a cessé de se manifester, notamment du parti historique marocain, Istiklal, son chef, Hamid Chabat, déclarant, décembre 2016 «la marocanité de la Mauritanie» avant qu’il soit rappelé à l’ordre par son Roi et son ministre des Affaires étrangères, pour qu’il déclare que «les déclarations s’inscrivaient dans un contexte historique passé et révolu» après avoir soutenu, non pas dans un passé, lointain, que l’idée de l’expansionnisme marocain persiste dans la vie politique. Rabat semble avoir encore du chemin à faire pour assimiler et intégrer les leçons de l’Histoire. Ne dit-on pas que le colonialisme est le mauvais élève de celle-ci.
Karima Bennour