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Transcription de la langue amazighe : Pour Dourari, il n’est pas nécessaire d’arriver à un consensus

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Durari

Pour le directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight (Cnplet), Abderrezak Dourari, la transcription de la langue amazighe en graphies arabes, latines ou en tifinagh n’apportera rien de plus à la richesse d’une langue. Selon ses explications, « peu importe la graphie choisie, une langue n’évolue pas grâce à une graphie précise ». S’exprimant, hier, au forum organisé par le Courrier d’Algérie, l’expert en sciences du langage et de traductologie a estimé qu’ « il n’est pas nécessaire d’arriver à un consensus autour de la transcription de la langue amazighe », puisque « il ne faut pas imposer une graphie précise sur n’importe qu’elle région ». Selon ses arguments, on ne peut imposer aux Touareg d’écrire leur langue avec le caractère latin, comme il est difficile aux kabyles d’accepter une autre transcription que le latin. Ainsi, il a considéré utile d’opter pour la « diversité ».
« Que chacun écrive l’Amazigh comme il veut », a-t-il dit en considérant utile de valoriser cette diversité et d’augmenter la production pour faire valoriser une langue. Autrement, ce n’est pas le caractère en lui-même qui valorise une langue mais plutôt les écrits. « La langue ne devient pas moderne grâce à une graphie ou une autre » a-t-il encore rajouté, en soutenant qu’une « langue peut s’écrire dans tous les caractères de la planète ».
« Chaque région écrit comme elle l’entend. Ce n’est pas cela qui est problématique, le problème c’est de reconnaître la langue et de la conserver », a-t-il encore plaidé, en reconnaissant qu’il « y a plusieurs dialectes dans cette langue ». « Derrière chaque variation, il y a une variation culturelle. Il y a des spécificités régionales, on ne peut écraser ces variations vu qu’on a une volonté d’unifier », a soutenu l’expert.
Pour ce qui est de l’exemple des Turcs qui sont passés, dans leur écriture, de l’arabe vers le latin, Abderrezak Dourari a précisé que ceci n’a rien apporté à la langue turque de plus. « Les turcs ont opté pour le latin, ça n’a pas modernisé leur langue », a-t-il argumenté à cet effet, en indiquant que « la graphie latine n’a aucunement modernisé la langue turque ». Préférant se pencher sur l’exemple des Chinois qui voulaient par le passé faire une seule langue, l’expert en sciences du langage et de traductologie a précisé que cette « démarche a échoué ». « Les Chinois sont revenus à la langue populaire et dès qu’ils l’ont fait, leur langue a grandement évolué », a-t-il dit en appelant à s’inspirer de l’expérience chinoise. Pour rappel, la transcription de la langue amazighe et le choix de la graphologie ou des caractères à utiliser alimentent les débats depuis l’officialisation de la langue dans la Constitution de 2016. Les avis des politiciens, spécialistes et militants de la cause amazighe divergent sur la question, tandis que l’Académie algérienne de la langue amazighe sera la seule habilitée à se statuer. En attendant la désignation des membres de cette académie, la question demeure en suspens.
Lamia Boufassa

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