Une conférence, intitulée, « Rachid Boudjedra: 60 ans d’écriture créative », a été animée, jeudi à Alger, dans le cadre du 28e Salon international du livre d’Alger (Sila), par des écrivains et universitaires, qui ont mis en valeur la singularité de son œuvre, aux formes complexes, invitant à une introspection plus attentive de soi. Accueillie à l’espace « Assia Djebbar » au pavillon centrale du Palais des expositions des Pins maritimes (Safex), cette belle randonnée dans les méandres de l’univers intellectuel et prolifique de cet auteur et moudjahid, a été conduite par des écrivains et universitaires à l’instar de Mohamed Sari, Ahmed Cheniki, Lahcène Kerroumi et Driss Boudiba. Rappelant que le « cheminement de la pensée humaine aspirait aux mêmes valeurs universelles », les intervenants, ont considéré que « tous les textes écrits versaient dans le même roman, celui de l’expérience humaine qui existe depuis toujours ». Les conférenciers ont, ensuite, cité quelques exemples de « rapprochements » entre les écrits de Rachid Boudjedra, William Faulkner et Franz Kafka, ou plus concrètement, dans son premier ouvrage, « +La répudiation (1969)+ et les écrits de Nabil Farès et Kateb Yacine », ou encore dans « L’escargot entêté » et « La peste » d’Albert Camus, relevant cette particularité dans ses textes qui consistent à traiter frontalement et sans retenue aucune, « les travers des sociétés, proies aux visions rétrogrades et aux tabous ». L’univers littéraire de Rachid Boudjedra explore, selon les animateurs de cette rencontre, la subjectivité, la violence ou encore la condition de la femme, autant d’ingrédients qui dénoncent les hypocrisies sociales à travers des récits souvent centrés sur la volonté de l’auteur à pousser son lecteur dans ses derniers retranchements, de manière à le contraindre à la réflexion. « Les œuvres de Boudjedra permettent au lecteur de se refaire », a-t-on estimé, avant d’ajouter que, « son écriture, complexe et subversive, utilisait l’intertextualité et une subjectivité assumée pour réinterpréter l’histoire et les idéologies ». L’image de la femme, poursuivent les orateurs, évolue dans l’oeuvre de Boudjedra, passant ainsi, de « victime des regards de la société à figure de résistance et de progrès », une évolution déployée dans un style d’écriture libre, subversive et complexe, qui privilégie l’érudition, la subjectivité et l’intertextualité. Ainsi, l’analyse de l’œuvre de Boudjedra révèle des thèmes récurrents, qui témoignent de « son engagement et de sa volonté de provoquer le débat », ont conclu les intervenants. Auparavant et en ouverture du programme culturel et littéraire du 28e Sila, un hommage a été rendu, par la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, à Rachid Boudjedra, en reconnaissance de sa « longue carrière de créativité » et « sa participation à la glorieuse Révolution pour l’Indépendance de l’Algérie ». Le 28e Sila, placé sous le thème « Le livre, carrefour des cultures », se tient jusqu’au 8 novembre courant et connait la participation de 49 pays regroupant 1254 maisons d’édition, dont 290 algériennes, en sus de 250 écrivains et intellectuels d’Algérie, d’Afrique et de plusieurs pays du monde et coïncide avec les festivités commémorant le 71e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution du 1er novembre. Un programme culturel, littéraire et intellectuel riche et diversifié a été élaboré lors de ce 28e Sila, pour célébrer la littérature et ses grandes figures, tout en accordant un intérêt particulier à la mémoire, à l’histoire et à l’identité. La République islamique de Mauritanie est l’invitée d’honneur de cette édition.













































