Ils ont quitté le pays bon gré mal gré, mais avec l’idée de retourner un jour pour servir la Nation. Les premières vagues de migration massive des compétences algériennes ont apparu dans les années 90. Conséquence directe du terrorisme qui a mis le pays à feu et à sang, les intellectuels n’avaient alors de choix que d’affronter les balles assassines ou de faire leurs valises. Ainsi la fameuse « fuite des cerveaux » qui a frappé les esprits a causé une véritable saignée de l’élite nationale. Et le phénomène n’a fait qu’accentuer durant les deux décennies qui s’en suivirent, malgré le rétablissement de la sécurité et la mise en place d’un processus d’édification ou de réédification du pays. Peine perdue : l’insécurité a laissé place à un système de gabegie et de corruption. Le résultat est aussi matériel que les richesses du pays sont spoliées aussi bien qu’humain qui a poussé à la porte de l’exil les compétences nationales. Ils se comptent par milliers à se retrouver loin de la mère patrie malgré l’esprit patriotique qui ne les sépare jamais du pays d’origine. En effet, selon le rapport de Global Talent Competitiveness Index (GTCI) de 2020, qui établit le niveau des capacités des pays à garder leurs compétences, l’Algérie est classé à la 105e position sur un nombre de Les dernières tentatives de faire retourner au pays l’élite nationale établie un peu partout à travers le monde n’auront rien donné, elle qui a perdu toute confiance avec un ancien régime qui est, du reste, la cause de son départ massif à l’étranger.
Aujourd’hui, l’espoir de voir les membres de la communauté nationale à l’étranger revenir renait avec l’élection du président de la République, qui a réservé la part belle de son programme présidentielle à la diaspora nationale. Preuve en est, la création d’un secrétariat d’État en charge des affaires de notre Communauté à l’international. Intervenant hier aux travaux d’une rencontre consacrée à la diplomatie algérienne à l’APN, Rachid Bladehane, premier de ce département ministériel, a exprimé le souhait de l’État algérien de voir ses enfants rentrer aux pays, ou le servir à distance à l’effet de contribuer à l’édification de la nouvelle Algérie. D’ores et déjà, les chancelleries diplomatiques de l’Algérie ont recensé un nombre de 25 000 experts algériens résidant dans des pays étrangers, pour ne citer que le Canada, les États-Unis ou encore la France, où ils exercent des fonctions dans les domaines de la médecine et des technologies modernes. Ceci sans compter des milliers d’autres qui font la fierté de l’Algérie, eux qui excellent dans d’autres professions et lesquels, si jamais ils expriment le désir de regagner le pays ou bien de le servir depuis l’étranger, auront à participer à «l’effort national visant le développement du pays», cite le secrétaire d’État chargé de la Communauté nationale à l’étranger. Pour ce faire, et ce qui semble ètre une opération de charme à leur endroit, un portail électronique a été créé et lequel permettra aux membres de la diaspora nationale de s’inscrire en vue de projeter le retour au pays.
«Il a été décidé la création d’un portail électronique pour l’inscription de ces compétences pour tenter de créer un espace de communication entre cette catégorie et les établissements nationaux, dont les universités », a-t-il annoncé, précisant que des passerelles de contact sont établies à cet effet.
Toutefois, il reste à s’interroger comment le gouvernement compte formaliser le retour ou la participation des compétences à l’étranger à la vie économique et sociale du pays. Autrement dit, comment convaincre et par quels moyens encore pourrions-nous permettre à un expert, exerçant par exemple des fonctions huppées aux USA de regagner le pays ou de le servir à distance ?
F. Guellil