On peut se gargariser, à la face du monde et à coup de propagande médiatique, que le régime marocain travaille pour son peuple, du reste, asservi à volonté : c’est peine perdue ! La réalité du Maroc profond, ainsi soumis à la dictature sans merci du Makhzen, finit par remonter à la surface. I l n’y a qu’à repasser en revue le nombre des protestations sociales, tous secteurs confondus, qui se sont déroulées le temps de deux petites semaines, pour s’en convaincre du grand désarroi des Marocains. Et comme le mal est profond, la contestation suscitée par l’officialisation de la normalisation avec Israël n’est pas prête à s’essouffler, compte tenu de ce que l’acte de trahison a jeté l’opprobre sur le Maroc. En effet, du 16 au 31 mars écoulé, ce sont exactement 21 mouvements de protestations à avoir été enregistrés, dont 12 ont ébranlé la capitale Rabat, quatre se sont déroulés sur l’ensemble du territoire marocain, en sus de grandioses manifestations à travers les villes importantes du royaume. Et ce n’est là qu’un petit échantillon qui en dit long sur la mal-vie qui ronge le quotidien du citoyen, assujetti par le régime de Mohammed VI pour s’emparer de ses richesses, et delà assouvir son insatiable appétit d’expansionniste sur les territoires occupés des Sahraouis. De la grogne nationale des commerçants qui dénoncent les mesures de restrictions sanitaires, dont abuse le régime marocain qui profite de la crise de la pandémie pour les besoins de répression, jusqu’au Front de l’Ouest qui dénonce le rapprochement acté avec les sionistes, en passant par le mouvement de la famille de l’Éducation, le royaume est plus que jamais pris en tenailles.
LE RÉVEIL DES RABATOIS
Rien que dans la capitale, une cité dont le régime croit inaccessible à la moindre contestation, une douzaine de contestations ont eu lieu durant cette période. À commencer par exemple par les étudiants ingénieurs dans les instituts publics qui, le 18 mars dernier, lors d’un sit-in réprimé devant le Parlement sous prétexte de mesure sanitaire, ont dénoncé la fermeture des cités universitaires. Deux jours plus tard, c’est la colère des personnes touchés directement par les effets de la pandémie qui, à défaut de les dédommager comme cela a eu cours partout dans le monde, le gouvernement joue la politique de l’autruche. C’est le cas des opérateurs du transport qui demandent, à travers une manifestation, tenue le 19 mars à travers les agences de la banque marocaine, les directions des transports et des impôts à travers le pays, l’institution d’indemnisation. N’ayant pas eu gain de cause, ils décident alors d’aller vers la désobéissance civile durant le mois de Ramadhan prochain. LA COLÈRE DE LA FAMILLE DE L’ÉDUCATION L’un des plus amples mouvements de ces dernières semaines, la contestation des élèves qui, durant la journée du 22 mars dernier, ils étaient des centaines à avoir investi les rues de Tighssaline, à Khénifra, et même à Rabat, en action de solidarité avec les enseignants violentés et tabassés par la police du Makhzen. C’est le cas de le dire, en effet, puisque les enseignants contractuels ont été agressés lors des manifestations de Rabat, organisées les 16 et 17 mars derniers. D’ailleurs, l’un des enseignants, Abdallah Hajili, est décédé suite à l’intervention musclée des forces de l’ordre. Toujours à Rabat, la coordination nationale des employés de l’Éducation, titulaires de diplômes, a dénoncé, à travers une grève nationale d’une semaine, les violences contre les enseignants. Ceci, alors que l’Union de défense des femmes s’est indignée contre les harcèlements que subissaient les enseignantes protestataires. Et ce n’est pas tout, puisque le régime marocain, à travers les villes et cités du pays, fait face aux manifestations des personnels de la santé. Ainsi, le 27 mars dernier, à Rabat, les forces de l’ordre ont réprimé violemment une marche des contractuels de la santé publique, sous prétexte de l’état d’urgence sanitaire. Deux jours plus tard, des défenseurs des droits de l’homme ont dénoncé, au niveau du tribunal de Dar El Beida, dans un rassemblement de soutien au journaliste Slimane Raïssouni, sa détention provisoire prolongée.
Farid Guellil