Le procédé n’est pas nouveau. Il a été déjà utilisé lors des massacres du 8 mai 1945 dans l’Est du pays, notamment à Sétif, Kherrata et Guelma…. 16 années plus tard, la même embrouille est resservie lors des massacres d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. La France n’a pas le courage de reconnaitre les dysfonctionnements qui gangrénaient son État, cette suprême institution. Dans les deux cas, on retrouve le général De Gaulle à la tête de l’État français. Provisoire en 1945 alors qu’en 1961 il avait déjà fondé la cinquième République. Il a été élu président de la République en 1958. Demain nous commémorons le 63ème anniversaire des massacres de nos compatriotes à Paris. Toute la question est de rétablir la vérité historique sur ces 2 massacres. En 1945, la désinformation s’est ingéniée à mettre en avant le général Raymond Duval qui venait d’être nommé à Constantine. C’est lui qui a écrit à ses supérieurs pour leur dire : « je vous ai donné la paix pour dix ans de paix en Algérie… » après avoir assassiné 45 000 Algériens. De Gaulle qui dirigeait le gouvernement provisoire français fut informé après coup des massacres de Sétif. Il ordonna au général de brigade Paul Tubert d’aller enquêter sur place. Les responsables coloniaux d’Alger ont tourné en bourrique Tubert avant de le remettre dans le premier avion en partance pour Paris. Ainsi ont été étouffés, par la France, les massacres du 8 mai 1945. Même mode opératoire pour les massacres du 17 octobre 1961.
Le récit officiel français attribue la décision du couvre-feu instauré, pour les seuls « français musulmans de France » ainsi que les massacres qui ont suivi le défilé pacifique de nos compatriotes, à un seul homme : Maurice Papon qui était le préfet de Paris. Or un couvre-feu dans une capitale n’est jamais du seul ressort d’un préfet, encore moins le massacre de civils. Le préfet obéit au ministre de l’Intérieur (Roger Frey) qui lui-même obéit au Premier ministre qui était Michel Debré (père de Jean-Louis Debré actuel président du Conseil supérieur des archives françaises qui sont d’une brûlante actualité). Ce Premier ministre était un partisan notoire de « l’Algérie française » et donc farouche opposant à l’indépendance de l’Algérie. Dès sa proclamation, il a présenté sa démission. Les négociations étaient bien entamées à Lugrin, aux Rousses et à Évian entre la délégation algérienne conduite par Krim Belkacem et la délégation française, conduite par Louis Joxe lorsque les massacres du 17 octobre ont eu lieu. Informé De Gaulle ordonna que « les coupables soient punis ». Sans suite. On peut laisser les Français se suffire de cette arnaque mémorielle qui consiste à désigner Maurice Papon comme seul coupable et épargner Debré. Par contre, nos historiens doivent la vérité, rien que la vérité aux Algériens. Le 8 mai 1945 et le 17 octobre 1961 sont des crimes d’État et des crimes de guerre. Pas de faits divers commis par des sous-fifres. Ces crimes font partie du génocide dénoncé par le président Tebboune !
Zouhir Mebarki