L’exploitation de la musique comme facteur de relance touristique et de développement économique durable auront été au cœur des conférences et débats du 10e Festival national de musique diwan qui a pris fin mardi soir.
Inaugurée vendredi à Béchar, cette édition aura été marquée par un volet académique qui a rassemblé six conférenciers, entre universitaires, journalistes et praticiens du diwan qui ont débattu de ces deux principaux thèmes avec les participants de cette manifestation. Ouvrant ce cycle de conférences, le sociologue Lahcen Torki a exposé le potentiel touristique et les retombées financières d’un tourisme musical sur l’économie nationale, une relance qui fera entrer le diwan dans une ère d’industrie culturelle productive, a-t-il soutenu.
L’universitaire doctorante en socio-anthropologie de la musique, Kamélia Berkani a, quant à elle, préconisé d’initier un travail de « développement social » avant d’intégrer cette musique dans un processus de développement économique. Ce travail devra passer, selon elle, par l’implication effective de la population locale qui accueille ce festival, par l’identification des détenteurs de ce legs et par l’élaboration d’une offre musicale répondant aux attentes d’un large public. Ces efforts devront également, selon la chercheuse, être soutenus par des campagnes médiatiques et des activités culturelles parallèles régulières, en plus d’un travail de terrain tout au long de l’année.
Réorganiser le festival, réfléchir au classement du diwan
Dans ce sens, les participants à cette édition ont émis des propositions dont celle de déplacer le festival dans une zone plus touristique, comme Taghit (100 km de Béchar), et pendant la période des vacances, ou celle d’impliquer les participants, chacun dans sa région, dans une campagne de promotion et dans la recherche de financements. Présentant le parcours de l’association « Sauver l’Imzad » qu’elle préside, l’universitaire Farida Sellal a, de son côté, mis en exergue le rôle crucial de la société civile dans la préservation et la sauvegarde du patrimoine immatériel.
Elle a proposé aux adeptes du diwan de commencer à travailler pour la création de « Dar Diwan » réunissant les associations culturelles dédiées à ce genre. Exposant les différents projets portés par l’association « Sauver l’Imzad » et qui ont conduit au classement de cet instrument au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2013, dont la construction de « Dar l’Imzad »ou l’organisation du 1er colloque international d’Imzad en 2005, l’universitaire avait proposé plusieurs pistes de réflexion à la société civile pour sauvegarder le diwan et trouver des financements et un encadrement scientifique.
Plusieurs pistes pour le classement du diwan au patrimoine culturel national avaient été, par ailleurs, explorées avec les organisateurs et les participants comme l’établissement d’un « diagnostic » de la situation du diwan afin d’en recenser les détenteurs et la mise en place d’un projet de formation et de transmission autour duquel les associations devront se réunir en une seule organisation. Cette future organisation devra par la suite initier des événements artistiques et scientifiques autour du diwan, chercher des financements et des sponsors et surtout collaborer avec les équipes de chercheurs spécialisés.
Le 10e Festival national de musique diwan prendra après une dernière soirée au stade du 18 Février et la cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours.