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Zuma n’est pas Pretoria   

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Que vaut réellement le soutien à la « marocanité » du Sahara occidental signé par le chef d’un parti sud-africain de bas du tableau, Jacob Zuma – déjà voué aux gémonies du Congrès national africain (ANC) qui l’a désavoué publiquement– par rapport au poids de l’héritage anti-colonial et anti-apartheid du pays de Nelson Mandela ? La caution de l’ancien président sud-africain au plan marocain est-elle en mesure, comme le claironnent les relais du Makhzen, de faire changer à Pretoria sa position historique et de principe en faveur des peuples opprimés ? Il faut d’abord souligner que Zuma a, par sa posture affichée à Rabat, commis un triple impair. Le premier est politique, notamment pour s’être aligné sur une position à rebours de la politique étrangère de son pays. Le deuxième est moral pour un personnage, dont le passé judiciaire est par ailleurs peu glorieux, qui a trahi le serment de Nelson Mandela quant à la poursuite de la lutte jusqu’à la libération des peuples africains sous le joug colonial. Enfin, il y a eu en le soutien de Zuma une violation du droit international qui confère au peuple sahraoui son droit à l’indépendance. Symboliquement, Zuma a insulté la mémoire de « Madiba » et a craché sur le drapeau sud-africain. Mais dans cette démarche, il faut reconnaitre au Makhzen le génie d’avoir réussi à faire adhérer à son plan tous les personnages controversés de la planète. Et qu’est que Zuma a gagné dans l’affaire ? Hormis les faveurs du Makhzen pour accéder aux privilèges du roi, il a réussi à se mettre à dos tous les pays, peuples et gouvernements, qui œuvrent pour l’indépendance des Sahraouis. Son ancien parti l’a déjà désavoué. Deuxième gifle assénée par le parti dirigé actuellement par Cyril Ramaphosa, l’organisation du Sommet des mouvements de libération les 26, 27 et 28 juillet courant à Johannesburg. Réunir les organisations mondiales qui poussent pour la libération des peuples opprimés et colonisés est un message très fort à l’égard, non pas d’un personnage insignifiant, mais de toutes les forces d’occupation qui se bercent d’illusions. Qui plus est, l’ANC a convié le Front Polisario, ce mouvement qui lutte pour l’indépendance. Représenté par le ministre des Affaires étrangères et des Affaires africaines, Mohamed Yeslem Beissat, le Front Polisario a eu l’honneur de coprésider la première cellule du sommet, aux côtés de représentants de la Palestine, de l’Algérie, de Cuba et du Nicaragua. C’est dire l’insignifiance de la « marocanité » qui ne fait pas le poids devant la force du courant libérateur dans le monde.

Farid Guellil

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