La «Mlahfa», le voile traditionnel de la femme bousaâdie, semble résister au temps et aux nouvelles mœurs vestimentaires du 21éme siècle, mais reste confinée à la cité de Sidi Thameur, fondateur vers le 16e siècle de la ville, déplorent les plus attachés à ce pan du patrimoine culturel. Contrairement au «Haïk» algérois, le voile de Bousaâda n’a pas déserté le paysage de cette cité pittoresque, aux portes du désert: il n’est pas rare en fait de croiser aux détours de ses venelles, des femmes étroitement emmitouflées dans cet accoutrement, qui renvoie essentiellement à la pudeur de la femme. Une pudeur symbolisée par le rituel même, de porter ce voile, souvent en étoffe de grande qualité: le corps de la femme en est entièrement drapé, caché, à l’exception d’une ouverture au niveau des yeux, pour la visibilité. Plus fréquemment porté par des femmes d’un âge plutôt avancé, la Mlahfa de Bousaâda semble résister au temps face à l’invasion des tenues venues d’Orient (Hidjab, Niqab et Djilbab). Aussi, est-il plus fréquent à Bousaâda de croiser des femmes portant ces tenues, plutôt que celles drapées dans la Mlahfa, l’habit local, même si les plus jeunes s’attachent à conférer à leur Hidjab une connotation plus moderne en troquant la longue tunique avec des combinaisons plus décontractées, y compris des jean’s. Si le Hidjab est majoritairement adopté par les bousaâdies, il n’en demeure pas moins que la Mlahfa locale a encore de «beaux jours devant elle», se réjouissent de nombreux natifs de Bousaâda. En dépit de la baisse de ses adeptes, le voile traditionnel de la cité du «Bonheur», l’ancienne appellation de la ville au temps de Sidi Thameur, continue d’avoir une valeur sociale importante pour ses habitants. En dépit d’une urbanisation anarchique dés les années 1980, avec son lot de nouvelles valeurs sociales, Bousaâda, avec son K’sar (la vieille cité) et ses vieux quartiers en toub, reste attrayante. Ici, le temps semble figé au détour du quartier d’El Mouamine, dans le vieux K’sar, ou vieux palais avec des jardins intérieurs et maisons cossues rénovées avec des vasques d’eau pour les ablutions, renvoient à la belle époque de cette cité entourée de palmeraies, dernière concentration urbaine avant le désert pour les caravaniers. Ceux qui faisaient, à l’époque, la route du sel. La notoriété de cette cité, à quelque 250 km au Sud-Est d’Alger, lui est surtout venue à la fin du 19e siècle du coup de cœur du peintre français Alphonse-Etienne Dinet (1861-1929), devenu Nasreddine Dinet après sa conversion à l’Islam.