Il est indéniablement admis que les agriculteurs de toutes les régions du pays font de leur mieux et participent à l’effort de production pour atteindre l’objectif assigné; à savoir la sécurité alimentaire pour le pays. Sauf que leurs inquiétudes restent souvent mal transmises aux décideurs , car leur organisation, l’Union nationale des paysans algériens(UNPA) qui fut créée voila plus de 40 ans (1974), n »arrive plus à s’imposer en partenaire incontournable pour les pouvoirs publics, et aussi dans beaucoup de wilayas, ce syndicat n’est devenu que l’ombre de lui -même. Cela dit et même si aujourd’hui, les pouvoirs publics veulent donner au secteur agricole sa véritable dimension pour au moins garantir l’autosuffisance alimentaire pour la population et préparer d’ores et déjà l’après-pétrole, force est d’admettre que l’UNPA, tâtonne toujours en matière de stratégie, car la question qui mérite d’être posée est la suivante : l’UNPA, a- t- elle aujourd’hui les capacités de rassembler du moins mobiliser toute cette masse d’agriculteurs autour d’un objectif, d’une stratégie ou d’un programme autour desquels les agriculteurs se reconnaîtrons ? Difficile d’y répondre, quand on sait que l’UNPA, depuis la dissolution des ex-DAS et la restitution des terres nationalisées à l’époque de la révolution agraire a subi les contrecoups d’une nouvelle politique agricole menée au pas de charge qui a vu d’abord l’émiettement du secteur, puisque environ 80% des exploitations agricoles (EAC, EAI) ont une fourchette qui oscille entre 10 et 20 hectares. Cet état de fait a conduit à une instabilité du secteur puisque aujourd’hui encore le problème du foncier n’est pas encore réglé définitivement. Il faut dire aussi, qu’au lieu d’être à l’écoute des agriculteurs , l’organisation syndicale des paysans , compte tenu des profondes et multiples mutations qu’a connues le secteur a été prise de vitesse, elle qui devrait avant tout défendre les droits et les intérêts des agriculteurs , ce qui est son rôle premier. Seulement, la transition a été douloureuse, d’un système socialiste à un autre libéral, l’UNPA, après ce revirement spectaculaire, il lui était impossible de prétendre suivre en temps réel le cours des évolutions, voire des mutations du secteur agricole par ces temps modernes, tant il est vrai que des corrections dans la pratique doivent s’opérer quasi quotidiennement, tant il est vrai aussi que le fellah des années 70, n’est plus celui des années 2000. Le mode de pensée a changé et le système de production aussi. Alors face à l’attente des agriculteurs qui veulent voir leurs revendications prises en charge par une organisation forte, capable d’avoir une dynamique de proposition en mesure d’influer sur le cours des décisions majeures concernant le monde agricole, l’UNPA, et c’est son devoir, doit être à l’écoute des préoccupations des professionnels de la terre, qui vivent pour la majorité d’entre eux dans un marasme inqualifiable. Les inquiétudes sont nombreuses, de l’équipement en passant par les coûts de production qui sont très élevés, sans oublier l’étranglement financier, l’agriculteur se trouve menacé dans sa propre subsistance et celle de sa famille, car seul, il ne peut répondre aux énormes charges d’investissement et de production . Pour toutes ces raisons l’UNPA doit être un interlocuteur valable et incontournable pour transmettre le message aux décideurs. A posteriori, elle doit s’affirmer pour défendre les intérêts des agriculteurs, c’est son credo du moins sa raison d’être où disparaître, car les chemins du négoce sont toujours étroits et balisés de compromis, mais surtout pas aux dépends des fellahs.
Mâalem Abdelyakine