Une nouvelle opération de la Garde civile espagnole met à nu l’ampleur du trafic de haschisch en provenance du Maroc, accompagné d’un vaste système de blanchiment d’argent. Huit personnes ont été arrêtées à Melilla et Malaga, confirmant la centralité du royaume Marocain dans l’approvisionnement du marché européen.
C’est un nouveau coup dur porté aux narcotrafiquants par les autorités espagnoles. Un réseau criminel transfrontalier, spécialisé dans le trafic de haschisch et le blanchiment d’argent, a été démantelé par la Garde civile lors d’une vaste opération menée simultanément à Melilla et Malaga. Ce réseau, lié directement à la contrebande de drogue en provenance du Maroc, a été complètement démantelé, avec l’arrestation de huit personnes, la saisie de 1 500 kg de haschisch, 350 000 euros en liquide, et le gel d’actifs financiers et matériels dépassant 1,6 million d’euros. Les membres de l’organisation criminelle acheminaient le haschisch par voie maritime depuis les côtes marocaines jusqu’à la péninsule ibérique, où la marchandise était ensuite écoulée dans les principales villes espagnoles. Des surveillances menées à Almeria ont permis aux enquêteurs de localiser une cargaison importante, confirmant une fois de plus le rôle du royaume du Maroc comme principal point d’origine du trafic.
Des fonds blanchis dans le commerce
Le réseau ne se contentait pas d’importer la drogue : il s’était également doté d’un système sophistiqué de blanchiment. À Melilla, plusieurs femmes dirigeaient la branche financière de l’organisation, dissimulant les revenus issus du trafic via un restaurant servant de façade. Les sommes transitant sur divers comptes bancaires servaient à acheter biens immobiliers et véhicules, masquant ainsi l’origine illicite des fonds. L’enquête a révélé un usage stratégique des circuits financiers classiques pour rendre légal l’argent de la drogue. Douze propriétés, treize véhicules et plus de 250.000 euros déposés sur des comptes ont été gelés, preuve que les autorités ont réussi à remonter l’ensemble de la chaîne criminelle.
Le Maroc, acteur passif ou complice ?
Derrière ce réseau, un constat : le Maroc continue de jouer un rôle prépondérant dans la production et l’exportation de haschisch vers l’Europe. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) le classe comme premier producteur mondial de résine de cannabis, avec une production estimée à plus de 700 tonnes par an. Malgré les déclarations officielles et les tentatives de légalisation partielle de l’usage du cannabis, peu de résultats concrets sont visibles en matière de lutte contre les grandes filières de trafic. Nombre d’observateurs pointent un laxisme préoccupant de la part des autorités marocaines, accusées de fermer les yeux sur une économie parallèle dont les ramifications nourrissent une corruption locale et alimentent les caisses de certains groupes bien implantés. La répétition des saisies et démantèlements côté espagnol ne semble pas freiner l’activité du côté marocain, qui reste le maillon faible dans la chaîne de coopération internationale contre la drogue. Jusqu’à quand l’Espagne devra-t-elle faire seule le ménage dans une affaire où le Maroc reste à la fois source, transit et silence ?
Mohamed Amine Toumiat