La rencontre pourrait avoir lieu le 15 janvier à Astana, au Kazakhstan, pour tenter de trouver une issue au conflit qui a fait plus de 4 700 morts depuis avril. Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé lundi une rencontre avec Vladimir Poutine en janvier au Kazakhstan, sous le patronage des dirigeants allemand et français, pour relancer un processus de paix moribond dans l’Est séparatiste pro-russe de l’Ukraine. Alors que les pourparlers avec les rebelles qui ont repris la semaine dernière à Minsk sont dans l’impasse et que trois soldats ukrainiens ont péri lundi dans des combats à l’aéroport de Donetsk, Petro Porochenko a également déclaré que le président américain Barack Obama pourrait se joindre aux discussions afin de tenter de mettre un terme à un conflit qui a fait 4 700 morts depuis avril. «Mon année diplomatique commence le 15 janvier avec une rencontre à Astana dans le format dit de Normandie», qui réunit MM. Porochenko et Poutine, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, a déclaré Petro Porochenko au cours d’une conférence de presse. «Les ministres des Affaires étrangères des pays du format de Normandie ont été chargés d’élaborer l’ordre du jour et les projets de décisions pour ce sommet», a-t-il poursuivi. L’agence russe Tass a pour sa part cité une source diplomatique qui a confirmé qu’une telle rencontre aurait bien lieu, mais que la date du 15 janvier n’était qu’une des dates envisagées.
Conflit «artificiel»
La première rencontre entre les quatre dirigeants avait eu lieu en marge des cérémonies pour le 70e anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Une seconde rencontre avait eu lieu lors d’un sommet à Milan en octobre. Les quatre dirigeants se parlent également régulièrement au téléphone pour tenter de trouver une solution au conflit. À l’issue d’un de ces entretiens, il a été décidé d’organiser deux rencontres à Minsk les 24 et le 26 décembre entre Kiev et les rebelles avec la participation de la Russie et de l’OSCE. Et après des négociations «difficiles» le 24 décembre, les protagonistes étaient tombés d’accord sur un échange massif de prisonniers qui a eu lieu pendant le week-end, mais les pourparlers sont depuis au point mort. Petro Porochenko a également souligné que le format de Normandie n’était «pas le seul possible». «Nous prévoyons également le retour au format de Genève avec la participation du président américain Barack Obama, avec qui j’en ai discuté, et de la nouvelle direction de l’Union européenne», a-t-il poursuivi, en référence à ces discussions engagées en Suisse entre Russes, Européens, Américains et Ukrainiens. Le chef de l’État ukrainien a une nouvelle fois taclé la Russie, estimant que le conflit était «artificiel» et «introduit de l’extérieur par des agresseurs et des occupants qui doivent s’en aller». Selon lui, deux choses permettraient de résoudre ce conflit : «la fermeture des frontières» et «le retrait des troupes étrangères». Accusé par Kiev et par les Occidentaux d’armer les rebelles et d’avoir déployé des troupes dans l’est du pays, Moscou dément toute implication.
«C’est un niveau sans précédent»
Interpellé par des journalistes sur la capacité de l’armée ukrainienne à reconquérir l’est du pays, Petro Porochenko a reconnu que Kiev ne «disposait pas de suffisamment de force pour une offensive». Le Parlement ukrainien avait approuvé à l’aube un budget qui quintuple les crédits défense et sécurité à presque 5 % du PIB tout en réduisant les allocations sociales. «C’est un niveau sans précédent», s’est félicité le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Pour financer l’effort de guerre tout en respectant les conditions posées par le Fonds monétaire international, les autorités ont introduit une série de mesures qui frappent le porte-monnaie des Ukrainiens déjà appauvris par la grave crise économique. Une des clauses les plus impopulaires concerne l’introduction d’un impôt supplémentaire de 5 % à 10 % sur la quasi-totalité des importations. Les autorités vont également introduire un impôt de 15 % sur les retraites «élevées», c’est-à-dire supérieures à 3 600 hryvnias (moins de 200 euros) et annuler des avantages sociaux pour les médecins et instituteurs. «Ce sera une année de rigueur draconienne», a commenté Oleg Bereziouk, député du parti pro-occidental Samopomitch.