Plus de 6 000 personnes ont été tuées en Ukraine depuis le début des violences en avril 2014, a annoncé lundi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, dénonçant des destructions de vies humaines civiles et des infrastructures. ,Plus de 6 000 vies ont été perdues en moins d’un an en raison des combats dans l’est de l’Ukraine, a souligné Zeid Raad Al Hussein dans une déclaration publiée à Genève. Un rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur les droits de l’Homme en Ukraine relève des destructions (…) concernant les civils et les infrastructures, note M. Zeid. Les femmes, les enfants, les vieux et les groupes vulnérables sont particulièrement affectés, ajoute-t-il. Il est impératif que toutes les parties respectent les décisions des accords de Minsk et cessent les bombardements sans discrimination et les autres hostilités qui ont créé une situation catastrophique pour les civils – en violation flagrante des lois internationales humanitaires et des droits de l’Homme.
Le rapport dénonce les détentions arbitraires, les tortures et les disparitions forcées commises essentiellement par les groupes armés mais aussi dans certains cas par les forces ukrainiennes. Il souligne aussi la situation particulièrement difficile pour le million de déplacés internes enregistrés en Ukraine en raison de ce conflit.
Entre la mi-avril 2014 et le 28 février 2015, 5 809 morts et 14 740 blessés ont été dénombrés dans l’est de l’Ukraine. Sur ce total, 1 012 personnes ont été tuées et 3 793 blessées entre le 1er décembre 2015 et le 15 février 2015. Étant donné que des rapports complets sur le nombre de victimes, en particulier près de l’aéroport de Donetsk et dans la zone de Debaltseve, sont encore attendus, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme estime que le nombre total de personnes tuées dans l’est de l’Ukraine au 2 mars 2015 a, de manière quasi certaine, dépassé les 6 000 morts. La situation d’environ 4.000 personnes demeurant dans des institutions de santé dans les zones contrôlées par les groupes armés est particulièrement précaire. Ils manquent de médicaments et de nourriture, a déclaré aux journalistes le président de la Commission d’enquête de l’ONU, Ivan Simonovic. Les groupes armés ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils n’autorisaient pas leur évacuation, a-t-il rappelé. Simonovic a également mis en garde sur le fait que les échanges de prisonniers prévus par le cessez-le-feu du 15 février avaient encouragé les arrestations arbitraires pour avoir plus de prisonniers à échanger.
Un retrait des armes lourdes attendu
Les rebelles prorusses, comme les forces de Kiev, assurent procéder au retrait de toutes leurs armes lourdes aux abords de la ligne de front en Ukraine. Mais ce retrait très attendu par une population éreintée par des mois de conflit, est difficile à contrôler sur le terrain. «Il faut retirer ces armes, des deux cotés. J’ai vécu sous les bombardements pendant sept mois alors je peux vous dire que c’est très important», lance Tamara Slivinskaïa, 61 ans. Elle fait la queue pour récupérer un carton d’aide alimentaire sur la place Lénine, à Debaltseve, une ville dévastée par des semaines de combats et désormais aux mains des séparatistes. «On dit que les rebelles les retirent et que les Ukrainiens ne font rien», poursuit-elle. «Tant que je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, je ne sais pas si c’est vrai», affirme Tamara, résumant les doutes autour de ce retrait. Les accords de paix de Minsk signés en février prévoient le retrait de «toutes les armes lourdes par les deux parties» afin d’établir une zone tampon d’une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres, en fonction du type d’armes.
Le processus a démarré avec du retard mais depuis plusieurs jours, les deux parties assurent qu’il est en cours, le cessez-le-feu étant relativement respecté. Les forces ukrainiennes «ont terminé la première étape du retrait des armes lourdes de la ligne de front. Il s’agit des canons de 100 millimètres. La deuxième étape pourra commencer dès qu’on en aura reçu l’ordre», avait déclaré samedi un porte-parole militaireukrainien, Anatoli Stelmakh. De son côté, le dirigeant rebelle Alexandre Zakhartchenko, a affirmé jeudi que ses forces avaient déjà «retiré 90%» de leurs armes lourdes.