Pour la seconde fois, Twitter suspend le compte du lanceur d’alerte marocain Chris Coleman24 qui aura tout de même provoqué un tsunami au plus haut sommet du Makhzen à défaut d’émouvoir la presse du Royaume et de réveiller des médias français, placés subitement sous Valium. 5 000 fans, un capharnaüm de documents, mal scannés, jamais dégrossis et encore moins expliqués ou respectant une chronologie ont émaillé les deux mois et demi de la vie de ce compte. Aux lecteurs de se débrouiller et à eux d’authentifier, de sous-peser l’importance des posts à condition d’avoir le souffle long et contourner l’écueil des serveurs fermés et des comptes d’hébergement suspendus. Certains, très sérieux et patients sont parvenus à authentifier beaucoup de documents, à débusquer les perles, à confondre des acteurs surpris dans leur plus simple appareil en apprenant le décès brutal de leurs illusions d’anonymat. Plus sérieusement, Chris Coleman24, aura permis une chose très importante, comme l’a si bien décrit le journaliste espagnol, victime makhzenienne, Igniacio Cembrero, Il aura donc permis de démontrer à quel point la diplomatie marocaine n’arrive à voir le monde qu’à travers la lorgnette du Sahara occidental. Au point d’en oublier les enjeux mondiaux et pactiser avec n’importe quelle organisation, pour arracher un soutien, même du bout des yeux à la cause désormais sacrée. Quel avenir pour Coleman24? Il est toujours sur Facebook, mais pas à l’abri d’une campagne de signalement. Il pourrait aussi s’amuser à jouer au jeu du chat et de la souris sur Twitter en multipliant les ouvertures de comptes. Cette option correspond bien à l’amateurisme du «Snowden» marocain. Ou finalement se décider à confier sa base de données à Wikilleaks, qui se chargera de faire le tri et diffuser correctement et de manière sécurisée et professionnelle ces informations. Le tout sans haine et sans vouloir autre chose que de montrer les nombreuses facettes d’un des pays les plus bipolaires au monde.
M. B.